Notre critique d’Emmanuelle  : un navet féministe prétentieux

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Présenté au festival de San Sebastian, annoncé comme un des événements de la rentrée, le remake du film des années 1970, signé Audrey Diwan, provoque plus de gêne que de plaisir. Noémie Merlant incarne cette femme en quête d’érotisme avec une application ridicule.

Visiblement, Audrey Diwan pratique les sports extrêmes. Adapter Emmanuelle Arsan après s’être attaquée à Annie Ernaux (L’Événement), cela relève du grand écart. Quelle souplesse ! Donc, il s’agit de troquer un prix Nobel contre un roman de gare. L’initiative montre une certaine largesse d’esprit, et peut-être une volonté de se dégager d’une prose étique. Un peu de couleur, de dépaysement. Il y a un problème : Just Jaeckin, cet horrible macho, est déjà passé par là. Oublions la Thaïlande et ses ambassadeurs. Direction Hong-Kong. Rassurons les nostalgiques : elle y est. On veut parler de la scène dans l’avion. Ils constateront que le confort des longs-courriers s’est amélioré et que les toilettes réservent davantage d’espace aux galipettes des passagers de première classe. Ces détails ne sont pas inutiles. 

Voilà l’héroïne (Noémie Merlant) débarquant dans un hôtel de luxe dont elle doit contrôler la qualité des prestations. La direction du groupe l’a envoyée pour ça. La tâche l’ennuie. Elle s’y attelle mollement. Elle calcule le temps que met le serveur pour lui apporter une consommation au bord de la piscine. Par la suite, elle observe que la remise dans le jardin ne sert pas seulement à ranger des outils. Un client du palace l’intrigue. Cet ingénieur ne dort jamais dans sa chambre. La patronne de l’établissement se ronge les ongles à l’idée d’être jugée. Naomi Watts s’efforce de prendre un regard affolé. Il faut qu’elle soit bien notée. Ça n’est pas sa faute si une aile du bâtiment est en travaux et si une tempête se déclenche. 

Pendant ce temps, Noémie Merlant, qui change beaucoup de tenues (la réalisatrice doit aimer In the Mood for Love), s’offre une partie de jambes en l’air avec un couple, car on est moderne, n’est-ce pas. La Française prolonge son séjour. Elle se croit sans doute dans Lost in translation. En Europe, ses supérieurs s’impatientent. C’est que la dame est consciencieuse. Son verdict attendra. Ses moments de loisirs la poussent à visiter les bas-fonds, à s’introduire dans des tripots enfumés. Le plaisir est pour elle une terre étrangère. Elle y met du sien, pourtant. La preuve : elle a un bleu sur la hanche. Comme elle se souvient de Neuf semaines et demie, elle se caresse avec un glaçon : il ne fond même pas. C’est dire si la sensualité exsude de l’écran. On regrette presque l’indolente et languide Sylvia Kristel. 

Noémie Merlant déploie de louables efforts pour ne pas ressembler à une agrégée de lettres qui aurait gagné un voyage aux antipodes sur internet. La mise en scène est élégante, léchée, d’une froideur qui n’est peut-être pas volontaire. Cela brille, mais reste lisse. Les dialogues sont ampoulés, ce qui ne signifie pas lumineux. On disserte sur la tristesse. Une escort lit Les Hauts de Hurlevent. Évidemment, le but était de transformer Emmanuelle en icône féministe. Drôle d’idée. L’hôtel, lui, est très bien. Il mérite ses cinq étoiles. On n’en dira pas autant du film. Une chose est sûre : il ne restera pas dix ans à l’affiche sur les Champs-Élysées.

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