Protection solaire : trois experts passent au crible sept idées reçues

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À vouloir profiter du beau temps, on commet parfois des erreurs qui peuvent coûter cher sur le long terme. Le point sur les pièges à éviter et les meilleures façons de préserver son «capital soleil».

Nous avons interrogé Pierre Césarini, directeur de l’association Sécurité Solaire, un centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ; Pr Thierry David, chef de service ophtalmologie des CHU Nord, La Timone et Conception de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille ; et Laurence Wittner, cofondatrice de l’Observatoire des cosmétiques.

Le soleil est plus intense qu’il y a 30 ans, donc plus dangereux 

Faux, mais… Les trous qui apparaissent parfois en septembre ou octobre dans la couche d’ozone, notre bouclier atmosphérique contre les ultraviolets (UV) solaires, sont localisés au-dessus du pôle Sud. Mais dans les régions tempérées, il n’y a pas eu d’augmentation significative du rayonnement UV au sol. 

«L’inquiétude subsiste, car malgré la suppression des chlorofluorocarbures (CFC) en 1987, les experts du GIEC  constatent que le trou dans la couche d’ozone réapparaît dans des proportions inquiétantes. Probablement en raison des méga-incendies et des éruptions volcaniques survenus ces dernières années, indique Pierre Césarini. Si ce trou se rebouche toujours avec la remontée des températures au printemps , il est à craindre qu’il entraîne un amincissement global de la couche d’ozone. Lequel, couplé à une réduction de la couverture nuageuse, aboutira à une augmentation du rayonnement UV au sol partout sur la planète.» 

Je peux prendre un coup de soleil à l’ombre 

Vrai. L’ombre détruit au moins la moitié de la dose d’UV que vous auriez reçue en vous exposant au soleil. Mais si l’indice UV (sur une échelle de 1 à 11+) est de 9, par exemple, l’ombre ne suffira pas à vous protéger. Les rayons qui rejaillissent sur les surfaces environnantes sont également facteurs de brûlures cutanées. Plus ces surfaces sont claires et brillantes, plus la réverbération des UV sera forte. Un sable doré réfléchit 20 % des UV contre 35 % pour un sable blanc, et jusqu’à 80 % pour la neige

Rien ne peut préparer ma peau au soleil 

Faux. «Pour les gens qui peuvent bronzer – c’est-à-dire ceux dont la peau produit de la mélanine noire sous l’impulsion des UV –, la meilleure façon de préparer sa peau est de l’acclimater en l’exposant progressivement au soleil, car elle va peu à peu s’épaissir, sans attraper de coups de soleil », explique Pierre Césarini. Ne comptez pas trop, en revanche, sur les gélules auto-bronzantes, ces compléments alimentaires généralement à base de caroténoïdes (pour stimuler la production de mélanine) et d’antioxydants (pour réparer les dommages du soleil). 

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est sceptique quant à leur utilisation. Il a rappelé, en juillet dernier sur son site, que «les données disponibles sur leur efficacité et leur sûreté sont très parcellaires : en l’état actuel des connaissances scientifiques, il est donc difficile de se prononcer en faveur de leur utilisation. D’autant que ces produits pourraient même parfois comporter des risques.» 

De même, votre peau n’est pas protégée si votre hâle a été obtenu avec une crème auto-bronzante. Car elle n’a ni épaissi, ni synthétisé de mélanine. Ces cosmétiques contiennent de l’acide docosahexaénoïque (DHA), un actif qui oxyde les acides aminés de la couche superficielle de l’épiderme. «Cette réaction chimique entraîne la coloration de la peau. Cela dure quelques jours et s’élimine avec la desquamation naturelle», précise Laurence Wittner. 

Enfin, fuyez les cabines de bronzage qui exposent aux UV ! Non seulement votre bronzage n’empêchera pas les coups de soleil, mais en plus l’exposition aux UV artificiels augmente le risque de cancer de la peau

Un maillot anti-UV est vraiment utile dans l’eau

Vrai. Il l’est aussi quand on transpire abondamment. De par sa composition, la plupart du temps en Lycra ou en polyester, et son tissage serré, le maillot anti-UV en laisse passer une quantité infime, même mouillé. Ce n’est pas le cas d’un T-shirt en coton, qui devient presque transparent (les fibres sont en extension) et peut ainsi laisser passer la moitié des UV lorsqu’il est mouillé. Il se révèle alors très insuffisant si l’on pratique des activités aquatiques entre midi et 16 heures, le midi solaire étant en métropole à 14 heures. 

Un T-shirt en coton sec constitue en revanche une bonne défense. Un modèle clair affiche un facteur de protection solaire (FPS) de l’ordre de 10 (qui bloque 90 % des UV) contre 14 pour un coton sombre (93 % des UV bloqués). «En plein été, quand il fait chaud, le port d’un vêtement sombre n’est donc pas du tout pertinent, car l’écart de protection entre les 2 FPS est insignifiant, indique Pierre Césarini. Et cela peut même s’avérer dangereux. Ainsi, si un vêtement blanc réfléchit l’énergie, le noir va l’absorber et la restituer sous forme de chaleur, ce qui peut faire monter la température corporelle et générer un risque de déshydratation  

Les lunettes de vue contrent les UV

Vrai. C’est le cas de la plupart d’entre elles. «Car les verres sont désormais en polycarbonate et traités anti-UV, rappelle Thierry David. En revanche, ils ne protègent pas de l’éblouissement, qui est la lumière visible.» Les lentilles de contact, de par leur taille, ne couvrent qu’une partie de l’œil : la cornée et le cristallin seront préservés, pas la conjonctive

Le soleil est moins nocif en mai qu’en août 

Faux. «Les gens confondent intensité du rayonnement solaire et chaleur. Or c’est quand le soleil est haut qu’il est dangereux, car ses rayons traversent alors une fine couche d’atmosphère et sont dès lors peu filtrés», explique Pierre Césarini. 

Dans l’Hexagone, «le jour où le rayonnement solaire est le plus important, et donc où cette couche est la plus fine, est le 21 juin, car le soleil est à la verticale du tropique nord. En moyenne, le mois de mai est plus frais que le mois d’août, en revanche, le niveau d’UV est identique.» Pour les mêmes raisons, méfiez-vous du soleil en altitude. La couche atmosphérique étant plus réduite que si vous étiez au niveau de la mer, l’intensité des UV augmente (d’environ 10% tous les 1 000 mètres), alors que la plupart du temps, la température tendra à diminuer.

Je dois faire attention en voiture 

Vrai et faux. C’est le cas, bien sûr, si vos fenêtres latérales sont ouvertes et que votre coude est au soleil. Si les fenêtres sont fermées, vous ne craignez pas de coups de soleil car les UVB ne traversent pas les vitres. En revanche, les UVA les franchissent, eux – ils pénètrent profondément dans le derme, favorisent le vieillissement cutané et sont impliqués, comme les UVB, dans la formation de cancers de la peau. 

«Vous devez vous protéger du soleil en voiture si vous passez votre vie sur la route ou faites partie de la population à risques de cancer. Sinon, ce n’est pas nécessaire», conseille Pierre Césarini. Si le soleil est de face, vous ne craignez rien car le pare-brise, compte tenu de son épaisseur, stoppe les UVA et les UVB. C’est également le cas si vos vitres latérales sont traitées anti-UV.



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