Frappé à la mi-août par un important dégât des eaux, le chef trentenaire au talent exceptionnel de l’Auberge À la Bonne Idée n’a pas les moyens de payer les travaux.
L’un des cuisiniers les plus talentueux de la jeune génération, Sébastien Tantot, 33 ans, est contraint de jeter l’éponge. Le 29 septembre prochain, il enverra le dernier service de l’auberge À la bonne idée qu’il avait rachetée il y a trois ans et demi à Saint-Jean-aux-Bois (Oise).
Son ouverture, en 2021, avait fait sensation. La cuisine inspirée, parfois quasi-mystique, de ce créateur de saveurs dévoré par son art avait fait accourir en pleine forêt de Compiègne des cohortes de gourmets et plusieurs grands noms des fourneaux, attirés par un bouche-à-oreille persistant.
L’«origami de brochet» créait à l’automne de cette année inaugurale un choc visuel et gustatif, le gâteau de tomates, caviar et sucs de légumes vous laissait baba, de même que la truite fumée, tomate minérale, pollen de fenouil. L’année suivante, le «sandre contisé aux asperges blanches, pétrole» était comme un uppercut de table, avec cette sauce noire d’encre tirée d’une réduction de champignons poussée dans d’ultimes retranchements.
Bref, l’auberge de Saint-Jean-aux-Bois – où fut jadis composée la chanson Mon amant de Saint Jean – faisait figure d’ovni, jouant du contraste entre le classicisme absolu du décor – double nappage, chandeliers, argenterie – et l’avant-gardisme de la cuisine. Les plats de première force se succédaient au fil des saisons.
Le propriétaire voyait grand pour le restaurant, immédiatement distingué par la critique et les guides, et les chambres. Las, les avaries n’ont pas épargné son vaisseau et un monstrueux dégât des eaux, mi-août, a sonné le glas de cette aventure.
Sébastien Tantot songe maintenant à la meilleure façon de rebondir et de réapparaître au plus vite à la tête d’une brigade.
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