Roje Stona, le discobole jamaïcain, s’offre « une soirée en or » au Stade de France

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La règle du jeu était simple au possible. Lancer le plus loin possible une soucoupe appelée disque dans une autre soucoupe appelée Stade de France pour obtenir une soucoupe appelée médaille. Ils étaient douze à s’y essayer, mercredi 7 août, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Douze beaux garçons tutoyant pour la plupart les deux mètres. On les avait déjà repérés la veille au matin lors des qualifications, déambulant avec la démarche assurée de ceux qu’on n’ennuie jamais dans le métro. Il tenait leur disque de deux kilos comme le commun des mortels tient un frisbee.

Le favori s’appelait Mikolas Alekna. A 21 ans, c’était ses premiers jeux, visage d’angelot blond sur un corps d’Hercule. Le Lituanien avait lancé, le 21 avril, un jet à 74,35 mètres, lors d’un concours à Ramona, dans l’Oklahoma. Mine de rien, sur une pelouse pelée, il écrivait l’histoire. Il battait ainsi le record du monde de Jürgen Schult, établi en 1986, un record à la recette est-allemande. Dire l’exploit.

Bon sang ne saurait mentir. Son père, Virgilijus Alekna, mesurait 2,02 mètres et pesait 128 kg. Il était double médaillé d’or aux Jeux (2000, 2004) et avait établi le record olympique à Athènes (68,89 m). Le frère aîné de Mikolas, Martynas, s’habille également en XXXL ; il représentait la Lituanie aux championnats du monde de Budapest, en 2023. Mikolas, 1,94 mètre seulement, faisait figure d’avorton.

Il jure que personne ne l’a jamais poussé dans la carrière. Mais son gabarit… hors gabarit limitait malgré tout le panel des sports praticables. Et voir traîner dans sa maison de Vilnius les outils de travail de papa peut créer une vocation. Ces prédispositions physiques et cette histoire de famille faisaient immanquablement penser à Okéibos, dit le colosse de Rhodes, personnage d’Astérix aux Jeux Olympiques. Abraracourcix : « Vous êtes tous comme ça, dans la famille ? » Le frère d’Okéibos : « Oh, non ! Notre frère aîné est beaucoup plus fort. Mais il n’a pas pu venir, parce qu’il se remet mal de la fessée que lui a donnée maman, aha, aha, aha ! »

La parabole du discobole

Bref, l’affaire semblait entendue. Surtout quand, à son deuxième essai, le petit Mikolas expédiait le disque à 69,97 m. Celui qui est désormais étudiant à l’Université de Californie battait le record olympique de son père. Avec ce parricide, il s’installait en tête du concours, devant l’Australien Denny Matthew (69,31 m) qui voyait déjà luire l’argent.

Jusqu’au quatrième essai du Jamaïquain Roje Stona. Le lanceur n’avait jusque-là guère brillé. Ces trois premiers jets n’avaient pas dépassé 66 m dans le concours. Mais à Ramona, dans l’Oklahoma, tandis que Mikolas battait le record du monde, Stona avait réalisé un jet à plus de 69 m. Solide garçon s’il en est, Roje Stona ; deux mètres et 122 kg. Il lance également le poids à plus de 20 m et développe en sus des talents de vitesse. Il étudie à l’Université de l’Arkansas. Il est entraîné, notamment, par Ryan Crouser, triple champion olympique du lancer du poids. Les équipes de football américain des Green Bay Packers et des New England Patriots l’ont d’ailleurs repéré avant même ces Jeux. Sitôt qu’il aura assimilé les règles et la culture de ce sport qui lui sont encore étrangères, peut-être le colosse pourra-t-il entamer une lucrative carrière dans ce sport de richards.

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