Paris 2024 : après son échec à Tokyo, Lisa Barbelin a su rebondir pour décrocher le bronze en tir à l’arc

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Le tir à l’arc est un sport qui se joue à un contre un (trois contre trois pour l’épreuve par équipe) et où la Corée du Sud gagne à la fin. Enfin, pas toujours, mais presque. Depuis le retour de la discipline aux Jeux olympiques, en 1972, les représentants du Pays du matin calme ont raflé plus de la moitié des titres. A Tokyo, en 2021, ils n’avaient laissé échapper qu’une seule des cinq médailles d’or en jeu.

C’est donc un exploit qu’a accompli, samedi 3 août, la jeune Lorraine Lisa Barbelin, 24 ans, en battant (6-4) la Sud-Coréenne Jeon Hun-young lors de la petite finale pour décrocher la médaille de bronze, la première récompense pour une Française dans une épreuve individuelle aux Jeux. Elle fait suite à la médaille d’argent décroché lundi par l’équipe masculine, battue en finale par les incontournables Sud-Coréens.

Tout au long de la journée, Lisa Barbelin a été bruyamment soutenue par une foule de huit mille personnes massée dans les gradins ensoleillés du pas de tir installé sur l’esplanade des Invalides (7e arrondissement). Plus d’un millier de Sud-Coréens ont fait le déplacement pour soutenir leurs champions. Ils ont des raisons de se réjouir puisque leurs favoris n’ont, jusqu’à présent, laissé échapper aucun titre. Comme prévu, la finale du jour a ainsi opposé deux de leurs ressortissantes : la numéro un mondiale Lim Si-hyeon a battu Nam Su-hyeon, qui avait nettement dominé Lisa Barbelin en demi-finales.

Dans la petite finale, la championne d’Europe (en individuel en 2021 et par équipes en 2024) a conclu par un dix, en touchant le cœur de la cible, puis s’est effondrée en larmes. « Aujourd’hui, j’ai réussi à laisser sortir toutes mes émotions, c’est la beauté des Jeux !, a réagi Lisa Barbelin, très émue, en zone mixte après la remise des médailles. Grâce à ma préparation mentale, j’ai appris à faire de mes émotions une force. Aujourd’hui, j’étais hyperconcentrée sur ce que j’avais à faire, sauf sur la dernière flèche, où je n’ai pas pu rester dans le moment présent, mais ça a payé. »

Bourrasque

La journée a été longue pour en arriver là. En quarts de finale, la cheffe de file de l’équipe de France féminine a failli passer à la trappe face à l’Indonésienne Diananda Choirunisa. Idéalement placée dans la dernière manche, celle-ci pouvait se contenter d’un huit, une flèche moyenne, pour aller en demi-finales. Mais une bourrasque en a décidé autrement et la 38e mondiale n’a pu faire mieux qu’un cinq, avant de s’incliner à la mort subite. « Sur cette flèche-là, merci, merci beaucoup. Je ne sais pas s’il y avait quelqu’un au-dessus de moi mais en tout cas, merci pour ça ! », a souri Lisa Barbelin, en joignant les mains vers le ciel en signe de prière.

Cette médaille de bronze efface le souvenir douloureux de Tokyo, où la Mosellane avait été sortie en huitièmes de finale de l’épreuve individuelle. « Il y a trois ans, je me suis fait avoir bêtement car je me voyais déjà la médaille autour du cou, et j’ai perdu mes moyens, confiait la championne quelques semaines avant les Jeux. Mais je ne considère pas Tokyo comme un échec car j’y ai beaucoup appris. »

Dans sa progression, un homme a joué un rôle important : l’entraîneur sud-coréen multititré Oh Seon-tek, recruté en 2022 par la fédération comme responsable des équipes de France. En tir à l’arc, il existe un style européen et un style asiatique. Deux approches diamétralement opposées. « Monsieur Ho », – c’est son surnom –, a apporté aux membres de l’équipe de France sa philosophie, qui repose sur le zen, la répétition à l’infini d’un geste qui finit par devenir instinctif. Pour cela, il a fallu gagner en relâchement, ce qui n’a pas été simple pour Lisa Barbelin.

A l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, les relations avec l’entraîneur sud-coréen n’ont pas toujours été roses. « C’était compliqué pour elle d’aller vers plus de relâchement car ce n’est pas sa nature, mais elle l’a fait, tout en gardant son style », analyse Jean-Manuel Tizzoni, l’entraîneur de l’équipe de France féminine.

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« Grâce à Monsieur Ho, j’ai franchi des paliers, développe l’intéressée. Je tire moins en force, je suis plus régulière, mais j’espère lui avoir montré que ce n’est pas parce que ce sont les montages russes qu’on ne peut pas gagner. Les Asiatiques ne laissent rien transparaître, mais je trouve que laisser libre cours aux émotions rend les actions plus belles, car nous ne sommes pas robotisés, nos médailles ont plus de sens. »

Dans quatre ans, à Los Angeles, Lisa Barbelin n’aura que 28 ans. Dans ce sport à maturité tardive, elle pourra viser encore plus haut. Elle se projette : « Les Coréennes sont très fortes, mais elles ne sont pas invincibles. Pourquoi pas l’or dans quatre ans ? »

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