Sélection albums : « Ronsard et la musique », Marin Marais, Emily Loizeau, Malik Djoudi, Indochine

• Ronsard et la musique. Cueillez, cueillez votre jeunesse !

Sélection d’œuvres des XVI^e, XIX^e et XX^e siècles composées sur des poèmes de Ronsard. Philippe Vallepin (récitant), ensemble Doulce Mémoire, Denis Raisin Dadre (flûte), Marc Mauillon (ténor/baryton), Anne Le Bozec (piano).

Publié à l’occasion du 500^e anniversaire de la naissance de Pierre de Ronsard (1524-1585), ce double album pourrait s’intituler « Les Très Riches Heures du prince des poètes », tant il recèle de goût, d’originalité et de finesse dans la présentation des œuvres retenues pour évoquer, du XVI^e au XX^e siècle, le rayonnement musical du maître de la Pléiade. Le volet consacré à la Renaissance se divise en quatre parties, qui, systématiquement, réunissent cinq chansons inspirées d’un même texte. Si Roland de Lassus émerge du lot, ses contemporains de moindre notoriété ne manquent pas d’intérêt. Le célèbre Mignonne, allons voir si la rose connaît, par exemple, un traitement savoureusement chorégraphique sous la plume de Guillaume Costeley. Constitué de mélodies pour voix et piano, le second volume déploie un large éventail d’expressions, de la sobre élégance de Charles Gounod à la beauté intemporelle de Maurice Ravel, mais seul Camille Saint-Saëns est sollicité pour illustrer les deux extrêmes, ludique (Grasselette et Maigrelette) et tragique (L’Amant malheureux), de l’univers de Ronsard. Pierre Gervasoni

Ariane et Bacchus

Avec Judith van Wanroij, Marie Perbost, Hélène Carpentier, Véronique Gens, Mathias Vidal, Matthieu Lécroart, David Witczak, Tomislav Lavoie, Philippe Estèphe, Marine Lafdal‑Franc, David Tricou, les chantres du Centre de musique baroque de Versailles, Le Concert spirituel, Hervé Niquet (direction).

En 2008, Hervé Niquet ramenait à la vie lyrique Sémélé, de Marin Marais (1656‑1728), sortant le compositeur de la camisole des pièces pour viole auxquelles on l’avait jusqu’alors cantonné. Il réitère avec cette première discographique d’Ariane et Bacchus, tragédie de 1696 montée au Théâtre des Champs‑Elysées en février 2022 : un prologue et cinq actes pour suivre les péripéties amoureuses (et tragiques) d’Ariane, en butte à une Junon dont la haine contre Bacchus est sans limites. Homme de théâtre averti, le chef d’orchestre insuffle à l’ensemble un sentiment d’urgence, ponctué de quelques passages suspensifs, aidé par un Concert spirituel qui associe à l’important ensemble de ses forces instrumentales un continuo fourni, ainsi que des séquences solistes, développant un accompagnement résolument dramaturgique, que ce soit dans les passages puissants ou plus subtils. Même talent dans le choix des solistes vocaux, de la magnifique Ariane de Judith van Wanroij au touchant Bacchus de Mathias Vidal, en passant par la Junon souveraine de Véronique Gens. A leurs côtés, une Marie Perbost superbe, un David Witczak impressionnant, un Matthieu Lécroart musicien. Sans oublier les impeccables chantres du Centre de musique baroque de Versailles. Marie-Aude Roux

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