Premier ministre : après le rejet d’un gouvernement NFP, quels scénarios pour Matignon ?

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Emmanuel Macron a lancé ce mardi une nouvelle série de consultations avec les responsables politiques. Après le refus d’un gouvernement mené par la coalition de gauche, plusieurs options restent sur la table. Et beaucoup d’obstacles à lever.

Un scénario a certes été évacué lundi soir. Mais il incombe toujours à Emmanuel Macron de nommer un premier ministre capable de construire une coalition suffisamment large pour échapper au couperet d’une motion de censure. En campagne depuis près d’un mois pour tenter d’imposer Lucie Castets à Matignon, le Nouveau Front populaire a vu sa proposition définitivement retoquée dans un communiqué diffusé par l’Élysée lundi soir. Après avoir consulté l’ensemble des forces politiques, le chef de l’État a estimé qu’un gouvernement NFP «serait immédiatement censuré», réunissant «une majorité de plus de 350 députés contre lui, l’empêchant de fait d’agir». Aussi, a-t-il rejeté cette hypothèse au nom de «la stabilité institutionnelle». Une décision qui n’a pas manqué de provoquer une levée de boucliers de la gauche, qui refuse de se rendre au nouveau cycle de consultations lancé ce mardi par Emmanuel Macron. Le président de la République souhaite désormais rencontrer «les responsables des partis et des personnalités se distinguant par l’expérience du service de l’État et de la République» pour tenter de résoudre l’inextricable équation de Matignon.

L’impossible formation d’un gouvernement issu du bloc central

Si les responsables de gauche ont été les premiers à fouler le perron de l’Élysée vendredi matin, Emmanuel Macron a reçu dans leur sillon les représentants de sa propre famille politique et de ses alliés, à savoir Renaissance, Horizons, et le MoDem. Lesquels comptent à eux trois 166 députés. Pas de quoi constituer une majorité, même relative, mais assez pour insuffler l’espoir d’un ralliement plus large. Aussi, après avoir reçu en fin de journée le groupe Liot, qui compte 22 députés, et les Radicaux, le chef de l’État a salué des échanges qui ont «dessiné des voies de coalition et de travail commun possibles entre différentes sensibilités politiques». «Ces groupes se sont montrés ouverts à soutenir un gouvernement dirigé par une personnalité qui ne serait pas issue de leurs rangs», a-t-il indiqué.

Pour autant, même une coalition gouvernementale entre les cinq partis ne permettrait pas d’atteindre une majorité suffisante à l’Assemblée, rendant indispensable le ralliement de personnalités de gauche et de droite. Vendredi dernier, le premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a ainsi défendu auprès d’Emmanuel Macron «la nomination d’un nouveau premier ministre ne venant pas des partis du bloc central, avec un gouvernement représentant un large spectre de sensibilités de la gauche à la droite républicaines, qui permettrait probablement d’avancer dans l’intérêt des Français». Une demande partagée par la majorité du camp présidentiel.

Vers un premier ministre de droite ?

Fort de 47 députés, le groupe La Droite Républicaine (ex-Les Républicains) constitue l’une des pierres angulaires de la formation du futur gouvernement. Les LR ne se sont certes pas engagés, comme l’a rappelé l’Élysée, à «un soutien ou une participation au gouvernement», se contentant de tracer des «lignes rouges» et de détailler leur «pacte législatif». Ce qui n’a pas empêché le nom du président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, de circuler avec insistance ces dernières semaines, tout comme celui de la patronne de l’Île-de-France, Valérie Pécresse. Anciens ministres de Nicolas Sarkozy, tous deux peuvent se prévaloir de répondre à un critère valorisé par Emmanuel Macron : «l’expérience du service de l’État et de la République».

Néanmoins, Laurent Wauquiez, nouveau chef de file de La Droite Républicaine, se veut intransigeant sur la ligne d’indépendance du parti. Malgré un «pacte législatif» composé de treize textes de loi mis à disposition de l’exécutif, le député de la Haute-Loire assure qu’il ne s’agit pas d’une proposition de «coalition gouvernementale». Si une personnalité de droite venait à accepter le poste de premier ministre, elle se confronterait au probable écartèlement de son groupe, déjà secoué par le ralliement d’Éric Ciotti au Rassemblement national. Et risquerait, là encore, de réduire l’amplitude de la majorité à construire.

L’hypothèse du centre-gauche

Avec des perspectives obstruées à droite, Emmanuel Macron pourrait finalement se tourner vers la gauche. «Le Parti socialiste, les écologistes et les communistes n’ont à ce stade pas proposé de chemins pour coopérer avec les autres forces politiques. Il leur appartient désormais de le faire», a encouragé l’Élysée. Bien qu’il ne soit pas question pour le président de la République de nommer un gouvernement Nouveau Front populaire, d’autres figures issues du centre-gauche pourraient davantage le convaincre. À l’instar de l’ancien premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, et du maire socialiste de Saint-Ouen, Karim Bouamrane. Des personnalités rejetées par le NFP, qui martèlent leur soutien à leur candidate Lucie Castets, mais qui séduisent une partie des socialistes. 

Alors que se tient ce mardi un Bureau national du PS, à la demande des deux courants minoritaires, emmenés par Hélène Geoffroy et Nicolas-Mayer Rossignol, certains socialistes hostiles à LFI pourraient faire entendre leur voix face à l’union sacrée du NFP. «Pour que cela fonctionne numériquement, avec Bernard Cazeneuve ou Karim Bouamrane, il est indispensable de pouvoir compter sur l’ensemble des voix du camp présidentiel, Horizons compris, ce qui n’est pas si simple, mais aussi sur les 47 députés LR. Je ne suis pas certain que tous les députés socialistes accepteraient cela», tempère toutefois le politologue Martial Foucault dans un entretien au Figaro.

L’issue de secours du gouvernement technique

Un gouvernement technique comme issue de secours ? En nommant un premier ministre au profil technocratique, chargé de former une équipe composée de hauts fonctionnaires, Emmanuel Macron ferait le pari d’un gouvernement d’union nationale apartisan. Mais avec l’arrivée imminente du vote du budget à l’Assemblée nationale, échéance hautement symbolique politiquement, un tel gouvernement pourrait lui aussi être confronté à la résistance des oppositions. Et être contraint de dégainer l’article 49-3 de la Constitution, se confrontant à l’éventuel succès d’une motion de censure. D’autant plus que la France n’a jamais connu de gouvernement technique, contrairement par exemple à l’Italie. En 2021, Mario Draghi, l’ancien président de la banque centrale européenne (BCE), avait été nommé premier ministre après de longues semaines de crise politique et économique liée au Covid-19.



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