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« Nous vivons dans un ancien presbytère qui vient juste d’être refait » : face à la pénurie de logement, étudiants cherchent bons plans

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Diane est plutôt heureuse dans son nouvel appartement. « Un studio meublé avec l’essentiel à l’intérieur et une salle de bains. Le tout dans un quartier calme, où je me sens en sécurité », se réjouit l’étudiante en alternance. Pourtant, son premier objectif – se rapprocher de son entreprise – est manqué. Celle-ci se trouve à Paris-La Défense et son appartement à Palaiseau (Essonne). « Cela me fait de longs trajets, pèse Diane, mais je préfère cela plutôt que me retrouver prise à la gorge par un loyer trop élevé. » Pour cause, 9 des 10 villes étudiantes les plus chères se trouvent en Île-de-France, selon l’étude menée par le site Locservice.fr.

À commencer par Paris, où les jeunes déboursent 907 euros en moyenne pour un studio. Longtemps, Diane a été hébergée chez un proche, cherchant tant bien que mal un bien à louer. « Premier problème : en région parisienne, tout est hors de prix. De plus, les propriétaires exigeaient au moins deux garants. Mon frère pouvait l’être, mais cela ne leur suffisait pas », se souvient-elle. Diane se tourne alors vers l’Arpej (Association des résidences pour étudiants et jeunes). L’organisme propose dans plusieurs villes de France des petits logements meublés.

550

euros

charges comprises, c’est le loyer moyen qu’un étudiant paie pour un studio

Source : Locservice.fr, 2024

D’une superficie de 18 m2 en général, leur loyer moyen est de 560 euros comprenant le chauffage, l’eau, une connexion Internet et des espaces communs (pour se détendre, garer son vélo, travailler, etc.). « Tout se fait rapidement et assez simplement. On va sur le site de l’Arpej, on repère la résidence qui nous intéresse, puis on envoie quelques documents. La réponse arrive le lendemain », explique Diane.

Une crise immobilière

Selon une estimation de l’Aires (Association interprofessionnelle des résidences étudiantes et services), il manquerait environ 250 000 logements pour les étudiants en France. Quand l’Union étudiante estime que la moitié d’entre eux (1,5 million) sont mal logés, entre habitats insalubres, solutions temporaires, jusqu’à des cas de jeunes sans-abri.

 

Or, la crise immobilière actuelle n’est pas de nature à faire baisser la tension. Le gestionnaire de résidences étudiantes « Les belles années » a relevé des écarts inédits entre le nombre de candidats à un hébergement et les offres disponibles. Selon ses calculs, la ville la plus tendue serait Rennes (Ille-et-Vilaine), avec un ratio de 104 candidats par annonce ! Devant Lyon (Rhône), La Rochelle (Charente-Maritime) ou encore Caen (Cal­vados), de grandes villes étu­diantes où le ratio dépasse chaque fois 85 candidats par annonce.

Marie Auzannat, responsable Engagement de l’association Article 1 accompagne de nombreux jeunes et étudiants boursiers. Selon elle et bien d’autres observateurs, le logement est devenu un critère majeur d’orientation. « Puis-je faire des études ? Combien de temps ? Où ? Au loyer, il faut aussi ajouter le coût de la vie. Certains jeunes concluent donc qu’étudier n’est juste pas une option », pointe Marie Auzannat. Un rapport du Sénat datant de 2021 donnait, à ce titre, un chiffre éloquent : 12 % des jeunes renonceraient à l’enseignement supérieur faute de pouvoir se loger.

Habitat engagé

L’association Article 1 a monté son propre dispositif, sous le nom de Ma1son. « Nous tra­vaillons avec tous les acteurs du logement pour ouvrir des résidences. Des gestionnaires publics comme les Crous (centres régionaux des œuvres universitaires) ou des opérateurs privés », explique la responsable Engagement de l’association.

Article 1 parvient ainsi à proposer des appartements moins chers que le marché : autour de 500 euros à Paris et à Lyon, moins de 400 euros à Bordeaux (Gironde). En « échange », ces étudiants boursiers (ou alternants) par­ticipent quelques heures par semaine aux projets menés par Article 1 : actions solidaires, écologiques, lutte contre la précarité dans leur quartier, débats, etc. « Nous semons des graines d’engagement, avec de beaux résultats. Beaucoup de ces jeunes y prennent goût et poursuivent dans la vie associative », se félicite Marie Auzannat.

Évidemment, le programme Ma1son n’est pas de nature à combler la grande pénurie de logements au niveau national. À ce jour, il dispose seulement de 245 places, avec de nouvelles ouvertures à Clichy (Hauts-de-Seine) et Bordeaux prévues cette année. Pour postuler, il faut donc être étudiant boursier ou en alternance, mais aussi montrer sa motivation à rejoindre cette démarche d’engagement au cours d’un entretien. « Tout peut se faire à distance », tient à préciser Marie Auzannat, pensant particulièrement aux étudiants qui vivent en outre-mer, où l’offre de formation est moins dense qu’en métropole. « S’ils n’ont personne pour les héberger, c’est mission impossible de venir pour eux. Ils ne peuvent même pas visiter les appartements pris d’assaut par les dizaines de candidats sur place ! »

Vis ma vie en famille

Du côté d’Arras (Pas-de-Calais), Éloïse a opté pour une solution qui rencontre un certain succès, le logement intergénérationnel. « Chez moi, il y a un couple, leur fils, la mère de la dame et moi au milieu », s’amuse cette étudiante en première année à Cesi, une école d’ingénieurs. Trois générations réunies, pour une formule qui lui va comme un gant. « J’avoue que cela me rassure. Je ne me sentais pas prête à habiter toute seule. L’autre option était de rester chez moi à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), car ce n’est pas loin. Mais faire du train tous les jours… », justifie Éloïse.

 

L’étudiante a eu vent de cette chambre libre par une amie de sa mère. « Son fils y avait habité, c’est comme ça que j’ai pu rencontrer la famille », retrace l’étudiante. Pour sa petite suite – car il s’agit d’une chambre avec sa propre salle de bains – elle paie un loyer de 250 euros, auquel s’ajoutent 5 euros par repas. « C’est franchement une bonne solution. Ces gens sont adorables et je me sens chez moi. Parfois, leurs autres enfants viennent déjeuner, c’est sympa. Le soir, on discute de tout. Ce sont de vrais bons moments », assure Éloïse. L’étudiante en 1re année a d’ailleurs été la personne toute trouvée pour conseiller le fils de « sa » famille sur Parcoursup, lui qui passait son bac cette année.

Essor du coliving

Dans un autre style, c’est avec des étudiants et jeunes actifs qu’Ambre partage une vaste demeure à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Petite particularité, ils sont 19. « Cela fait du monde, mais c’est justement ce que j’aime. J’avais le choix entre plusieurs résidences, j’ai pris la plus grande ! », sourit cette étudiante de l’ESC Clermont. Une colocation, donc ? Non, plutôt du coliving, concept venu des pays anglo-saxons, qui se répand à grande vitesse en France. Le principe est simple. Chacun a son propre bail, contrairement à une colo­cation où on le signe plutôt en groupe. Les locataires disposent de parties privées (salle de bains, toilettes) et peuvent se retrouver dans des espaces communs comme la cuisine et le salon. Voire, dans le cas d’Ambre, une salle de home cinéma et une cave à vin.

Le loyer de la jeune femme s’élève à 560 euros par mois. Avec son APL (aide personnalisée au logement), la facture descend à 340 euros. Une somme qu’elle estime correcte au regard de la qualité de l’hébergement. « Nous vivons dans un ancien presbytère qui vient juste d’être refait. Nous sommes les premiers dedans, c’est top », se réjouit-elle.

Palaiseau, le 26 janvier 2024. La résidence Ecla de Palaiseau est la plus grande résidence de coliving d’Europe avec 1 800 lits. Espaces de coworking, cuisine partagée, salles de cinéma et de sport… Cet habita partagé plaît aux étudiants et aux jeunes actifs. LP/Cécile Chevallier

L’étudiante a déjà vécu seule pendant un an et n’a pas peur de le dire : elle déteste ça. « J’étais en manque de gens, de rencontres, de discussions. Ici, la moitié des résidents sont internationaux, certains partent, d’autres arrivent, c’est plein de vie. » Par ailleurs, elle l’assure, même un jeune un peu timide peut trouver son bonheur dans le coliving. L’état d’esprit est différent de celui de la colocation et les parties privées assurent à chacun une bonne tranquillité.

Foyers étudiants, colocations, habitations solidaires et autres logements intergé­nérationnels sont donc de bonnes solutions pour trouver un hébergement abordable. Mais quand 250 000 logements manquent à l’appel, aucune ne fait office de baguette magique. Il faut surtout souhaiter bonne chance aux nouveaux étudiants dans leur recherche.

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