Pourquoi les Fêtes de Bayonne se tiendront plus tôt en 2025 ?

Deux mois après la dernière édition, les Fêtes de Bayonne ont déjà dévoilé leurs dates pour 2025. Les festayres en rouge et blanc auront rendez-vous du 16 au 20 juillet, a annoncé la Ville. Une date peu habituelle, les fêtes se tenant traditionnellement fin juillet – début août. En 2024, elles s’étaient déroulées du 10 au 14 juillet pour ne pas perturber l’organisation des Jeux olympiques. Un changement exceptionnel qui a finalement donné envie à la Ville de modifier son calendrier pour les prochains étés.

Et pour cause : ces dernières années, les taux de fréquentation de l’événement ont battu des records. En 2023, plus d’1,3 million de personnes se sont rassemblées dans les rues durant les cinq jours de festivités, qui se tiennent toujours du mercredi au dimanche. Face à cet afflux croissant depuis le début des années 2000, et pour prendre en charge les coûts liés à l’organisation qui s’élèvent à plus de 4 millions d’euros, la mairie a pris la décision en 2018 de rendre l’accès aux Fêtes payant du vendredi au dimanche. Les non-résidents devaient alors s’acquitter d’un bracelet vendu 8 euros. En 2022, le prix a été augmenté à 10 euros, puis à 12 euros en 2023 et enfin 15 euros en 2024. Il devrait rester au même prix en 2025. Mais la mise en place d’une tarification n’a pas refroidi les visiteurs, bien décidés à profiter de leurs vacances au Pays basque ou dans les Landes en passant par Bayonne. 

Ne pas empiéter sur les Fêtes de Pampelune

En revanche, l’édition 2024, programmée plus tôt, à la mi-juillet, a permis de réduire de 20% le nombre de festayres par rapport à l’année précédente. Une aubaine pour la Ville, qui peinait à fluidifier son nombre de visiteurs. «Nous avions fait le constat depuis fort longtemps que nous étions de plus en plus nombreux et que nous avions des difficultés à maîtriser nos Fêtes», partage au Figaro Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne. Aussi, la baisse de fréquentation de l’événement l’été dernier a permis de diminuer le nombre d’infractions, fléau des Fêtes ces dernières années. «Nous n’avons reçu aucune plainte pour viol, ni blessure à l’arme blanche», rappelle le maire, malgré le décès d’un quinquagénaire après une violente rixe le 11 juillet dernier. Programmer l’événement semble donc être une solution pour réduire la fréquentation.

De nombreuses discussions se sont tenues pour choisir la date de l’édition 2025. «On ne pouvait pas choisir la semaine du 9 juillet, car les vacances scolaires sont tardives et cela n’aurait pas été une bonne décision pour nos élèves et étudiants», explique Jean-René Etchegaray. «Nous avons fait attention à ne pas empiéter sur les dates des Fêtes de Pampelune en Espagne, qui se dérouleront du 7 au 14 juillet. Nous voulons permettre aux Espagnols de venir à nos Fêtes, et inversement, comme c’est le cas depuis toujours», poursuit-il. Ne restaient alors que la semaine du 16, qui sera finalement choisie, ou celle du 23 juillet, qui n’aurait pas réglé le problème d’affluence «puisque c’est à partir de cette période que les flux estivaux augmentent», précise le maire de Bayonne. 

Ce n’est pas la première fois que les Fêtes de Bayonne changent de dates. Lors de leur création en 1932, elles étaient notamment programmées du 13 au 17 juillet. Ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’elles ont été reculées à début août, pour ensuite être réavancées fin juillet au courant des années 2000, en fonction du calendrier. 

Mêmes dates que les Fêtes de Mont-de-Marsan

Mais en 2025, les Fêtes de Bayonne se tiendront en même temps que les Fêtes de la Madeleine de Mont-de-Marsan, qui se tiennent toujours aux alentours du 22 juillet, fête de la sainte patronne de la commune landaise. Un problème pour les jeunes basques et landais qui aiment participer aux trois rendez-vous de l’été dans la région : les Fêtes de Mont-de-Marsan mi-juillet, celles de Bayonne fin juillet et celles de Dax mi-août. L’an prochain, il sera impossible de participer au trio. Une véritable contrainte surtout pour les forains, présents à chacun de ses événements qui brassent un grand nombre de visiteurs. «On ne trouve pas ça normal. On veut que Monsieur Etchegaray revienne à la raison et aux dates de 2023. On nous plante un couteau dans le dos. On fera le maximum pour se défendre, quitte à manifester», partage Thomas Burch, trésorier de la Fédération des forains de France. 

Surtout, Thomas Burch ne comprend pas le choix de dates. «La mairie nous a reçus lundi pour discuter. Les dates ne devaient pas être annoncées avant fin octobre, et finalement elles le sont 48 heures après notre visite. C’est la première fois que Mont-de-Marsan et Bayonne tombent en même temps !», ajoute-t-il. 

«Problèmes de sécurité»

L’annonce de ces dates a également été une surprise pour le maire de Mont-de-Marsan, Charles Dayot. «Je suis étonné de la façon dont Bayonne a pris sa décision sans me concerter. Cela peut laisser croire que Bayonne nous considère comme une petite kermesse», indique-t-il. Avant de poursuivre : «Je comprends que Jean-René Etchegarray, avec qui je m’entends très bien au demeurant, veuille trouver une solution pour gérer le flux de ses Fêtes et réduire les incidents . Mais ce doublon va poser des problèmes de sécurité privée, car nous travaillons avec les mêmes sociétés. Les CRS ne pourront pas non plus se dédoubler… Aussi, chez les forains, la parole donnée, c’est important. Il va falloir qu’ils choisissent entre les deux villes. Je n’ai pas envie de me retrouver avec trois pêches aux canards et une barbe à papa.» Et ils ne seront pas les seuls : «Les entreprises chargées d’équiper les rues de WC, les brasseurs et d’autres corps de métier vont être concernés. Une baisse du chiffre d’affaires est à prévoir pour tous ces acteurs», abonde Thomas Burch.

Le maire de Bayonne se défend : «Je suis navré pour les forains. Mais j’ai aussi mes priorités. Je suis désolé que nos Fêtes attirent autant la population, nous devons régler le problème. Nous avons dû annoncer nos dates tôt pour pouvoir prendre de l’avance et négocier avec nos partenaires, voilà tout». Jean-René Etchegaray confirme s’être entretenu avec Charles Dayot pour le prévenir du choix des dates des Fêtes de Bayonne. «Comme Bayonne, Mont-de-Marsan n’a jamais eu exactement les mêmes dates, puisqu’il y a un glissement des jours chaque année dans le calendrier. Le maire de Mont-de-Marsan n’avait pas signalé publiquement ses dates. Nous avons dû nous aussi prendre notre décision», conclut le maire de Bayonne.