«Une rock star en Argentine» : Michel Rolland, ce Français qui a sauvé le malbec argentin

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Michel Rolland a révolutionné la viticulture en Argentine.
NICOLAS TUCAT / AFP

Dès son premier voyage dans le pays, le célèbre œnologue bordelais avait senti le potentiel du malbec argentin. Plus de trois décennies plus tard, la réputation de ces vins monocépages à l’export lui a donné raison. Les Argentins lui sont aujourd’hui reconnaissants d’avoir participé à placer leur pays sur la carte du monde du vin.

À Buenos Aires

Depuis son domaine viticole de Mendoza, au comptoir de son restaurant, situé dans le quartier huppé de Puerto Madero, à Buenos Aires. Ou même par écrans interposés, depuis la vallée de Napa… Peu importe le lieu où s’engage la conversation, Michel Rolland ne se lasse jamais de raconter ses premiers pas sur le sol «gaucho», en 1988. «À l’époque où j’ai débarqué en Argentine, j’étais encore en âge de tomber amoureux d’une région. Ça a été le cas de suite. J’y ai trouvé des gens charmants et une terre viticole avec énormément de potentiel où tout était à faire», se remémore auprès du Figaro Vin l’œnologue volant («flying winemaker», en anglais), qui fut introduit dans le pays par la famille Etchart, propriétaire d’un domaine dans la vallée de Calchaquí, à Cafayate, dans le Nord-Ouest.

Dans la foulée de cette mission de consulting, Michel Rolland, accompagné par son ami et confrère Jean-Michel Arcaute, part à la recherche du terrain idéal. Les deux compères trouvent leur bonheur quelque 1200 kilomètres au sud, toujours au pied de la cordillère des Andes. Plus précisément dans la vallée de Uco, à Mendoza, le berceau du vin national. Un quart de siècle et des millions de litres se sont écoulés depuis la première récolte du Clos de los 7, le produit phare de Michel Rolland en Argentine, qui produit un million de bouteilles par an.

«Pour les Argentins, Michel Rolland est une rock star»

Gustavo Paolucci, actuel directeur des ventes, a assisté au début de cette aventure. «Le Clos de los 7 a dépassé les attentes de Michel, explique-t-il. Lui pensait que les vins seraient bons pendant huit à dix ans et l’expérience nous a montré qu’ils sont très bons durant plus longtemps encore». Interrogé au sujet de la réputation du big boss, Paolucci raconte : «À Buenos Aires comme à Mendoza, si l’on organise un événement avec Michel, une centaine de personnes seront là pour lui demander son autographe !» Le manager général de la marque, Ramiro Barrios, n’en dit pas moins : «Ici, sa réputation dépasse le cadre des amateurs de vin. Les gens connaissent son histoire et savent la croisade qu’il a menée en faveur du malbec , aujourd’hui connu partout dans le monde. Pour les Argentins, Michel Rolland est une rock star.»

Le principal intéressé préfère en sourire et se recentrer sur le vif du sujet. Lors de ses premiers voyages, raconte-t-il, il s’arrache les cheveux en voyant les viticulteurs arracher leurs pieds de malbec. «À cette époque, j’avais dégusté des malbecs, mais aussi des bonardas, des cabernets sauvignons … se souvient-il. Le malbec avait clairement un potentiel supérieur aux autres. Mais les Argentins l’arrachaient car c’était des vignobles anciens et moins productifs. Dans les années 1980 et 1990, les cépages qui ne produisaient pas entre 12 000 et 20 000 kilos de raisins par hectare étaient considérés comme non rentables. Je leur ai dit  »Par pitié gardez vos malbecs ! » C’était la carte que l’Argentine avait à jouer.» De 50 000 hectares en 1970, le malbec argentin était passé à 9000 dans les années 1990. Aujourd’hui, ce raisin originaire de Cahors occupe 41,5 % de la superficie des cépages rouges du pays, avec 47 000 hectares.

Le malbec argentin, prêt plus jeune que celui de Cahors, revêt une robe violacée reconnaissable entre mille. La hauteur des vignobles andins, comme le Clos de los Siete (situé à plus de 1000 mètres d’altitude), adoucit ses tannins, tout en préservant les caractéristiques d’origine. Fier d’avoir fait de ce cépage l’antonomase du vin argentin, Michel Rolland, 76 ans, continue d’assister des projets viticoles dans plus de vingt pays au monde. L’Argentine reste l’une des destinations favorites de cet homme de la terre – toujours un pied en l’air. Il s’y rend quatre fois par an, contre «seulement» trois voyages aux États-Unis. L’insatiable œnologue a aussi planté d’autres cépages : du cabernet sauvignon, du pinot ou encore du merlot, originaire tout comme lui de Pomerol. «Il y en a de très bons, mais le cépage emblématique reste le malbec. Si je teste d’autres cépages, c’est surtout pour m’amuser car aujourd’hui, mon métier, c’est de rigoler !»

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