Qui est Björn Höcke, leader de l’extrême droite allemande

Un radical provocateur

A 52 ans, cet ancien professeur de sport et d’histoire, né en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est devenu en quelques années l’une des voix les plus radicales du parti d’extrême droite, Alternative für Deutschland (AfD). Fils d’un enseignant dans une école pour aveugles et d’une infirmière, il a été marqué dès le plus jeune âge par les récits familiaux sur la Prusse orientale dont est originaire sa famille et d’où ses grands-parents furent chassés par l’Armée rouge. Un héritage qu’il a mis au service de sa carrière politique. Ses provocations récurrentes n’ont en rien freiné les électeurs de Thuringe, un Länd du centre de l’Allemagne, qui ont placé sa formation politique largement en tête du scrutin régional du 1^er septembre, avec près de 33 % des voix. Jugée infréquentable par les autres partis, l’AfD a toutefois peu de chances pour la formation d’une coalition.

Complaisant à l’égard du nazisme

C’est par sa proximité avec les milieux néonazis que Björn Höcke a émergé sur la scène politique allemande, lorsqu’il a été élu au parlement de Thuringe, en 2014. Très tôt, l’homme assume des propos décomplexés sur l’héritage du nazisme, teintés de révisionnisme. Dans un discours à Dresde, en janvier 2017, il qualifie le Mémorial de l’Holocauste de Berlin de « monument de la honte » et appelle l’Allemagne à opérer « un virage à 180 degrés dans sa politique mémorielle ». « Le grand problème est que l’on présente Hitler comme absolument mauvais, affirmait-il encore dans un entretien au Wall Street Journal en 2017. Mais, bien sûr, nous savons qu’il n’y a pas de noir ni de blanc dans l’histoire. » La justice a jusqu’ici considéré que ses emprunts multiples au lexique du national-socialisme étaient conscients et assumés, en particulier lorsqu’il a été condamné en mai et en juillet pour son utilisation du slogan des SA (une organisation paramilitaire nazie) « Alles für Deutschland » [« tout pour l’Allemagne »].

Absentéiste et embarrassant

Protégé par sa notoriété, le personnage ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de l’AfD, dont les dirigeants aspirent à gouverner un jour. Ses saillies embarrassantes agacent, ce qui explique en partie qu’il n’ait jamais osé se présenter à la direction fédérale du parti. Dans la presse, des proches pointent ses absences au parlement de Thuringe, qui lui verse pourtant 13 000 euros d’indemnité en tant que chef de groupe, selon le Spiegel. Neuf fois, son immunité de député a été levée afin qu’il puisse faire l’objet d’une enquête, sans que sa carrière en soit entravée. Sa mégalomanie énerve aussi. Persuadé d’avoir un destin national, Björn Höcke invoque dans ses apparitions le mythe du Kyffhäuser, une légende germanique selon laquelle l’empereur du XII^e siècle Frédéric Barberousse se réveillera un jour pour conduire l’empire vers une nouvelle grandeur.

Il vous reste 22.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.