Zar Amir, coréalisatrice de « Tatami » : « Notre film lutte contre tous les extrémismes, de l’Iran ou d’Israël »

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La vie de Zar Amir donne le tournis. Née voilà quarante-trois ans à Téhéran, elle y devient une actrice renommée, tant au cinéma qu’à la télévision, où elle tient l’un des rôles principaux de la série ultrapopulaire Nargess. En 2006, une « sextape » qui la montre avec son compagnon met brutalement fin à sa carrière iranienne. Deux ans plus tard, le matin de son jugement, elle fuit à Dubaï, avant de rejoindre rapidement la France. Entre deux petits boulots, elle y reprend courageusement une carrière avec des réalisateurs iraniens de la diaspora européenne.

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Une opiniâtreté qui la conduit à obtenir, en 2022, le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour Les Nuits de Mashhad, du réalisateur danois d’origine iranienne Ali Abbasi. La même année, à la suite de la mort de l’étudiante Mahsa Amini, après son arrestation pour « port de vêtement inapproprié », elle prend publiquement fait et cause pour le soulèvement de la jeunesse iranienne. Et la voilà de nouveau sur le devant de la scène, réalisant avec l’Israélien Guy Nattiv le film Tatami, dans lequel elle interprète Maryam, l’entraîneuse d’une judoka iranienne à laquelle on intime l’ordre de se démettre plutôt que de rencontrer une homologue israélienne.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré votre coréalisateur, Guy Nattiv ?

Tout a commencé par une demande de casting. C’était avant mon Prix d’interprétation à Cannes. J’ai envoyé une vidéo. Puis on s’est rencontrés plus tard avec Guy Nattiv à Los Angeles, où j’accompagnais Les Nuits de Mashhad. Entre-temps, j’avais lu le scénario, et j’avais des remarques à faire sur mon personnage qui manquait à mon sens de profondeur sur le plan sociopolitique. Guy étant un garçon ouvert, nous l’avons retravaillé avec sa coscénariste, Elham Erfani. Puis, comme j’avais fait le casting des Nuits de Mashhad, Guy m’a demandé d’en faire autant sur son film. Je me suis tellement impliquée dans ce projet que Guy, qui ne se sentait pas complètement légitime sur le sujet, a fini par me demander de coréaliser avec lui.

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Cette association israélo-iranienne est inédite dans l’histoire du cinéma. N’avez-vous pas craint, eu égard à la situation au Moyen-Orient et à la dégradation des rapports entre vos deux pays, qu’elle ne vous mette en danger ?

Bien sûr. L’armée numérique iranienne nous a déjà pris pour cible. Moi-même, j’ai pris le temps de la réflexion avant d’accepter. Je m’interrogeais sur les intentions de Guy. Sur la signification politique du film. Sur les gens qui pourraient éventuellement être mis en danger. Et puis j’ai pris conscience que ces scrupules étaient exactement les mêmes que ceux du personnage que j’interprète, qui s’est laissé dicter sa conduite et qui le regrette, et j’ai accepté la proposition de Guy. Notre film lutte évidemment contre tous les extrémismes, qu’il s’agisse de celui de l’Iran ou aujourd’hui d’Israël. De toute façon, le sionisme, ou un quelconque lien avec Israël, en Iran, est une accusation qui sert essentiellement à justifier la répression et à trouver un motif pour convaincre de la culpabilité des victimes du régime, qui n’ont évidemment rien à voir avec cela. Donc moi je l’ai fait et comme ça, c’est fait ! J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire.

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