Once upon a time in Beverly Hills… La glaçante histoire des frères Menendez, qui ont assassiné leurs parents de sang-froid

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RÉCIT.- Monstres ou victimes ? Depuis la diffusion du second volet de Monsters, la question revient hanter le cœur de l’Amérique. À la fin des années 1980, Erik et Lyle ont abattu leurs parents dans leur demeure de Beverly Hills. S’ils plaident la légitime défense, ils ont été condamnés en 1996 à la prison à vie.

Kim Kardashian leur aurait secrètement rendu visite en prison, Ryan Murphy vient de leur dédier le second volet de sa série Monsters et Netflix s’apprête à réaliser un documentaire sur leur parricide : preuve que l’affaire des frères Menendez captive encore l’Amérique. En 1989, Erik et Lyle, âgés de 21 et 18 ans, ont abattu de sang-froid leurs parents, José et Kitty, avant de dilapider leur héritage en vêtements de luxe, voitures de sport et vacances hors de prix. Suite à leur arrestation, le duo a subitement brandi le mobile de la légitime défense, invoquant des années de viols sordides commis par leur père grâce à la complicité de leur mère. Une carte qui a peu convaincu les jurés, les condamnant lors de leur second procès, en 1996, à la prison à vie. Néanmoins le doute persiste. Cette mise à mort, à coups de fusil de chasse, a-t-elle été le fait de deux adolescents maltraités et désespérés ou l’acte de deux sociopathes, enfants pourris gâtés et avides d’un patrimoine familial estimé, à l’époque, à hauteur de 14 millions de dollars ? 

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Une Rolex tachée de sang

Erik Menendez à gauche en pull rose et son frère aîné Lyle, à droite en cachemire bleu, lors de leur premier procès en 1993.
VINCE BUCCI / AFP

Juillet 1993, premier procès. Dans la salle d’audience du tribunal de Los Angeles, on expose les faits : le 20 août 1989, José et Kitty Menendez ont été brutalement assassinés dans leur demeure à 5 millions de dollars, située au 722 North Elm Drive à Beverly Hills, l’une des plus belles allées du quartier des stars. À l’arrivée des policiers, deux pots de glace entamés trônent sur une table basse. À la télévision défile encore le programme du soir. Sur le canapé, le cadavre de José, 45 ans, directeur général de la société de distribution Live Entertainment, est maculé de sang : on lui a enfoncé un fusil de chasse dans la bouche, ce qui lui a fait exploser l’arrière du crâne, avant de lui administrer sept autres balles. Kitty, 44 ans, repose, elle, sur le sol, complètement défigurée. Toujours en vie après l’assaut, elle a été criblée d’une cinquième balle en plein visage quelques minutes plus tard, pour l’achever. Sous les ors du palais de justice, le procureur fait l’exposé de cette scène macabre. Les regards incrédules des jurés se posent sur les deux accusés : à 21 et 18 ans, ils sont grands, beaux, riches et impeccablement habillés. L’assistance est parcourue de murmures : Erik et Lyle Menendez, fils des victimes, sont targués de «barbares», de «monstres» et de manipulateurs forcenés.

La nuit du crime, ce sont eux qui ont «découvert» les cadavres. Eux qui ont appelé les secouristes du 911, l’un hurlant sa peine, l’autre versant des seaux de larmes, balbutiant que leurs parents venaient d’être assassinés. Eux encore qui ont mis les enquêteurs sur de fausses pistes – celle des cambrioleurs puis de la mafia – avant de dégainer les liasses de billets obtenues grâce à de leur assurance vie – environ 400.000 dollars – et de leur héritage. Lyle s’achète une Rolex, une Porsche Carrera et un restaurant de poulet frit. Erik s’envole dans une maison luxueuse en Israël, se payant l’un des meilleurs coachs de tennis du pays. En même temps, les deux frères donnent des interviews, déversant leur chagrin dans la presse. «Je n’ai jamais rien vu de tel et je ne verrai jamais rien de tel, déclare Erik deux mois après les meurtres, depuis la piscine de sa propriété. Ils ressemblaient à de la cire… Je n’ai jamais vu mon père impuissant et c’est triste de penser qu’il le fut un jour.»

Des aveux sur cassettes

Erik et Lyle Menendez sous le porche de leur villa à Beverly Hills.
Los Angeles Times / Los Angeles Times via Getty Imag

Et puis, il y a les preuves. D’abord ce scénario curieux, écrit par Erik Menendez deux ans avant les faits, dans lequel il imaginait le parricide commis par un adolescent au «look sophistiqué» et issu des riches quartiers de la Californie. Ensuite, cette douille provenant d’un fusil de chasse, retrouvée dans la poche de Lyle ; et l’alibi bancal selon lequel ils étaient au cinéma au moment de la tuerie. On rapporte enfin qu’avant de mourir, José avait menacé de rayer les deux frères de son testament pour les punir de leur immaturité. Flash-back : trois ans avant les crimes, Lyle et Erik s’engluent dans des affaires de cambriolages alors que la famille réside à Calabasas (Los Angeles), jetant l’opprobre sur leur père , immigré d’origine cubaine soucieux de préserver une bonne réputation. «Bruce Jenner (désormais connu sous le nom de Caitlyn Jenner, père de Kendall et Kylie, NDLR) avait une maison ici, s’était souvenu à l’époque du procès une amie proche de Kitty. Les garçons s’ennuyaient… alors ils ont commencé à cambrioler les maisons… ils ne pensaient pas qu’ils seraient attrapés. »

Enfin, il y a les aveux servis sept mois après les meurtres grâce à un concours de circonstances étonnant. Persuadé d’être protégé par le secret professionnel, Erik, le cadet, confesse en 1990 les détails de son crime à un psychologue, Jérôme Oziel, lequel enregistre tous ses rendez-vous sur cassettes. Le praticien, ayant peur pour sa vie – il assurera à la barre avoir été menacé de mort par Erik et Lyle – avait confié son lourd secret à sa maîtresse de l’époque, une certaine Judalon Smyth qui, après avoir été éconduite, ira dévoiler l’existence de ces enregistrements à la police.  

Monstres ou victimes ?

Erik et Lyle pendant leur second procès en 1996.
Ted Soqui / Sygma via Getty Images

En ce mois de juillet 1993, tous ces faits sont présentés dans la salle d’audience du tribunal de Los Angeles, mais Erik et Lyle semblent bien avoir préparé leur défense. Guidé par leur avocate Leslie Abramson, elle-même réputée pour sa ténacité et son approche controversée du droit pénal, le duo joue alors la carte de la légitime défense. C’est un véritable coup de théâtre : face aux jurés, les frères Menendez relatent des années de viols sordides et de tortures commises par leur père. Ils dressent le portrait d’une Kitty agressive et sous l’emprise de médicaments, et d’un José pédophile, cruel et sadique. Le New York Times  rapporte les propos de Lyle à la barre : «J’ai dit à ma mère de dire à mon père de me laisser tranquille, qu’il n’arrêtait pas de me toucher. Elle m’a dit d’arrêter, que j’exagérais et que mon père devait me punir quand je faisais des choses mal. Il me demandait de le masser, de lui faire des fellations. Il me décrivait, en dessinant, la manière dont il allait me tuer si je m’enfuyais. Ensuite, il a arrêté et a commencé à agresser Erik.» Il conclut : «Les gens disent que j’ai tout, que je suis riche et que je vis à Beverly Hills. Mais s’ils avaient vu des photos de mon enfance, ils y auraient vu du sang et des larmes… J’étais en train de mourir bien avant la nuit où j’ai tué mes parents.»

Les deux orphelins sont-ils vraiment des victimes ou ont-ils terni la mémoire de leurs parents pour échapper à la prison à vie ? Au cours du procès, on se pose la question. Surtout lorsqu’on apprend que l’avocate Leslie Abramson a demandé à un psychiatre de modifier ses notes pour appuyer l’argumentaire des accusés. Et puis il y a ces lettres envoyées par Lyle à plusieurs membres de son entourage en leur demandant de mentir au sujet de José. De grossières erreurs, il est vrai, mais qui ne démontent pas pour autant leur version des faits. En 1993, Andy Cano, leur cousin, martèle lors de son passage à la barre qu’Erik lui a bien avoué, lorsqu’ils avaient 13 ans, que son père le maltraitait. Trente ans plus tard, en 2023, une lettre écrite en 1988 par Erik sera d’ailleurs ajoutée au dossier : «Ça continue, Andy, mais c’est pire maintenant. Je ne peux pas l’expliquer. (…) Chaque nuit, je reste éveillé en pensant qu’il pourrait venir (…) Je sais ce que tu as dit avant, mais j’ai peur. Tu ne connais pas papa comme moi. Il est fou ! Il m’a prévenu une centaine de fois de ne rien dire à personne.»

Erik Menendez et son avocate Leslie Abramson lors du deuxième procès en 1996.
Kim Kulish / Stephen Kim

Les membres du jury n’arrivant pas à trouver un accord, ce premier procès est annulé par le juge, qui en ouvre un second en 1996. Le déroulé des événements est recité, scruté, les premiers mensonges sont exhumés et les arguments de la défense cette fois-ci définitivement balayés. Qualifiés de menteurs, Erik et Lyle Menendez écopent de la prison à perpétuité et sont transférés dans deux pénitenciers séparés. «J’ai tué mes parents et c’est une chose horrible. Mais il y a des circonstances que les gens ne comprennent pas, et je pense que si j’avais parlé plus tôt, peut-être que cela aurait été évité», dira Lyle des années plus tard, en 2005, comme le rapporte People . Et Erik d’ajouter dans une lettre à un proche : «Ce que nous avons fait est impardonnable, mais tout était devenu flou dans cette maison. Il n’y avait plus d’échappatoire». 

Suite à la nouvelle série de Ryan Murphy qui retrace le parricide, les frères Menendez, emprisonnés depuis 35 ans désormais, sont à nouveau dans la lumière. Si tous deux ont refait leur vie – Erik est marié à Tammi avec qui il a eu une fille, Lyle à Rebecca Sneed, une journaliste – ils soutiennent leur version des faits et espèrent bénéficier d’une liberté conditionnelle. À la barre, pendant son deuxième procès, Lyle avait juré : «Nous n’étions pas des monstres ! Nous étions deux jeunes hommes pris au piège dans une vie insupportable. Ce n’était pas un crime de cupidité.» 



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