En choisissant d’effectuer en Chine son premier voyage à l’étranger depuis son investiture pour un nouveau mandat de six ans, Vladimir Poutine envoie un message sur ses priorités dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu avec l’Occident. Le président chinois Xi Jinping a reçu son homologue russe lors d’une cérémonie d’accueil en grande pompe à Pékin, devant l’immense Palais du peuple qui donne sur la place Tian’anmen. Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont serré la main, tandis qu’une fanfare jouait les hymnes russe et chinois, selon des images de la télévision d’État CCTV.
Peu avant son arrivée, dans un entretien accordé à l’agence de presse chinoise Xinhua, Vladimir Poutine a salué l’aide apportée par Xi Jinping à l’établissement d’un « partenariat stratégique » avec la Russie fondé sur les intérêts nationaux et une confiance profonde. « C’est le niveau exceptionnel du partenariat stratégique qui existe entre nos pays qui m’a décidé à choisir la Chine pour ma première visite d’État depuis mon investiture en tant que président de la Fédération de Russie », a expliqué Vladimir Poutine. « Nous allons essayer d’établir une coopération plus étroite dans les secteurs de l’industrie et de la haute technologie, de l’espace et de l’énergie nucléaire pacifique, de l’intelligence artificielle, des sources d’énergie renouvelables et d’autres secteurs d’innovation », a-t-il ajouté. En février 2022, peu avant que la Russie lance son opération militaire en Ukraine avait déjà scellé un partenariat « sans limite ».
Des relations propices à la paix
Le conseiller aux Affaires étrangères de la présidence russe, Iouri Ouchakov, a déclaré que ces discussions porteraient sur l’Ukraine, l’Asie, l’énergie et le commerce. Dans la délégation russe, sont présents le nouveau ministre russe de la Défense Andreï Belousov mais aussi son prédécesseur Sergueï Choïgou désormais à la tête du conseil de sécurité nationale ou encore le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et plusieurs des dirigeants d’entreprises les plus puissants de Russie. Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie à de lourdes sanctions occidentales prises pour la punir de son offensive militaire en Ukraine. Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l’invasion de l’Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d’euros) en 2023, selon les douanes chinoises.
Avant de participer à un gala organisé pour célébrer le 75e anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par l’Union soviétique ou de visiter la ville de Harbin dans le nord-est de la Chine pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements., Vladimir Poutine et Xi Jimping ont déjà donné la tonalité de cette rencontre. Lors de ses premières déclarations, le président russe Vladimir Poutine a affirmé à Pékin que la relation entre son pays et la Chine était un facteur de stabilité. « Les relations entre la Russie et la Chine ne sont pas opportunistes et ne sont dirigées contre personne. Notre coopération est un facteur de stabilité sur la scène internationale », a-t-il déclaré aux médias russes. De son côté, Le président chinois Xi Jinping a affirmé que la relation Pékin Moscou est « propice à la paix » a assuré Xi Jinping se disant prêt à renforcer ces liens, selon des propos rapportés par le ministère chinois des Affaires étrangères.
Pas de blanc-seing donné à Moscou
Pour autant, il n’est pas certain que la Chine donne un blanc-seing à Moscou. Même si Xi Jinping, tout juste de retour d’une tournée en France, Serbie et Hongrie, a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. En Russie, depuis le début du conflit en Ukraine, Pékin a récupéré des pans entiers de l’industrie laissés par les Occidentaux comme dans le secteur de l’automobile. De son côté, Pékin bénéficie d’importations d’énergie russe bon marché qui permettent toutefois au Kremlin de bénéficier de ressources financières importantes pour maintenir à flot son économie. .
Toutefois, la Chine n’a pas intérêt à franchir certaines lignes rouges. Sur l’Ukraine, la Chine appelle régulièrement au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie. Et Pékin d’affirmer ne pas fournir directement d’armes à la Russie. Reste que les États-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.
Pékin sait aussi qu’un récent décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Et depuis plusieurs banques chinoises ont interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes.
En outre, Pékin est conscient que le marché occidental reste l’un des piliers pour le développement de son économie et que son intérêt est de jouer sur les deux tableaux.
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