Tunisie : le président Saïed limoge le premier ministre Hachani

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Les services du président tunisien, Kaïs Saïed, ont annoncé, mercredi 7 août en soirée, le limogeage du premier ministre, Ahmed Hachani. Aucune explication officielle n’a été fournie sur cette décision. M. Hachani avait remplacé, le 1er août 2023, Najla Bouden, elle aussi remerciée sans justifications officielles par le chef de l’Etat.

M. Hachani avait publié dans la journée deux vidéos faisant le point, notamment, sur des mesures prises face à la pénurie d’eau et la situation difficile des transports publics.

Son successeur, nommé également dans la soirée, est le ministre des affaires sociales, Kamel Madouri. Ce technocrate, ancien président de la Caisse nationale d’assurance maladie, avait pris ses fonctions en mai en remplacement de Malek Zahi, limogé en même temps que le ministre de l’intérieur Kamel Feki, auquel avait succédé Khaled Nouri.

Régime hyperprésidentialiste

Elu démocratiquement en octobre 2019, M. Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs en juillet 2021, limogeant son premier ministre de l’époque et suspendant le Parlement, par la suite dissous. Il est accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs.

Après avoir révisé en 2022 la Constitution pour instaurer un régime hyperprésidentialiste et fait élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités, M. Saïed a annoncé récemment briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle qui aura lieu en Tunisie le 6 octobre. Plusieurs de ses rivaux potentiels ont affirmé avoir été empêchés de déposer leur propre dossier auprès de l’autorité électorale, à cause de problèmes administratifs et juridiques.

L’homme des médias Nizar Chaari, dont des collaborateurs ont été arrêtés la semaine passée pour des soupçons d’achat de parrainages, et l’amiral à la retraite Kamel Akrout, ont renoncé cette semaine à se présenter, faute d’avoir pu obtenir leur extrait de casier judiciaire. Le rappeur milliardaire Karim Gharbi, alias K2Rhym, qui avait annoncé vouloir candidater, fait l’objet d’une enquête ouverte pour des achats de parrainages présumés après l’interpellation de quatre femmes travaillant à sa collecte de signatures, ont fait savoir, mercredi, des sources judiciaires aux médias locaux.

L’une des figures de l’opposition, Abir Moussi, 49 ans, emprisonnée depuis octobre 2023 pour diverses accusations dont celle de complot contre l’Etat, a déposé sa candidature via ses avocats samedi, mais elle a été condamnée, lundi soir, à deux ans de prison en vertu d’un décret sur la diffusion de fausses nouvelles.

Si la peine est confirmée en appel ou si d’autres procédures arrivent à leur terme, la cheffe du Parti destourien libre (PDL), qui se revendique des héritages des autocrates Bourguiba et Ben Ali, sera officiellement exclue de la course, les candidats étant tenus d’avoir un casier vierge.

Complot présumé

Fin juillet, après une visite de quatre jours et des rencontres avec des acteurs de la société civile, la secrétaire générale de l’ONG Amnesty International, Agnès Callamard, s’est dite « alarmée du recul extrême des droits » dans le pays berceau des Printemps arabes. En ce début de campagne, elle a « observé une répression gouvernementale alimentant la peur au lieu des débats animés d’une scène politique pluraliste », dénonçant les « détentions arbitraires » d’opposants, les « restrictions et les poursuites » contre certains candidats et l’emprisonnement de journalistes.

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En présentant sa candidature, M. Saïed a balayé les voix critiques, affirmant que « la loi s’applique à tout le monde de manière égale » et niant toute restriction.

Depuis février 2023, une vingtaine de politiciens de premier plan, des hommes d’affaires et d’anciens ministres affiliés à l’opposition sont détenus dans le cadre d’une vaste enquête sur un complot présumé contre le président Saïed qui les a qualifiés de « terroristes ».

Le Monde avec AFP

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