Surf : Jérémy Florès veut «donner aux jeunes la possibilité de devenir les prochains Kauli Vaast»

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De passage sur Paris, le manager de l’équipe de France olympique de surf est revenu sur la réussite des Jeux et la suite, pour lui et pour «son» champion olympique.

Manager d’une équipe de France qui a décroché l’or avec Kauli Vaast et le bronze avec Johanne Defay lors des Jeux olympiques de Paris 2024, Jérémy Florès a vécu un été très intense. Dont il ressent le besoin de se remettre, même s’il lui reste encore à gérer le Quicksilver Festival qu’il a initié et qui se déroulera du 21 au 29 septembre sur les plages de Capbreton-Hossegor-Seignosse. En présence de Vaast, mais aussi d’un certain Kelly Slater. Mais avant ce moment de partage et de convivialité, l’ancien surfeur professionnel, de passage à Paris, s’est confié au Figaro sur ce qu’il a vécu, et sur ce qu’il veut faire à l’avenir pour continuer de faire grandir le surf dans l’Hexagone.

Jérémy, avec un mois de recul, quel bilan faites-vous de ces jeux olympiques 2024 pour le surf français ?
Jérémy Florès : Le bilan est très positif. Si on m’avait dit avant le début que la France allait décrocher lors de ces Jeux deux médailles historiques, étant donné qu’il s’agissait des premières pour la discipline, avec en plus de la médaille de bronze de Johanne Defay le titre de Kauli Vaast, j’aurais signé immédiatement. C’est une fierté, c’est historique pour le surf français. Et au-delà du résultat, l’ambiance a été folle à Tahiti, dans un cadre magique. Tout s’est déroulé à merveille, même si tout n’a pas été facile. L’organisation a été compliquée et intense pour faire en sorte que tout le monde dans l’équipe soit dans les meilleures dispositions. Il a fallu s’adapter constamment aux règles olympiques.

Vous attendiez-vous à de telles retombées alors que la compétition avait lieu loin de Paris, avec un décalage horaire important ?
Pour être honnête, on s’y attendait un peu. Sur le plan international, on savait que les grandes nations du surf telles que les États-Unis, le Brésil ou l’Australie répondraient présentes. En France, le surf est clairement un sport secondaire. C’est beaucoup moins mis en valeur que le foot, le rugby… Du coup, on s’était dit, dès les premières réunions avec le Comité d’organisation et la Fédération française de surf, que ce décalage horaire pourrait jouer en notre faveur avec des compétitions le soir, assez tard, ou très tôt le matin, avec rien en face en fait. Il n’y avait plus que le surf à regarder. Cela a permis de faire découvrir notre sport à des non-initiés, avec des images incroyables.

Les conditions ont-elles été telles que vous l’espériez au niveau des vagues ?
Oui, car on a eu toutes les conditions. Cela a rendu la compétition très intéressante. On a eu des petites vagues, on a eu une journée géante avec des vagues absolument magnifiques. Je pense que nous sommes l’équipe qui a su s’adapter le mieux à ces conditions changeantes, ce qui était le but de toute notre préparation. Depuis deux ans, on voulait absolument que nos athlètes soient prêts à s’adapter à tout, car c’est l’essence même du surf.


Je n’ai pas réfléchi une seule fois à ce que j’aurais pu faire, moi, lors de ces Jeux. Pas du tout.

Jérémy Flores

Sur un plan personnel, cela vous a-t-il titillé un peu d’être sur la planche plutôt que dans ce rôle de chef d’équipe ?
Oui et non. En fait, je n’ai même pas eu le temps de me poser la question durant les Jeux. J’étais totalement à fond dedans. La question, je me la suis posée il y a trois ans. À ce moment-là, cela me titillait vraiment et je me disais que je pouvais essayer de pousser un peu pour avoir le bonheur de vivre des Jeux à Tahiti. Teahupoo m’a tellement donné durant ma carrière que cela m’a travaillé. Mais il a fallu que je me rende à l’évidence en acceptant que le sport de haut niveau n’était plus pour moi. Quand on voit les jeunes comme Kauli, ils sont tellement mieux préparés que je ne l’étais à tous les niveaux. Donc quand j’ai intégré le staff de l’équipe de France, j’ai pris ce rôle à fond et je n’ai pas réfléchi une seule fois à ce que j’aurais pu faire, moi, lors de ces Jeux. Pas du tout.

Sur cette rentrée scolaire, il y a un boom du nombre de licenciés sur des sports comme le tennis de table, la natation, le volley… Est-ce transposable au surf, qui est une discipline à part qui fait rêver les adolescents autant qu’elle leur fait peur ?
Déjà, il faut distinguer la métropole des départements d’Outre-Mer. Là-bas, c’est plus facile et accessible de surfer toute l’année. Après, c’est vrai qu’en métropole, c’est plus compliqué. C’est pour cela que je me suis lancé dans un projet qui me tient à cœur. Je l’ai mis en place fin 2023 en partenariat avec la Fédération française et tahitienne de surf pour justement apporter une structure carrée aux jeunes et, quelque part, rassurer les parents. Pour cela, avoir un champion olympique comme Kauli va beaucoup aider. C’est vrai qu’il fait rêver les jeunes mais dès qu’il faut se mettre à l’eau, c’est autre chose. Pourtant, en France, sur toute la côte ouest, il y a d’excellents spots de surf, que ce soit de Biarritz jusqu’en Bretagne en passant par Lacanau ou Hossegor. Il y a beaucoup d’écoles de surf très bien et je pense qu’il va y avoir plus de licenciés aussi. Il va falloir s’adapter à cet afflux et améliorer nos structures d’accueil.

Avez-vous conscience que dans l’inconscient collectif, la mer fait peur à beaucoup ?
Oui. On ne triche pas avec la mer, on ne rigole pas avec l’océan. Il y a tout un tas de règles à suivre. Il faut comprendre les courants, les marées. Il faut respecter tout ce qui touche à la sécurité, au port du casque. Il faut un bon encadrement pour faire en sorte que tout soit le plus sécurisé possible. Mais je pense qu’en France, nous sommes plutôt bons là-dessus.

Pour vous, quelle va être la suite désormais ?
Il y a ce projet dont je vous parlais pour donner les moyens aux gamins qui n’en ont pas de se lancer quand même. Viser le circuit professionnel en surf est très coûteux. Donc je veux qu’après ces Jeux, il y ait une forme d’héritage pour le surf français et les années futures. Dans quatre ans, il y a les Jeux à Los Angeles, puis en 2032 à Brisbane. On ne veut pas d’un one shot. L’idée est d’avoir deux bases, une à Tahiti et l’autre sur la côte ouest. Financièrement, matériellement, il faut donner aux jeunes la possibilité de devenir les prochains Kauli Vaast. Il y a une génération de surdoués, qui a entre 12 et 15 ans, qui arrive et il faut qu’elle puisse éclore dans les meilleures conditions. C’est l’essence de mon projet, de cette structure que je veux mettre en place. La France a été la nation numéro 1 lors de Paris 2024 et il faut essayer de le rester. Il y a quelques années, c’était inimaginable et cela prouve qu’il se passe quelque chose de fort en France dans la discipline. À nous de surfer sur cette dynamique pour travailler sur un système d’élite efficace.


Je sais qu’il est bien entouré avec sa famille et ses proches, qui font en sorte qu’il ait la tête sur les épaules. Et je serai là aussi pour lui rappeler avec des bons coups de pied au cul si besoin.

Jérémy Flores

Allez-vous garder un lien fort avec Kauli Vaast et Vahiné Fierro après ces Jeux ?
On verra… C’est vrai que je ne m’attendais pas à ce que ces deux dernières années s’avèrent si intenses. J’ai vraiment mis ma famille de côté, pour me concentrer à mon autre famille, l’équipe de France. Si je l’ai fait, c’était par pure passion et avec la conviction que je pouvais leur apporter un peu de mon expérience. Mais je n’ai pas réfléchi au futur. Je sais que le président de la Fédération est très motivé pour que l’on continue à travailler ensemble mais je veux me laisser le temps de digérer tout cela pour voir si je veux continuer dans cette voie. Quand je fais quelque chose, je veux le faire à fond et je me mets beaucoup de pression sur les épaules. Là, cela a bien marché pour Paris 2024 mais cela ne préfigure rien pour la suite. Il faut que je me repose.

Êtes-vous serein quant à l’avenir de Kauli Vaast ? Il n’y a pas de risque que ce titre lui tourne la tête…
Nous en avons beaucoup parlé ensemble. Des heures même. J’avais des choses lui dire sur l’après-JO qui peut être radical. Il est tellement passé à un autre niveau. Mais mon conseil, c’est qu’il doit vite redescendre sur terre et se remettre au travail pour aller chercher son autre grand objectif, qui est d’intégrer l’élite mondiale pour pouvoir être sur le World Tour. C’est son rêve d’enfant. Je sais qu’il est bien entouré avec sa famille et ses proches, qui font en sorte qu’il ait la tête sur les épaules. Et je serai là aussi pour lui rappeler avec des bons coups de pied au cul si besoin. Mais je ne me fais pas de souci pour lui car il est bien éduqué, il a des valeurs et je pense qu’il va très vite repartir au charbon.

Beaucoup d’anciens champions olympiques confient qu’après leur titre, ils ne se donnaient plus le droit à perdre, ce qui est un danger…
Oui, clairement, il y a l’ego, la fierté. Il est passé à un tout autre statut. Là, il est champion olympique et il va être une cible pour tout le monde. Une cible sur le plan sportif, mais aussi pour certains médias, pour des jaloux… Il est encore jeune à 22 ans et cela peut être lourd à gérer. Mais encore une fois, je pense que le meilleur moyen d’y parvenir et d’avancer est de se remettre au travail et de se faire mal, dans le bon sens du terme. S’il fait une compétition et que cela ne se passe pas comme prévu, cela va peut-être lui faire du bien aussi. Ou peut-être qu’il va continuer sur cette lancée et qu’il va encore plus cartonner. Mais il est bien dans sa tête et je suis confiant pour lui.  



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