O sont les lites de ce pays .

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L’ancien ministre français, Michel Rocard, disait : « Si vous ne vous occupez pas de la politique, elle s’occupera de vous ». Cette citation, pourtant si simple, est d’une étonnante actualité aujourd’hui en Tunisie. A l’heure où le pays semble entamer un virage dangereux sur tous les plans, ses élites semblent démissionnaires et résolues.

Quand on évoque l’élite du pays, on pense immédiatement à une partie de sa classe politique. Mais il serait judicieux d’étendre cette définition à tous les corps de métier qui représentent une certaine excellence intellectuelle. Médecins, architectes, ingénieurs, écrivains, professeurs universitaires, enseignants, avocats, journalistes, magistrats et bien d’autres encore forment cette élite censée ouvrir la voie, guider le peuple et surtout, éviter au pays de sombrer aussi bien économiquement, politiquement que socialement. La majeure partie de ces personnes sont organisées en différents ordres censés porter leur parole et peser sur le cours des choses dans le pays. Mais force est de constater que les choses ne se passent pas ainsi dans notre pays.

Ces élites, à travers leurs ordres, se sont enfermées dans d’étroites considérations corporatistes et rien ne les fait bouger plus violemment que ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à leur petit pré carré. Il n’y a qu’à voir, dans ce contexte, la violence de la réaction de l’ordre des avocats au projet de loi organisant la profession d’huissier notaire. Les avocats y avaient vu une atteinte à leurs prérogatives et leur communiqué, à cette occasion, évoquait même le risque de destruction de la société tunisienne ! Il est normal, dans une certaine mesure, que les corps de métiers défendent leurs adhérents et aient des revendications purement professionnelles adressées à l’Etat, c’est même l’une de leurs fonctions premières. Mais en tout état de cause, l’ordre des médecins par exemple, ou celui des ingénieurs, ne peuvent se soustraire totalement à la situation politique de leur pays et mettre en avant la fausse excuse de la neutralité politique, comme si s’occuper de politique et avoir un avis sur la question était une forme de dépravation.

Drapée de cette neutralité fallacieuse, une grande partie de l’élite du pays s’est positionnée en opportuniste, cherchant à tirer le meilleur des développements de la situation politique et surtout cherchant à maintenir, et pourquoi pas élargir, leurs avantages. Ils ont donné l’impression de scruter comment le vent allait tourner pour ensuite chercher à se positionner au mieux sans aucune considération pour l’intérêt général.

L’ancien chef du gouvernement, Hammadi Jebali, avait déclaré un jour que nous sommes en péril à cause de notre élite. Une déclaration qui avait provoqué un tollé de réactions indignées, somme toute justifiées. Il est évident qu’il est déplacé et injuste de parler de péril et d’en faire porter la responsabilité à l’élite tunisienne. Néanmoins, il existe un déficit de la part de cette élite dans son action sociétale et dans son influence sur le cours des choses dans le pays.

Comme l’a fait Hammadi Jebali en son temps, il est indéniable que cette élite a aussi été prise pour cible par ceux qui gouvernent la Tunisie. Portés par le populisme, les gouvernants de la Tunisie ont multiplié les prétextes pour justifier leurs échecs et dans ce cadre, l’élite du pays a été diabolisée et vilipendée. Elle continue d’ailleurs de l’être. Mais cela ne peut justifier sa démission de la chose publique. Tous les pays du monde ont besoin de leurs têtes pensantes dans tous les domaines pour pouvoir avancer et évoluer. De la même manière, ces têtes pensantes ne peuvent en aucun cas se permettre de se désister de la chose politique dans le sens large du terme.

Aujourd’hui, ces mêmes élites fuient un pays qui leur est devenu invivable. Le décès en prison du médecin psychiatre, Mohamed Hajji, qui a obtenu après son trépas un non-lieu, est un exemple parlant de la situation. C’est par milliers que médecins, ingénieurs, informaticiens et autres quittent le pays chaque année. Encore une fois, ces gens sont vilipendés et accusés de trahison et même de désertion. On leur rappelle lourdement qu’ils ont été formés grâce à l’argent du contribuable tunisien et on cherche même à pondre des lois pour les empêcher de partir et les retenir de force dans le pays. Evidemment, cela est ridicule et le dangereux phénomène appelé fuite des cerveaux ne saurait en aucun cas être circonscrit de cette manière. Toutefois, il parait légitime de s’interroger si le pays aurait été si invivable si cette élite s’était plus impliquée dans sa marche. Si ces élites avaient pris leurs responsabilités en amont, il aurait peut-être été possible d’éviter la dégringolade qui aujourd’hui les fait fuir.

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