Près de 10 millions de bouteilles en plastique seront distribuées par Coca-Cola pendant les Jeux olympiques de Paris. Selon le réseau France Nature Environnement (FNE), il s’agit d’une « pollution plastique injustifiée », et il vient donc de décerner au géant américain du soda la « médaille d’or du greenwashing ».
« Sur la prévision de distribution et de vente de 18 millions de boissons, plus de 10 millions proviendront de bouteilles en plastique », selon le FNE. Ce chiffre regroupe les 4 millions de bouteilles distribuées aux athlètes et aux arbitres. Cette distribution avec des bouteilles dont la capsule est scellée a pour objectif de lutter contre un dopage involontaire. Le reste sera à destination du public.
« D’après un document confidentiel, nous avons appris que trois quarts des boissons prévues à la vente proviendront de bouteilles en plastique. Ainsi, sur les 9 millions de boissons prévues, 6,4 millions de boissons proviendront de bouteilles en plastique », écrit FNE dans un communiqué. Toutefois, ces bouteilles ne seront pas données aux spectateurs. Leur contenu sera versé dans des verres consignés. Selon le FNE, il s’agit d’un « subterfuge » permettant d’assurer la communication un peu plus vertueuse sur l’environnement de Coca-Cola.
Selon Paris 2024, les chiffres sont toutefois erronés. « On parle non pas de 10 millions de bouteilles plastiques mais de 8,4, qui ne seront pas dans les mains des spectateurs », fait savoir au Parisien l’organisation des JO qui auront lieu dans la capitale entre juillet et août. Par ailleurs, 9,6 millions de boissons seront servies sans plastique à usage unique.
« Pour les 6,2 millions de boissons servies depuis des bouteilles, ça s’explique en fait assez simplement, ajoute Paris 2024. On a mis des fontaines dès que c’était possible, or sur les sites temporaires, il n’y a parfois pas de raccordement au réseau de distribution d’eau ou alors la manutention de bouteilles en verre est très difficile, et enfin, il peut arriver qu’il n’y ait tout simplement pas la place dans les buvettes et pas de partenariat post-Jeux des sites avec Coca, et il est donc impossible d’installer des fontaines. »
« Coca-Cola aurait dû réduire ses déchets »
Partenaire « mondial » des JO, Coca-Cola appartient au groupe des principaux sponsors. Les ONG regrettent que le groupe qui commercialise de nombreuses marques (Smartwater, Sprite, Fanta, Tropico…) ait obtenu « l’exclusivité de la distribution et la vente des boissons pendant les Jeux ».
En juin 2023, Coca-Cola et son embouteilleur Coca-Cola Europacific Partners (CCEP) avaient dévoilé en avant-première le dispositif mis en place pour les Jeux olympiques (JO) en association avec Ville de Paris. L’idée générale était que le géant américain s’engageait à répondre à l’exigence de réduction des emballages en « plastique à usage unique » grâce à des fontaines et au réemploi de gobelets en polypropylène (PP) consignés et avec un recours aux bouteilles en polyéthylène téréphalate (PET) recyclées. En outre, Coca-Cola avait assuré que les bouteilles en plastique seraient récupérées pour être recyclées.
« On sait que le recyclage n’est pas une solution : Coca-Cola aurait dû réduire ses déchets », selon Axèle Gibert, animatrice des réseaux prévention des déchets chez FNE. « Ils auraient par exemple pu penser à mettre des bouteilles en verre » à la place, estime-t-elle, rappelant que « la consigne a été mise en place en France jusque dans les années 1990 ».
Le comité d’organisation des JO a précisé de son côté le détail des 18 millions : 9,6 millions de boissons servies à partir de fontaines ou de bouteilles en verre, 6,2 millions de boissons servies dans des gobelets à partir de bouteilles en plastique recyclé, 2,2 millions de bouteilles en plastique recyclé pour les athlètes qui se verront aussi proposer des gourdes et auront accès à des fontaines à eau et à boissons.
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