Pérégrinations régionales : Cap sur les régions du Nord-Ouest | La Presse de Tunisie

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Dans le cadre de nos reportages visant à pointer les problèmes qui plombent le développement dans les régions de notre pays, et après avoir mis l’accent sur les régions du Sud, du Sahel, puis sur le Centre-Ouest, place aujourd’hui au Nord-Ouest, château d’eau de la Tunisie, disposant d’abondantes ressources naturelles. Paradoxalement, les gouvernorats du Nord-Ouest accusent un grand retard en termes de développement en raison notamment d’un lourd héritage d’une politique post-coloniale qui a longtemps défavorisé cette région.

Le Nord-Ouest comprend quatre gouvernorats : Béja, Jendouba, Siliana et Le Kef, qui représentent 10,8 % de la superficie du territoire national. De par sa situation et ses caractéristiques naturelles, cette région contribue à combler le déficit en eau du Grand Tunis et des régions du Sahel et à valoriser le potentiel en sol de son territoire régional. Selon l’Observatoire tunisien de l’environnement et du développement durable, malgré tous les efforts déployés, le taux de desserte en milieu rural en 2021, reste variable suivant les régions, vu qu’il n’est que de 95 % pour la région nord-ouest.

Un sol fertile, mais que de contraintes !

Cette région possède d’importantes potentialités en sol, représentant, selon certaines études effectuées par des départements ministériels, le quart des meilleures terres agricoles du pays, les meilleures ressources forestières avec leurs étendues et leur richesse écologique et environnementale, des ressources halieutiques le long du littoral, à peine exploitées, et des potentialités touristiques variées pour un développement du secteur touristique diversifié. Cette magnifique région montagneuse dispose d’abondantes ressources naturelles (75 % des ressources en eau et plus de la moitié des forêts du pays), mais celles-ci sont surexploitées et mal gérées. De plus, les habitants de ce territoire reculé sont isolés et ils pâtissent souvent du manque de services publics et de la médiocre qualité des terres, auxquels s’ajoute en outre leur exposition aux catastrophes naturelles, d’après un rapport élaboré par la Banque mondiale. « Le nord-ouest de la Tunisie affiche l’un des taux de pauvreté les plus élevés du pays et le chômage y est endémique ».

Il s’avère que les régions les plus pauvres se trouvent dans la partie sud-ouest et quelques-unes dans la partie nord de cette région. Ainsi, les délégations les plus pauvres sont Neber au Kef (45,4 %), Rouhia à Siliana (40,7 %) et Sakiet Sidi Youssef (39,7 %). En revanche, les délégations de Jendouba Sud (10,7 %), Bousalem (16,6%), Tabarka (16,7 %) et Siliana Nord (16,8 %) ont l’incidence de pauvreté la plus faible de la région, indique le rapport sur la carte de la pauvreté élaboré par l’Institut national de la statistique (INS) de la Tunisie, en collaboration avec la Banque mondiale (2020). Cette région comporte toutefois une partie relativement riche qui inclut le chef-lieu de chaque gouvernorat.

La région se caractérise par un nombre relativement important de diplômés et un taux d’activité des diplômés du supérieur élevé par rapport à la moyenne nationale.  Le taux d’emploi de la région Nord-Ouest est de 37,6% contre un taux de 39.9% pour l’ensemble du territoire. Le taux d’emploi de la région du Kef est de 46%, celui du gouvernorat de Béja (39%), de Siliana (36%) et ne dépasse pas 33% pour la région de Jendouba. Le taux de chômage de la région Nord-Ouest (17,5%) dépasse la moyenne nationale de 1,6 point (15,9% en Tunisie).  Celui de la région de Siliana (20,5%), de Béja (19,5%) alors que le taux de chômage à Jendouba (19,1%) est supérieur à celui du Kef (10,8%).

Le chômage affecte la région du Nord-Ouest et particulièrement la région de Siliana (20,5%), contre un taux moyen de 15.9% dans tout le territoire tunisien. Cette disparité de niveau concernant le chômage s’explique par un déséquilibre de l’activité qu’aucune politique de décentralisation depuis l’indépendance n’a pu atténuer. On espère du moins que le nouveau découpage territorial en cinq districts pourra contribuer au développement de cette région. Notons à ce titre que les gouvernorats de Béja, Jendouba et Le Kef (ainsi que Bizerte) figurent dans le premier district alors que Siliana appartient désormais au troisième district aux côtés des gouvernorats de : Kairouan, Kasserine, Mahdia, Monastir, Sousse. Les attentes des habitants des régions enclavées sont énormes dans la mesure où ce nouveau découpage — selon le décret présidentiel publié en septembre 2023 — vise, rappelons-le, à réduire les disparités socioéconomiques entre les régions du littoral et celles de l’intérieur.

Risques d’érosion hydrique, d’inondations et d’incendies 

Le potentiel en eau de cette région est considérable. La ressource superficielle est mobilisée grâce à une dizaine de barrages répartis entre les quatre gouvernorats. Cependant, les plus importants sont situés au Nord de la région où le réseau hydrographique est le plus performant. Le barrage de Sidi Salem sur l’oued Mejerda, le barrage de Sidi El Barrek à Nefza sur l’oued Zouaraa, le barrage Kasseb et le barrage de Bouhertma. La ressource en eau mobilisable s’élève à 1437,4 millions de m3 dont 85 % sont constitués de ressources superficielles. Toutefois, la ressource souterraine, malgré le nombre de puits de surface et de puits profonds, est relativement faible du fait de la nature géologique des terrains.

Sur le plan de l’environnement naturel, le milieu est exposé à des risques divers parmi lesquels l’érosion hydrique et les phénomènes d’inondation, aggravés par les pratiques dues à la présence humaine de plus en plus accentuées, alors que les eaux pluviales sont de plus en plus menaçantes pour les agglomérations. On rappelle à ce titre que les villes de la vallée de la Mejerda (Ghardimaou, Jendouba, Bou Salem, Mejez El Bab) ont été inondées à maintes reprises, mais les plus fréquemment et gravement touchées sont incontestablement celles de Jendouba et Bou Salem.

Outre ces risques, il y a lieu de signaler ces milliers d’hectares de forêt dans le nord et le nord-ouest du pays qui ont été ravagés par le feu ces dernières années. Les dégâts sont immenses en faune et flore et pour les populations rurales riveraines dont la forêt constitue un lieu de vie et de travail et la principale source d’emplois et de revenus. Au total, 470 incendies ont été enregistrés en 2021, la plupart des incendies ont été provoqués à cause d’activités humaines et/ou actes criminels et seuls 4% sont dus à des facteurs climatiques. Le gouvernorat de Jendouba est celui qui a été le plus touché en 2020 suivi de Béja puis de Bizerte et Siliana.

A souligner cependant que l’association «Clean up» a pu planter plus de 250.000 arbres depuis 2019 dans les zones sinistrées, en collaboration avec des composantes de la société civile et de la direction régionale des forêts à Siliana. Les arbres plantés sont répartis entre pin d’Alep, caroube et eucalyptus selon les caractéristiques de la terre et le système écologique de la localité. 

Une population rurale élevée et une faible croissance économique

Le Nord-Ouest reste caractérisé, sur le plan du peuplement, par des migrations continues qui touchent près de la totalité de ses espaces urbains et ruraux. A cet effet, il est utile de rappeler que la population rurale a toujours été élevée malgré les ponctions dues aux migrations régulières et constantes du monde rural de cette région vers le reste du pays.  Le Nord-Ouest connaît toutefois une croissance faible aussi bien dans le domaine économique que démographique, nous révèle un rapport élaboré par le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.

La région du Nord-Ouest reste, selon certains rapports émanant des milieux officiels, la principale zone céréalière du pays, avec près de 70% de la production de la région nord du pays et de la moitié environ de la production nationale de céréales. Les potentialités halieutiques de cette région sont importantes, mais insuffisamment exploitées du fait de la nature rocheuse et escarpée de la côte. Le potentiel est estimé à 20.000 tonnes/an. Dans le port de Tabarka, la production reste faible pour des raisons relatives aux conditions naturelles difficiles qui limitent les sorties des pêcheurs, d’après les mêmes sources.

Dans la région, l’activité touristique, bien qu’assez récente, se consolide autour du pôle de Tabarka-Aïn Draham. Cependant, elle reste localisée dans l’espace littoral et tournée vers le tourisme balnéaire, associant l’activité de tourisme de montagne et de thermalisme pendant les saisons humides.      

La dynamique industrielle est très faible, avec un tissu industriel manquant de diversité. Le secteur de l’exportation a toutefois pris de l’importance ces dernières années, alors que la répartition des entreprises et des emplois sur le territoire montre une dominance des petites entreprises dans les gouvernorats de Siliana et du Kef.

Le Nord-Ouest est un territoire doté de sites de substances utiles soulignent les experts, dont l’exploitation industrielle s’est avérée rentable. C’est un secteur porteur pour une prospection plus importante et une valorisation régionale, voire nationale. Les gisements exploités sont l’argile de brique, le sable siliceux, la pierre marbrière, l’argile de faïence.

Le Kef : le taux d’activité de la femme plus élevé que la moyenne nationale

Le gouvernorat du Kef comporte 12 délégations. Il a une vocation agricole, et les superficies agricoles utiles exploitées représentent plus de 483 mille hectares, dont 16 mille sont irrigués. Il est doté de plusieurs sites de réserves en substances utiles et de réserves importantes en phosphate. Le Kef connaît cependant le deuxième taux de pauvreté le plus élevé du pays, à hauteur de 33,1 %, ce qui est de nature à encourager la population à migrer vers d’autres gouvernorats plus riches. Les délégations de Nebeur (45,4%), Sakiet Sidi Youssef (39,7%) et Dahmani (38,4%), qui affichent les taux de pauvreté les plus élevés, se caractérisent par les taux d’abandon scolaire les plus importants.

Selon le Rapport de diagnostic des gouvernorats de Kairouan, de Siliana, du Kef et de Jendouba, la délégation de Nebeur se caractérise par un potentiel agricole et environnemental important grâce à l’abondance d’eau et à la présence du barrage Mellègue. L’exploitation des opportunités de Nebeur par l’intensification des périmètres irrigués, l’élevage des espèces aquatiques au niveau du barrage Mellègue et l’exploitation des produits forestiers sont susceptibles de créer des emplois et de réduire la pauvreté. La délégation de Sakiet Sidi Youssef est considérée elle aussi comme étant défavorisée par rapport à la plupart des délégations du gouvernorat du Kef. Il existe toutefois un important potentiel agricole à Sakiet Sidi Youssef qui pourrait être exploité.

Notons à la fin que le taux d’activité de la femme est plus élevé dans la région du Kef (34%). Il est supérieur à la moyenne nationale (26,5%). Cela est dû essentiellement à sa forte implication et évolution dans le domaine de l’artisanat dans cette région. Le Kef s’est mué ces dernières années en un pôle international du klim artistique.

Béja : une vocation agricole et un milieu rural dominant

Le gouvernorat de Béja, avec ses neuf délégations, appartient à la région de l’intérieur située au nord-ouest. Il souffre d’un taux de pauvreté des plus élevés du pays estimé à 26,4 % en dépit de sa proximité de la capitale. Il est doté d’une superficie cultivable de 340 000 hectares, dont 25 600 ha sont irrigués. Sa zone côtière de 26 km demeure cependant peu exploitée. Le taux d’urbanisation était évalué à seulement 44,3 % en 2014 et le taux d’accroissement démographique entre 2004 et 2014 était négatif, ce qui démontre que les activités du gouvernorat ne permettent pas de retenir la population qui migre vers les autres gouvernorats plus riches, notamment vers le Grand Tunis.

Le taux de chômage évalué à 17,83 % en 2015 est élevé et supérieur au taux national de 15,6 %. A Béja Nord, le taux de chômage moyen pour les femmes est de 27, 4% contre 13,1% seulement pour les hommes. Pour les femmes diplômées du supérieur le taux de chômage est de 34,9% contre 17,3% pour les hommes.

Le taux d’analphabétisme reste élevé dans ce gouvernorat comme en témoigne un rapport autour de la Stratégie intersectorielle d’inclusion des femmes dans la vie locale à Béja, élaboré en coopération avec des ONG internationales en partenariat avec le Crédif et la Commune de Béja. En effet, le taux de la population âgée de 10 ans et plus dans les communes des délégations de Béja Nord et Sud (respectivement de 15,52% et 16,49%) est supérieur au taux d’analphabétisme national moyen en milieu communal qui est de 12,5%. Le taux d’analphabétisme des femmes est très élevé et l’écart entre les femmes et les hommes est important. Dans la zone communale de Béja Nord, il est approximativement de 21% pour les femmes contre environ 9,8% seulement pour les hommes et dans celle de Béja Sud, il est de 22,2% pour les femmes contre 10,5% pour les hommes.

Les délégations qui enregistrent les taux de pauvreté les plus élevés sont Amdoun (37,6 %), Nefza (37,5 %) et Goubellat (36,9 %) ; elles disposent aussi des taux d’abandon scolaire les plus élevés. La délégation de Mejez El Bab enregistre les taux de pauvreté (17,1 %) et de chômage (13,18 % en 2015) les moins élevés du gouvernorat.

Les délégations les plus pauvres sont celles qui sont les plus éloignées du Grand Tunis et sont caractérisées par un taux de chômage élevé, une vocation agricole, l’agriculture vivrière, un milieu rural dominant, un problème d’exode rural, un faible niveau d’infrastructure de base, un taux d’analphabétisme élevé, un niveau d’instruction faible de la population et un problème de décrochage scolaire.  

Jendouba : un taux de chômage élevé

Les forêts sont considérées comme la principale ressource naturelle du gouvernorat de Jendouba. Ce dernier présente une diversité forestière très riche, mais très sensible. Le couvert forestier est composé de chênes-lièges et de chênes zéens avec un sous-bois riche en plantes médicinales et aromatiques ainsi que le pin d’Alep et le pin maritime.  Le chêne zéen couvre une superficie de 42732 hectares répartis sur les monts Khmirs et Mogods tandis que le chêne-liège couvre les pieds des monts principalement dans les délégations de Ghardimaou, Aïn Draham et Tabarka et couvre 6.413 hectares, selon la Dgat.

En dépit de ses richesses, le gouvernorat connaît un taux de croissance démographique négatif et son taux de pauvreté estimé à 21,5 % est élevé. Ainsi, les  délégations de Fernana (36,9%), Ghardiamou (27,2%) et Aïn Draham (24,8%) qui affichent les taux de pauvreté les plus élevés se caractérisent par les taux d’abandon scolaire les plus importants, selon le rapport de l’ITS et de la BM autour de la pauvreté en Tunisie. Les délégations les plus pauvres sont assez éloignées géographiquement de la ville de Jendouba. Elles sont caractérisées par la prépondérance du milieu rural, la faiblesse de l’infrastructure de base, un taux de chômage et d’analphabétisme élevé et le problème du décrochage scolaire.

Autre constatation, les délégations les plus pauvres sont éloignées géographiquement du chef-lieu du gouvernorat et sont caractérisées par un taux de chômage élevé, l’agriculture vivrière, un milieu rural dominant, un faible niveau d’infrastructure de base, un taux d’analphabétisme élevé, un niveau d’instruction faible de la population, le problème de l’exode rural et par le problème du décrochage scolaire. Les délégations de Rouhia (40,7%), Kesra (32,2%) et Makthar (26,5%) affichent les taux de pauvreté les plus élevés du gouvernorat de Siliana.

Siliana : un taux de pauvreté élevé malgré les ressources naturelles

A l’instar des autres gouvernorats du Nord-Ouest, le gouvernorat de Siliana, qui a été créé en 1974, connaît un taux de croissance démographique négatif et un taux de pauvreté très élevé de 24,7 %. Selon le Rapport de diagnostic des gouvernorats de Seliana, du Kef et de Jendouba, ce gouvernorat est doté de plusieurs atouts naturels qui doivent être exploités pour créer plus de richesses et d’emplois. Il dispose de plus de 1 800 sites historiques allant de la période carthaginoise jusqu’à la période islamique comme Zama (Siliana), Musti (Le Krib) et Maktharis (Makthar) ainsi que les vestiges aux alentours de Kesra, Bouarada et Bargou.

Siliana pourrait exploiter d’autres sites naturels comme celui d’Aïn Boussaâdia du côté de Jbel Bargou pour développer l’activité de tourisme de chasse, de culture, de nature et de camping, les produits de terroir comme les graines de pin d’Alep, l’huile d’olive, le miel, l’aubépine et les produits artisanaux. Malgré la dotation en ressources naturelles (pierres marbrières, sable, granulats, gypse et autres), le gouvernorat affiche un taux de pauvreté élevé. Les superficies cultivables sont estimées à 431 200 hectares, dont 18 400 hectares irrigués. Sa vocation agricole permet de développer des secteurs comme l’agroalimentaire, l’agriculture biologique et d’autres activités comme le tourisme culturel, le thermalisme.

Les délégations les plus pauvres sont éloignées géographiquement du chef-lieu du gouvernorat et sont caractérisées par un taux de chômage élevé, l’agriculture vivrière, un milieu rural dominant, un faible niveau d’infrastructure de base, un taux d’analphabétisme élevé, un niveau d’instruction faible de la population, le problème de l’exode rural et celui du décrochage scolaire. Les délégations de Rouhia (40,7%), Kesra (32,2%) et Makthar (26,5%) enregistrent les taux de pauvreté les plus élevés du gouvernorat de Siliana.

Les problématiques spécifiques de la région du Nord-ouest

Ces problématiques peuvent se résumer à la faiblesse de l’infrastructure urbaine avec une attractivité limitée et une faible dotation en services tertiaires de haut niveau, un réseau de villes  tournées vers la capitale et le littoral Est, l’absence de pôle urbain principal car aucune ville n’a d’emprise sur l’espace régional ainsi qu’à une tradition urbaine à l’exception des villes de Béja et du Kef. Les experts de la Direction générale de l’aménagement du territoire mettent en cause aussi dans leurs études un faible dynamisme dans la croissance des villes à l’exception de Tabarka et d’Ain Draham, des difficultés de liaisons du fait des éléments naturels entre les chefs-lieux de gouvernorat, du Nord vers le Sud, entre le pôle touristique et les villes de Béja et Jendouba, la gestion inadéquate de l’environnement urbain et une attractivité insuffisante pour les investissements étrangers.

Pour l’ensemble des villes qui constituent le paysage urbain de la région, les problématiques interpellent au titre des retards accumulés dans la base économique,  mais aussi dans des déficits d’anticipation sur les mutations socioéconomiques qui touchent le pays avec pour la région le passage d’une économie dite traditionnelle à une économie de services et d’échanges.  

Malgré l’ensemble des programmes régionaux de développement en milieu rural et en milieu urbain, l’évolution démographique montre une « région répulsive » avec des taux de croissance annuels très faibles.


La femme rurale dans la région du Nord-Ouest

Selon une étude réalisée par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance sur le travail des femmes en milieu rural et leur accès à la protection sociale  résidant dans certains gouvernorats dont ceux de Siliana et Jendouba, il ressort que la femme rurale entretient un rapport particulier avec la pauvreté, et ce pour des raisons essentiellement foncières. Elles ne sont propriétaires que de 5% des terres cultivables selon le Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (23/05/2021) pour cause d’isolement ou d’enclavement rendant l’accès à la terre difficile, de morcellement de celle-ci, réduisant ainsi le niveau de productivité ou encore à cause du climat pas toujours propice (pluviométrie insuffisante). A cela s’ajoutent un niveau élevé d’analphabétisme, un faible niveau de scolarisation, un manque de formation professionnelle et une dégradation précoce de la santé.

« L’analphabétisme chez les femmes reste supérieur à celui des hommes, leur taux d’activité est faible et les femmes qui se maintiennent dans la population active sont davantage touchées par le chômage que les hommes. En outre, leur participation à la prise de décision et à la vie publique au niveau local est faible », souligne un rapport autour de la Stratégie intersectorielle d’inclusion des femmes dans la vie locale à Béja, élaboré en coopération avec des ONG internationales en partenariat avec le Credif et la Commune de Béja.


Témoignage
Nasri Abdelwaheb, président de l’association Insaf el Kef pour le développement durable

 Les préoccupations des jeunes dans le gouvernorat du Kef sont en général en rapport avec les difficultés à l’accès à l’emploi et au logement, le système éducatif en place, les changements climatiques qui ont provoqué la pénurie de certains produits alimentaires, la détérioration du pouvoir d’achat, les inégalités sociales persistantes, la crise économique et financière et la détérioration des services de soins.

Les jeunes Keffois ambitionnent d’avoir une vie décente et un avenir meilleur. Ils aspirent au droit du travail et au droit d’avoir un foyer, une voiture et de fonder une famille. Ils rêvent d’une meilleure situation économique et de profiter des vacances et du charme de leur pays. Malheureusement, leurs rêves se heurtent violemment aux dures réalités du pays et aux divers obstacles. La crise économique qui sévit et la dégradation du pouvoir d’achat, associées à l’augmentation du taux de chômage, ont fortement et négativement impacté leurs conditions de vie.

Cette situation a été fortement ressentie dans les zones les plus défavorisées, à l’instar de la région du Kef où les taux de pauvreté et de chômage sont les plus élevés du pays. Cette situation a eu pour effet direct l’exclusion des jeunes de la vie active et a conduit à leur marginalisation. Les diplômés ne trouvent plus d’emploi et sont de plus en plus plongés dans l’incertitude en termes d’employabilité. Ils sont acculés à accepter des postes de travail sans qualification et à travailler parfois dans des conditions indécentes.

Des jeunes ont été ainsi poussés à larguer les amarres et ont opté pour la migration interne ou irrégulière, alors que d’autres ont plongé dans la délinquance. Pourquoi le rythme de développement est toujours long dans la région du Kef ? C’est que depuis l’indépendance, les autorités en place ont favorisé les régions côtières aux dépens des régions de l’intérieur qui constituent un silo de matières premières et de main-d’œuvre bon marché. Cette situation se poursuit toujours avec l’adoption de politiques qui ont contribué à l’aggravation des disparités en matière de développement. De plus, l’administration, trop affectée par la centralisation de l’Etat ,a conduit au blocage de la prise d’initiatives sur le plan local et l’absence de démocratie, d’autant que les allocations budgétaires en faveur des régions sont du ressort du pouvoir central.

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