Septembre sans attendre, La Nuit se traîne, La Prisonnière de Bordeaux… Les films à voir cette semaine

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Une rupture heureuse, un polar nocturne, deux générations qui s’opposent… La sélection cinéma du Figaro

Septembre sans attendre – À voir

Drame de Jonas Trueba, 1h54.

Comment se dire adieu ? Ale et Alex ont trouvé la solution. Ils vont organiser une fête pour célébrer leur rupture. C’est la meilleure façon de boucler les quatorze ans qu’ils ont passés ensemble. La séparation est tout sauf violente. C’est une rousse à l’air un peu triste qui est réalisatrice et a quelque chose de Maud Wyler (Itsaso Arana). Lui est acteur et ressemble à un mélange d’Adam Sandler et de Guillaume Gallienne (Vito Sanz). Il faut annoncer la nouvelle aux parents et aux amis. Leur numéro est bien rodé. Elle dit : « On va se séparer. » Il ajoute : « Oui, mais on va bien. » Tout le film est grave et léger, nostalgique et ensoleillé. Ils se partagent le contenu de la bibliothèque, retardent le moment de boucler les cartons. Qui va garder les clés ? Rien ne pèse, rien n’est triste dans cette chronique aux accents rohmériens, rythmée par les apéritifs. Le quotidien poursuit sa route. Un copain vient réparer un évier bouché. Dans son tee-shirt froissé, Alex poursuit sans convictions ses exercices de gymnastique et considère avec mélancolie une voiture miniature jaune. Jonas Trueba (Eva en août) file un chemin à lui, avec une décontraction salutaire, une justesse de tous les instants, une façon de dédramatiser la crise de la quarantaine qui provoque sourire et attendrissement. Un brin de couleur locale ne gâche pas le tableau. L’orchestre répète sur une estrade. Le buffet sera bientôt dressé. Les enfants vont courir dans tous les sens. Pourvu qu’il ne pleuve pas ! On ne sait jamais, hein, avec la météo. Mais non, Septembre sans attendre a trop de charme pour risquer un orage. Dans un monde parfait, il serait sorti le 22 septembre. Cela ne tombait pas un mercredi. Il est impératif d’y aller, par tous les temps. E.N

La Nuit se traîne – On peut voir

Polar de Michiel Blanchart, 1h37.

Mady est étudiant le jour et serrurier la nuit. Il roule dans sa voiture en écoutant du Petula Clark. Tout cela n’est pas très crédible. Le plus extravagant est à venir, quand il dépanne une jeune femme coincée sur son palier. Le début des embrouilles et d’une nuit blanche. Un truand menace de le tuer s’il ne retrouve pas un sac rempli d’argent – Romain Duris joue un salaud intégral. Dans les rues, des manifestations contre les bavures policières ne faiblissent pas. Mady est noir et devrait y participer. Il pense surtout à sauver sa peau. À pied ou à vélo, la course-poursuite mise en scène par Michiel Blanchart ne manque pas de rythme. La fin est convenue, trop prévisible, mais ne gâche pas le plaisir pris à la vision de ce polar nocturne saupoudré de Black Live Matters. E.S.

Alienoid L’affrontement – On peut voir

Fantastique, science-fiction, de Choi Dong-hoon, 2h02.

Blockbuster coréen décomplexé au budget conséquent, Alienoid L’Affrontement s’est d’abord présenté en deux parties pour son exploitation française. La première est sortie directement en DVD il y a quelques mois. La seconde -plus chanceuse- a droit à une sortie sur grand écran. Les distributeurs auront ainsi été d’un pragmatisme redoutable. Car le premier volet de ce diptyque mettait en place trop lentement son univers à double temporalité, hybridation étonnante entre science-fiction et fantastique. Ce deuxième opus met donc les bouchées doubles en termes d’action. Cependant, les spectateurs ont droit à un résumé au début du film. La Terre va être envahie par des méchants aliens. D’autres extraterrestres plus amicaux surveillent la Terre en cas d’invasion. Ceux-ci jusqu’à présent se servaient de notre chère planète bleue comme dépôt-prison, en enfermant dans les corps humains les méchants envahisseurs. Mais le piège est sur le point de se refermer. La fille du Gardien galactique s’est réfugiée dans le passé à une époque féodale pour éviter d’être capturée, car elle est la solution à tous nos problèmes. Elle doit désormais retourner dans le présent pour affronter l’Alien Originel afin de sauver l’humanité. Rien que ça ! Entre arts martiaux dans les airs, kung-fu furieux, sauts temporels en voiture façon Retour vers le futur, méchants esprits ancestraux, petits robots volants débrouillards, monstres tentaculaires et gaz meurtriers orange sur Séoul, le film pétaradant de Choi Dong-hoon ne nous épargne rien… Il joue avec tous les poncifs des blockbusters de la pop-culture américaine en créant un gigantesque Rubik’s cube scénaristique, saupoudré d’humour potache. Le rythme de cette deuxième partie est trépidant, les combats souvent amusants, l’univers visuel ainsi créé mêle à la fois les films de kung-fu de Kurosawa à la modernité futuriste des films de SF à la Star Wars. On ressort un peu lessivé de cette décoction visuelle aussi assumée que généreuse. Mais on appréciera le côté réjouissant et spectaculaire de ce divertissement coréen épique. O.D.

Fêlés – On peut voir

Comédie dramatique de Christophe Duthuron, 1h31.

Fêlés est un film indiscutablement sympathique. Ne serait-ce que parce qu’il offre à Pierre Richard (90 printemps et toutes ses dents) un rôle qui le remet dans la lumière. L’intrigue de cette comédie dramatique attachante raconte l’histoire vraie de la Maison Arc-en-ciel, une association située à Marmande fondée par François Tosquelles dans les années 70. Le réalisateur Christophe Duthuron a découvert l’existence de cette demeure associative pour tous les cabossés de la vie alors qu’il envisageait de tourner une comédie de braquage organisé par des bras cassés. Changement de direction : le réalisateur des Vieux fourneaux décide de raconter sous la forme d’une comédie l’histoire de cet authentique lieu qui accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Les adhérents s’y soutiennent mutuellement dans leur conte les difficultés quotidiennes. Tout commence lorsque la mairie du village envisage de vendre le terrain et les murs où résidait tout ce beau monde. Pierre (Pierre Richard) qui s’occupe du lieu se mobilise aux côtés de Bernard Le Coq et Charlotte De Turckheim. Les péripéties et les gaffes s’enchaînent comme à la parade. Les membres de l’association Arc-en-Ciel forment une sorte de colonie de vacances autonome où la folie douce et l’esprit de débrouillardise s’orchestrent en mode simultané. Au milieu de cette joyeuse cacophonie, Pierre joue les inoxydable chefs-d ‘orchestres, doté d’un incorrigible optimisme. Le film rappelle par bien des aspects le «feel-good movie» d’Artus Un P’tit truc en plus, sans pour autant réussir à lui ravir la vedette. Fêlés a toutefois le mérite de mettre un joli coup de projecteur sur ces inadaptés résilients qui ne demandent qu’à vivre ensemble et être heureux. O.D.

La Belle affaire – À éviter

Comédie dramatique de Natja Brunckhorst, 1h56.

On pensait avec gourmandise qu’on avait trouvé un nouveau Good-bye Lenin. Pas vraiment. L’intrigue de La Belle affaire, comédie allemande signée Natja Brunckhorst, en possédait pourtant tous les ingrédients. Située en 1990, en pleine réunification des deux Allemagnes, le film se concentre sur les ouvriers désœuvrés d’un quartier de l’ex-RDA qui se retrouvent au chômage après la fermeture de leur usine. Un oncle roublard et philosophe leur indique bientôt la présence d’une véritable montagne de billets est-allemands, qui ont été entassés pêle-mêle dans les sous-sols d’une base militaire quasi-désaffectée. Avant d’être détruits ou brûlés. Nos héros ont donc trois jours pour convertir en Deutche Mark cette manne inespérée qui à leurs yeux ressemblait jusqu’à présent à des billets de Monopoly. Un système de troc et d’escroquerie légale se met rapidement en place. Sur ce formidable scénario, hélas, la réalisatrice (également scénariste) empile maladroitement une série de sous-intrigues et de quiproquos qui alourdissent considérablement le film. Le fait d’opter pour une comédie estivale et solaire, ne permet pas hélas de sauver l’ensemble du film. Et ce, même si l’on sent que les comédiens se sont bien amusés. Au centre de l’attention, Sandra Hüller (qu’on avait particulièrement aimé dans Toni Erdmann et Anatomie d’une chute) assure gaillardement le spectacle. Mais la trame du film est particulièrement confuse et souvent anecdotique. La Belle affaire n’en est certes pas une pour le spectateur. Quel dommage ! O.D.

La Prisonnière de Bordeaux – À éviter

Drame de Patricia Mazuy, 1h48.

On prend les mêmes et on recommence. Isabelle Huppert et Hafsia Herzi ne se quittent plus. On avait laissé les deux actrices dans Les Gens d’à côté, d’André Téchiné, début juillet. Le film de Patricia Mazuy, présenté, lors du dernier Festival de Cannes, à la Quinzaine des cinéastes, réunit de nouveau les deux actrices. On y trouve la même opposition de génération, de style, de classe sociale. Huppert et Herzi se confondent encore une fois avec leurs personnages, deux femmes dont les maris sont en prison. Huppert campe Alma, une bourgeoise, ancienne danseuse, qui vit seule dans sa grande maison depuis que son fils habite à l’étranger et que son mari chirurgien est en prison après avoir provoqué un accident de la route et commis un délit de fuite. Cela n’empêche pas Alma de lui rendre visite chaque semaine au centre pénitentiaire. Un jour, elle y rencontre Mina (Hafsia Herzi), blanchisseuse de Narbonne, mère de deux enfants et grande gueule. Son mari est tombé pour le braquage d’une bijouterie. Alma prend Mina sous son aile. Elle lui trouve un travail dans la clinique de son mari, l’accueille chez elle avec ses enfants. Comme chez Téchiné, Mazuy montre un rapprochement possible entre deux êtres que tout oppose. Avant de rappeler que cette belle entente ne résiste pas à la réalité sociale, que chacune reprend sa place, ses réflexes de classe. En fait, on ne sait pas très bien ce que Mazuy veut dire au spectateur dans un dernier acte où chaque scène contredit la précédente avec un manque de cohérence gênant. Cette valse-hésitation est moins de l’ambiguïté qu’une faiblesse du scénario, jusqu’ici très tenu dans une veine chabrolienne. Isabelle Huppert gagne à partager l’écran avec Hafsia Herzi. En revanche, elle est seule à présider le jury de la Mostra de Venise qui ouvre ce mercredi. En octobre, elle sera également seule récipiendaire du prix Lumière, à Lyon. La rentrée s’annonce hyper Huppert. E.S



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