« Une chambre à elle », sur France 3 : la lutte quotidienne de la jeune Racha contre le mal-logement des enfants

FRANCE 3 – MERCREDI 24 JUILLET À 23 H 50 – DOCUMENTAIRE

Quand Racha, 15 ans, rentre à la maison, elle ne se sent pas chez elle. Depuis trois ans, elle est logée par le 115, avec sa mère et son frère, dans une chambre d’hôtel Formule 1, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Aujourd’hui, 42 000 enfants sont en situation d’hébergement d’urgence en France, dont 30 000 en hôtel, selon le rapport « Grandir sans chez-soi » de l’Unicef. Des conditions qui ne respectent pas les droits fondamentaux, et qui jouent sur la santé mentale des plus jeunes.

Dans ce documentaire poignant de Lisa Monin, on découvre Racha à l’Assemblée nationale, lors d’une conférence sur le mal-logement des enfants. Elle y décrit sa vie « dans un 9 mètres carrés à trois, dans un hôtel insalubre, où il y a des cafards, des rats, de la moisissure », raconte ces « hommes alcoolisés et drogués toute la journée », qu’elle croise.

Si elles sont parties d’Algérie, c’est parce qu’il était compliqué d’y travailler − la mère de Racha a décroché un CDI, en octobre 2022, après avoir obtenu des papiers français − et d’y étudier. « Je me suis toujours battue pour avoir un bon niveau scolaire, car, pour moi, c’est la seule solution pour sortir de cette situation », dit la lycéenne. Seulement voilà, « l’Etat [algérien] ne met pas assez de moyens pour les élèves, et [elle avait] de très mauvais résultats ». D’où son émotion, en 2023, lorsqu’elle reçoit ses notes au brevet, en France : Racha fond en larmes, elle a eu la mention très bien.

« Il y avait beaucoup de racisme »

L’adolescente fait du bénévolat dès qu’elle en a l’occasion. Elle veut aider, dit-elle, les enfants qui vivent des situations similaires à la sienne. Elle milite aussi. Elle est présidente d’une association contre le mal-logement. Avec sa banderole « Aucun enfant sans toit », elle organise des rassemblements, de petites manifestations.

Depuis qu’elle est arrivée en France, Racha n’a pas seulement des difficultés de logement. Elle se confie à son professeur de sport : « Ma première année scolaire était à Saint-Denis, et on était tous d’une nationalité différente, on avait tous les mêmes difficultés. Mais ce sont les années d’après qui ont été dures, je suis partie dans les Vosges, à Epinal, où il y avait beaucoup de racisme, même auprès des jeunes enfants. On se moquait de ma couleur de peau, de mon accent… »

Bientôt, elle aura sa propre chambre. Sa mère lui a laissé un message sur son téléphone portable : « C’est bon, on a eu l’apparte. Je n’y crois pas. » La jeune fille va enfin pouvoir avoir son intimité, sous un toit sûr et sain. « Les clés ressemblent à celles d’un château », dit-elle, les larmes aux yeux.