Pollyanna Johnson, une artiste féministe pour la collection Dior Croisière 2025

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Adepte talentueuse du détournement féministe, cette jeune artiste anglaise a marqué les esprits par ses interventions poétiques et radicales lors de la présentation de la collection Dior croisière 2025 au château de Drummond, en Ecosse.

Il faut savoir écouter ses enfants, surtout lorsque l’histoire est belle. Un jour, Rachele, la fille de Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique des collections féminines de Dior, rentre d’Angleterre avec des assiettes sur lesquelles figurent les reproductions de portraits de femmes du passé, célèbres ou inconnues, auxquelles sont jointes des phrases décalées car joliment féministes. Une rencontre du troisième type comme si l’histoire de ces femmes en majesté rencontrait soudain les mots d’ordre les plus actuels. Le nom de l’artiste: Pollyanna Johnson. Une quasi-inconnue de 31 ans qui, du jour au lendemain, devient célèbre lorsque Maria Grazia Chiuri décide d’imprimer quelques-uns de ses slogans bien sentis sur des pièces de la collection Croisière 2025. À la suite du défilé de présentation dans le parc du château écossais de Drummond, au printemps dernier, les journalistes conviés avaient pu découvrir un inattendu service d’assiettes spécialement conçu pour l’occasion.

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Portrait de la reine d’Écosse Marie Stuart cernée d‘adjectifs misogynes: râleuse, fougueuse, autoritaire…
Emily Macinnes
Des mots comme des slogans sur ce look de la collection croisière.
Dior

Emily Macinnes

Chez la douce Pollyanna Johnson, la colère couve comme de la lave en fusion au fond de l’Etna. Par exemple, une très austère et très chic aristocrate du XVIe siècle laisse échapper «I am not your bird» («Je ne suis pas ton oiseau»). Une autre s’exclame, moqueuse: «Be A Lady, They Said» («Sois une dame, disent-ils»). La reine d’Écosse Marie Stuart est auréolée de qualificatifs négatifs parfois employés par les hommes pour définir les femmes: «Râleuse, Compliquée, Autoritaire, Hystérique, Émotive, Stridente.» Mention spéciale à ce robuste: «Don’t Tell Me To Fucking Smile» («Ne me demande pas un putain de sourire»). Pollyanna, terre de contrastes: «Une main de fer dans un gant de velours», as we say in french.

De chez elle, dans sa maison bucolique de l’East Sussex où je la joins, cette diplômée de la Royal Drawing School m’explique comment lui est venue cette idée d’accoler des slogans féministes à des reproductions de portraits tout ce qu’il y a de plus classique, échappés de musées: «Un soir, je me suis fait harceler dans une rue de Londres par un type qui m’a insultée d’une façon horrible. J’étais vraiment en colère, mais je suis d’une nature timide et je n’ai pas osé répondre sur le moment. J’ai beaucoup réfléchi à cet incident, et c’est de là qu’est née mon idée de confronter des femmes du passé à des cris de révolte féministes contemporains contre la brutalité des hommes. Je trouvais plus originale l’idée de contraste plutôt que d’opérer dans le champ contemporain.»


Emily Macinnes

Pollyanna est celle par qui les femmes du passé trouvent une voix pour se révolter et dire enfin haut et fort ce qu’elles ne se seraient pas risqué à affirmer en public. S’inspirant de la céramique de Delft du XVIe siècle, elle leur donne une nouvelle vie en utilisant un bleu cobalt flamboyant pour les décrire en y adjoignant des détails poétiques.

«Il y a quelques années, me dit-elle, Joseph, mon compagnon qui est médecin, s’est lancé dans la céramique à ses heures perdues. Il m’avait offert une assiette sur laquelle peindre. J’ai toujours aimé regarder des portraits historiques de femmes et j’avais décidé de reproduire à ma façon la fameuse Ophélie de John Everett Millais. Le processus de peinture sur céramique est magique, dans la façon dont vous vernissez la pièce ou vous la faites cuire avant de découvrir quelque chose d’inconnu à la sortie du four… Je suis peintre et dessinatrice de formation, deux pratiques que je poursuis en travaillant sur les paysages, mais j’ai tout de suite vu ce que je pourrais tirer de mes recherches sur la céramique.»

Un enthousiasme partagé par Joseph Dupré, l’homme de sa vie, délaissant désormais son stéthoscope à la mi-journée pour manier l’argile ou le grès à rythme soutenu. Sous le regard intrigué de leur petit garçon, appelé Tudor. On ne se refait pas.



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