Trois actrices iraniennes contraintes à l’exil après avoir joué dans « Les Graines de figuier sauvage »

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Avant de jouer dans le dernier film du réalisateur ­iranien Mohammad Rasoulof, Les Graines du figuier sauvage (en salle le 18 septembre), tourné sans autorisation en Iran, elles ne s’étaient jamais rencontrées. Vivant désormais à Berlin, Mahsa Rostami, 32 ans, Niousha Akhshi, 31 ans, et Setareh Maleki, 32 ans, partageaient pourtant déjà un point commun : après la mort en garde à vue de Mahsa (Jina) Amini, en septembre 2022, les trois actrices avaient chacune de leur côté décidé de ne plus accepter de compromis avec le pouvoir. Alors que plus de cinq cents personnes ont été tuées lors des manifestations qui s’en sont suivies, il ne leur était plus possible de continuer à exercer leur métier comme si de rien n’était. Cela leur a valu l’exil.

« Après le soulèvement, j’ai refusé toutes les propositions de film et de théâtre dites “officielles”, celles qui impliquaient de se couvrir les cheveux, raconte Setareh Maleki, jointe à Berlin. Si j’avais accepté de porter le foulard sur scène ou devant la caméra, cela serait revenu à normaliser ce qui, depuis des années, est l’outil de répression des femmes. » Avant de quitter l’Iran, Mahsa Rostami, Niousha Akhshi et Setareh Maleki jouaient, la tête nue, dans des courts-métrages et des pièces de théâtre underground. « Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai senti le vent dans mes cheveux longs, alors que je livrais une performance artistique à ciel ouvert, explique Mahsa Rostami. C’était comme si je m’étais enfin réconciliée avec mon corps. »

A l’automne 2023, les trois Iraniennes reçoivent chacune un appel téléphonique leur proposant de jouer dans un film, sans foulard, mais sans que le nom du réalisateur leur soit communiqué. Séduites par l’histoire, qui se déroule au cœur des manifestations de la fin 2022, elles acceptent. « Lorsque l’équipe du film m’a proposé de lire le scénario devant elle, je ne pouvais pas arrêter mes larmes, se souvient Mahsa Rostami. C’était ce qu’il me fallait pour crier ma colère. » « La veille du tournage, Mohammad Rasoulof est entré dans la pièce où je me trouvais, se souvient Niousha Akhshi. Je me suis alors dit que j’avais pris la bonne décision en acceptant de jouer dans ce film. »

Figure emblématique de la résistance

Ayant à son actif des longs-métrages engagés comme Un homme intègre, prix Un certain regard à Cannes en 2017, et Le diable n’existe pas, Ours d’or à Berlin en 2021, le réalisateur iranien s’est imposé dans le monde du cinéma comme une figure emblématique de la résistance au pouvoir des mollahs.

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