Pour le réalisateur de Predator, John McTiernan, «l’industrie du cinéma court à sa perte»

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Le cinéaste américain, invité d’honneur Festival européen du film fantastique de Strasbourg, a profité de son passage en France pour faire part de son inquiétude face à la recherche de la rentabilité immédiate de la nouvelle industrie cinématographique.

Il était l’invité d’honneur du Festival européen du film fantastique de Strasbourg. John McTiernan, réalisateur américain de Predator, du Piège de cristal et d’À la poursuite d’octobre rouge, n’a pas abandonné l’espoir de refaire un film, 20 ans après sa dernière œuvre, Basic. Dans un entretien accordé à l’AFP, cet ardent défenseur du septième art, a profité de son passage en France pour dire tout le mal qu’il pensait de l’actuelle industrie du cinéma, qui selon lui, est entre les mains de «gestionnaires».

À la question de savoir ce qui freine aujourd’hui ses nouveaux projets de film, John McTiernan, en effet, ne mâche pas ses mots: «L’argent. Il y a une vingtaine d’années, tous les studios de cinéma américains ont été rachetés par des industries bien plus grandes. Maintenant, les gens qui dirigent les studios ne sont plus des producteurs de films. Ce sont des gestionnaires. Ils se fichent de ce qu’ils produisent, tant que ça rapporte. C’est pour ça que depuis vingt ans, ils font des adaptations de comics. Ils ne peuvent pas faire des films sur les riches, mais ils ne vont pas non plus faire des films sur les pauvres. Donc ils ont trouvé une solution: faire des films sur des choses qui ne sont pas des humains.»

Plus loin, il pointe du doigt les conséquences de cette recherche du gain immédiat sur la liberté de création des cinéastes: «Tous les genres durent à peu près six ou sept ans. Les westerns: six, sept ans. Les polars: six, sept ans. Chaque mode a duré six, sept ans. Et ils font des adaptations de comics depuis vingt ans ! Ce n’est pas parce que c’est populaire, c’est parce que c’est une solution politique pour les gestionnaires qui dirigent les studios.» 

Notre confrère, le relance, en lui demandant si l’industrie du cinéma, n’aurait pas toujours été soumise au pouvoir de l’argent. Le cinéaste américain lui rétorque alors, que ce n’était pas le seul critère pris en compte par les producteurs de jadis : «Bien sûr, ils gagnaient beaucoup d’argent, mais ils n’étaient pas riches à ce point. Ils n’étaient pas milliardaires. Tous les films de Kubrick avaient un message, on ne peut plus faire des films pareils aujourd’hui. Là, l’industrie court vraiment à sa perte. À cause du Covid, plus personne ne va au cinéma. C’est déjà arrivé, dans les années 1950, quand la télévision a gagné tous les foyers. Les gens qui dirigeaient les studios étaient des producteurs de films, alors ils se sont battus. Ils ont fait des films nouveaux, les grands écrans, un son bien meilleur, des couleurs splendides, et tout ça. Les gens sont retournés au cinéma et ça a marché 50 ans de plus. Les gens qui font ça maintenant, ce ne sont que des gestionnaires pour les riches. Il n’y a pas de différence entre eux et le propriétaire d’une plantation de coton dans le Mississippi des années 1850. Tout ce qu’ils vont faire, c’est aspirer les marques jusqu’à la moelle et aller voir ailleurs.» 

Le cinéma indépendant serait-il un remède à la financiarisation du cinéma ? John McTiernan n’y croit pas non plus: «Aucun projet n’a fonctionné. On allait en faire un quand le Covid est arrivé. J’en ai un ou deux qui ont l’air de vouloir marcher, mais c’est beaucoup plus dur de financer des films indépendants. Mais j’espère que ça va marcher.» L’intuition du réalisateur, le talent des acteurs, voilà ce à quoi veut se raccrocher le réalisateur du Piège de Cristal. Il évoque le héros de son film, Bruce Willis, et à travers son évocation ce qu’il considère comme la magie du cinéma: «Bruce avait fait quelques films qui n’avaient pas marché. Et juste avant la sortie du film, ils l’ont enlevé de l’affiche. Cet homme voulait apporter de la fraîcheur, de l’honnêteté, du bon jeu. Dans l’industrie du cinéma, il y a tellement de scènes qui ont été jouées un nombre incalculable de fois. Les gens vont les jouer exactement de la même manière, encore et encore, parce qu’ils les ont vues jouées comme ça. Bruce a toujours refusé ça. Il a toujours cherché l’essence de telle ou telle scène et trouvé une façon nouvelle de la jouer.» 

Piège de cristal de John McTiernan en 1988, avec Bruce Willis, Alan Rickman, Alexander Godunov…



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