Sélection albums : Duo Shum, Elim Chan, Jihye Lee Orchestra, Richard Thompson, Vince Staples

• Duo Shum
  Œuvres pour violoncelle et piano
  Œuvres de Fazil Say, Myroslav Skoryk, Mykola Lysenko, Sergueï Rachmaninov, Béla Bartok, Alfred Schnittke et Arvo Pärt, par Anastasia Rizikov (piano) et Lisa Strauss (violoncelle).

La pianiste Anastasia Rizikov et la violoncelliste Lisa Strauss n’ont pas seulement en commun d’être nées la même année (1998) – la première au Canada et la seconde en France. Toutes deux ont aussi des origines slaves (ukrainienne pour l’une, russe pour l’autre). Le duo qu’elles ont formé le laisse entendre par son nom et surtout par le contenu de son premier CD. C’est toutefois l’œuvre d’un Turc, Four Cities, de Fazil Say, qui permet d’apprécier d’emblée l’impressionnante étendue de leurs qualités. Qu’il évoque le duduk (hautbois oriental), dans le premier mouvement de cette partition très imagée, ou la contrebasse de jazz (pizzicato du finale), le violoncelle de Lisa Strauss excelle dans la mystification. Le piano d’Anastasia Rizikov n’est pas moins enclin aux métamorphoses. Engagé tour à tour dans la virtuosité tétanisante comme dans la retenue fantomatique, le Duo Shum ignore la demi-mesure. C’est aussi le cas d’Alfred Schnittke, dont la Sonate pour violoncelle n° 1 (1978), interprétée à la manière d’un manifeste esthétique, s’achève là où la note devient bruit : shum, en russe comme en ukrainien. Pierre Gervasoni

• Elim Chan
  All These Lighted Things
  Roméo et Juliette (extraits des Suites n° 1 et n° 2), de Prokofiev. All These Lighted Things (Three Little Dances for Orchestra), d’Elizabeth Ogonek. Daphnis et Chloé (Suite n° 2), de Ravel. Avec l’Antwerp Symphony Orchestra, Elim Chan (direction).

Née à Hongkong en 1986, la Chinoise Elim Chan poursuit sur sa lancée une carrière prometteuse que rien ne semble pouvoir arrêter. Première lauréate du concours de direction d’orchestre Donatella Flick en 2014, la talentueuse jeune femme assure, depuis 2019, la direction musicale de l’Antwerp Symphony Orchestra, qu’elle mène ici avec un sens du récit, un art du détail et une intelligence des couleurs remarquables dès le début de la sélection du ballet de Prokofiev, qui s’ouvre sur les accents tragiques de Montaigu et Capulet. Le discours est soutenu, la dynamique assurée, tandis que le drame se noue, qui verra la sauvage Mort de Tybalt, puis la séparation des amants (Roméo à la tombe de Juliette). La Suite n° 2 du ballet ravélien Daphnis et Chloé révèle une maîtrise des timbres subtile et élégante sans que l’arc de la ligne ne se distende. Entre les deux chefs-d’œuvre, la suite de danses All These Lighted Things, commande du Chicago Symphony Orchestra, témoigne du métier d’Elizabeth Ogonek (née en 1989) et de son amour assumé des vents et des percussions. Marie-Aude Roux

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