Pour l’Ukraine, la tournée estivale d’une « armée musicale »

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Il est 16 heures, ce vendredi de juillet, quand résonne dans l’église catholique Saint-Eustache, à Paris, la Symphonie n° 9 de Ludwig Van Beethoven, créée il y a deux siècles. Le compositeur allemand avait cru dans les promesses des Lumières et de la Révolution française, avant que l’œuvre devienne un symbole national allemand puis européen. L’orchestre, l’Ukrainian Freedom Orchestra, composé de musiciens contraints à l’exil par la guerre ou vivant depuis des années à l’étranger, interprète l’œuvre accompagné de chœurs qui chantent en ukrainien.

Quelques jours après l’attaque aérienne russe contre des infrastructures civiles à Kiev – le plus grand hôpital pédiatrique du pays et une maternité privée – qui a causé la mort de 27 personnes, dont plusieurs enfants, le 8 juillet, l’Ukraine « doit être, plus que jamais, soutenue par la communauté internationale », estime Keri-Lynn Wilson, la cheffe d’orchestre canado-américaine. La tournée qui a débuté à Paris le 12 juillet passera, entre autres, par Varsovie, Londres, avant de se clôturer à Washington, le 4 août.

Pour elle, c’est l’occasion de « célébrer une Ukraine forte d’une culture riche et de nombreux talents » mais aussi de témoigner du « sentiment partagé d’être une armée musicale, où les instruments deviennent des armes ».

« Effet cathartique »

L’initiative a été lancée dès l’été 2022 par Mme Wilson pour contrer la sidération générée par l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Cette sexagénaire a grandi dans une tradition artistique riche, avec un grand-père baryton et une grand-mère pianiste. Originaires de la ville de Tchernivtsi, ses grands-parents ont immigré à Winnipeg (Canada). Pour apporter un « soutien moral et émotionnel » au pays de ses aïeux, où résident deux de ses cousins, elle a organisé cette tournée estivale.

Celle qui au cours de sa carrière a multiplié les « trajets professionnels » entre la Russie et l’Ukraine affirme avoir été « horrifiée » par l’invasion russe. « Avoir peur pour sa famille » qui vit dans le sud-ouest de l’Ukraine, « craindre pour son cousin » qui se trouve sur le front, rythment un quotidien vécu comme « un drame » par les musiciens de l’orchestre. « La musique agit comme un effet cathartique, un soulagement », commente-t-elle. Même si la musique ne panse pas toutes les plaies, chacun conjure l’effroi en se jetant dans le travail.

Face à elle, le regard droit, Lissya, une violoncelliste âgée de 49 ans, acquiesce. Pas un sourire n’illumine ce visage poupin que la légèreté semble avoir déserté. Membre de l’Orchestre national de Belgique, celle qui habite le plat pays depuis vingt-deux ans affirme qu’« en Ukraine, la peur nous tient, face à un danger continu ». Rendant visite à son frère, en juillet 2023, à Lviv, cette grande ville de l’Ouest, elle a « cru vivre les derniers moments de sa vie » lorsque des tirs de missiles russes ont fait dix morts.

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