« Nous avons dit aux enfants que nous sommes Russes » : un couple d’espions libéré raconte sa vie sous une fausse identité

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Le Bureau des légendes a-t-il été traduit en cyrillique ? Depuis le plus grand échange de prisonniers en plus de trente ans entre l’Occident et la Russie, Moscou tire en tout cas une grande fierté à s’épancher sur l’identité de leurs dix ressortissants libérés, dont certains étaient des agents travaillant pour les services de renseignements selon les autorités.

Dès leur libération jeudi dernier, les prisonniers russes libérés ont été accueillis en grande pompe par Vladimir Poutine en personne. Moscou s’est alors gargarisé de retrouver des espions bien infiltrés à l’Ouest. À propos de l’un d’eux, Vadim Krassikov, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a par exemple reconnu sans détour qu’il s’agissait d’ « un membre du FSB » ayant notamment servi « avec plusieurs employés (actuels) du service de sécurité du président ».

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Mais le récit d’Artiom Doultsev et Anna Doultseva, et leurs deux enfants, fait encore plus figure d’exemples. À peine arrivés en Russie, ils ont donné une interview à la télévision publique du pays, diffusée lundi soir, et ils ont raconté le « contrôle permanent » de soi pendant les années de clandestinité, sous fausse identité et cachant tout à leurs enfants, jusqu’à en oublier leur langue maternelle.

Des agents dormants

La mère a affirmé avoir annoncé à ses enfants, dans l’avion qui les amenait en Russie, qu’ils n’étaient pas Argentins. « Ils ne savaient même pas qui était Poutine. C’est ainsi que les clandestins travaillent et font de tels sacrifices » avait quant à lui vanté le porte-parole de la présidence russe Vadim Krassikov, à leur arrivée. Le Kremlin l’a reconnu : ils étaient des « illégaux » des services de renseignement russes, des agents dormant se bâtissant pendant plusieurs années une fausse biographie.

Les deux étaient en effet arrivés en Slovénie en 2017. Artiom Doultsev et Anna Doultseva y habitaient avec des passeports argentins, sous les noms de Ludwig Gisch et de Maria Rosa Mayer Munos, avec leurs deux enfants.

 

Une vie sous légende jusqu’à leur arrestation en décembre 2022 et leur condamnation mercredi dernier par la justice locale à plus d’un an et demi de prison pour « espionnage et falsification de documents », une peine équivalente au temps déjà passé en détention.

« Buenas noches »

« Nous avons dit aux enfants que nous sommes Russes, qu’ils sont Russes et que nous sommes les Doultsev » a alors affirmé Anna Doultseva à la télévision. Ils expliquent ainsi n’avoir jamais parlé en russe à leurs enfants, seulement en espagnol. Sur le tarmac de l’aéroport, Vladimir Poutine les a d’ailleurs accueillis avec un « buenas noches ».

Tellement sous légende, dit Anna Doultseva, qu’elle a encore du mal à reparler sa langue maternelle. En immersion, « tu ne penses plus dans (ta) langue, tu te contrôles en permanence et quand nous sommes arrivés (en Russie), on a réalisé qu’on arrivait plus à la parler », a-t-elle détaillé à la télévision.

Ils « se sont mariés puis ont disparu »

Lors de leur interview, le journaliste russe a affirmé que les deux agents se sont « rencontrés en discothèque, se sont mariés puis ont disparu : leur travail commençait ». Toujours selon le journaliste, Anna Doultseva, originaire de la ville de Nijni-Novgorod, tenait une galerie d’art en Slovénie, tandis que son mari, natif de la région du Bachkortostan, avait fondé une « start-up informatique ».

« Les Doultsev ont élevé leurs enfants comme des catholiques hispanophones. Ils vont maintenant découvrir ce qu’est le bortsch », a commenté le reporter russe. Lors de leur détention, Artiom Doultsev a indiqué qu’un agent russe leur rendait régulièrement visite et lui a même « passé le salut » de Vladimir Poutine.

 

Dans le reportage, leur fille Sofia prononce l’une de ses premières phrases apprises en russe : « J’ai deux grands-mères, la Russie est très belle », avec les encouragements en espagnol de sa mère. « Le plus important pour nous, c’est la famille, et la famille, c’est notre pays », a affirmé quant à lui Artiom Doultsev.

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