Pourquoi il ne faut pas avoir peur de parrainer un candidat

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Près de 88 personnes peuvent être considérées comme des prétendants à la présidentielle puisqu’elles ont retiré le fameux formulaire de parrainage auprès de l’Instance supérieure indépendante pour les élections. Chaque prétendant doit recueillir dix mille parraines auprès de la population ou bien dix parrainages d’élus à l’Assemblée des Représentants du Peuple ou du conseil national des districts et des régions ou quarante parrainages de présidents élus de collectivités locales.

Il va sans dire qu’il ne sera pas facile pour les prétendants de rassembler autant de parrainages et il est fort à parier qu’une majorité des 88 prétendants actuels ne seront pas dans la capacité de présenter un dossier de candidature en bonne et due forme. Par ailleurs, ce système de collecte d’un certain nombre de parrainages pour pouvoir se présenter à une élection est largement utilisé dans plusieurs pays. Il ne s’agit nullement d’une invention tunisienne. Toutefois, c’est au niveau de la compréhension de ce mécanisme qu’il existe un problème.

Il s’est avéré, lors de la campagne de collecte des parrainages, que beaucoup pensent qu’octroyer leur parrainage à un candidat est déjà un signe de soutien à cette candidature, presque un vote avant l’heure. La course aux parrainages est assimilée à un début de course électorale et nous avons même vu, dans de précédentes élections, des candidats qui se vantaient du nombre de parrainages collectés en plus de la limite légale comme s’il s’agissait d’un avant-goût de victoire. Mais en réalité, il n’en est rien.

Donner son parrainage à un candidat donné est le moyen de lui permettre de se présenter et donc de présenter son programme et ses idées. Le parrainage est l’outil du citoyen pour assurer un minimum de diversité, de variété et d’égalité des chances entre plusieurs candidats afin que tous les discours aient une chance d’être entendus au cours de la campagne électorale. Contrairement à ce que pense la majorité, parrainer un candidat ne veut pas forcément dire adopter ses idées ou être d’accord avec son programme. Parrainer un candidat ne veut pas forcément dire que l’on va voter pour lui le jour du scrutin. Parrainer un candidat c’est lui donner la possibilité de participer à la course et de s’exprimer. C’est un acte profondément démocratique basé sur la conviction que des voix diverses doivent pouvoir s’exprimer lors du point d’orgue que représente une élection présidentielle. Il s’agit d’un acte qui permet de consacrer une condition démocratique importante : le pluralisme. Une élection présidentielle où tous les candidats sont d’accord n’aurait absolument aucun intérêt. Nous en avons d’ailleurs vécu dans le passé. Même si les efforts pour « uniformiser » la course à la présidentielle sont conséquents, il nous reste, en tant que citoyens, le choix de parrainer des candidats différents en espérant qu’ils auront la possibilité de défendre leurs idées en place publique, loin des prisons, des restrictions de déplacement et des entraves administratives liées aux autres pièces du dossier de candidature.

La fiabilité du processus électoral, l’égalité des chances entre candidats et le pluralisme dans l’offre politique proposée aux Tunisiens sont autant de facteurs qui ont une influence directe sur la légitimité du gagnant de l’élection. On ne peut se prévaloir d’avoir gagné une course alors qu’on était le seul coureur. L’octroi des parrainages à une variété de candidats nous permet, à nous citoyens, d’essayer de mettre notre grain de sable et de participer à cette phase préliminaire de course à la présidentielle.

D’ailleurs, dans ce contexte, il est navrant de voir que nos élus, à l’ARP et au conseil national des districts et des régions, manquent à ce point de conscience démocratique tant ils refusent de parrainer un candidat extérieur à ce qui est appelé processus du 25-juillet. Un candidat comme Zouhair Maghzaoui n’aura aucun mal à collecter dix parrainages parmi les élus du bloc parlementaire de son parti tandis que d’autres candidats ne peuvent même pas espérer s’adresser aux élus de la nation. Ces derniers ne saisissent pas la subtilité qui existe entre parrainer un candidat pour lui donner le droit de s’exprimer, et soutenir un candidat en adoptant ses idées et en faisant sa campagne. Si l’on veut des élections pluralistes où chacun peut avoir le droit de présenter ses idées et de les confronter à l’opinion publique et à la critique, il ne faut pas avoir peur de parrainer un candidat.

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