Nos envies de lecture : « L’Escale », « Le Temps des cerises », « L’Escalier de la rue de Seine »…

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LA LISTE DE LA MATINALE

« Le Monde des livres » vous propose cette semaine une sélection de livres autour de moments charnières. L’Escale, premier roman de Marion Lejeune, offre un répit contemplatif au fugitif Grigori sur les côtes de l’Atlantique Nord. Montserrat Roig raconte, dans Le Temps des cerises, le passage de l’Espagne de Franco à celle du Marché commun. Dans L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr revient sur l’histoire de sa revue, La Délirante, et sa vie de passeur entre les mondes de l’art et de la poésie. Enfin, Ian Soliane, dans Après tout, explore l’impossible deuil d’un homme qui recrée son épouse défunte, sous la forme d’un clone bio-informatique.

ROMAN. « L’Escale », de Marion Lejeune

On ne devrait peut-être pas s’étonner de ce qu’un roman dont le protagoniste est un marin, et le décor planté dans l’Atlantique Nord, en sache long sur l’art de harponner le lecteur. Dans les premières pages de L’Escale, la menace plane en effet sur Grigori : il a contracté des dettes sur le voilier de commerce qui l’emploie. Menacé de mort, il profite de l’escale du Gren sur l’Archipel pour fausser compagnie à l’équipage et se réfugier à terre. La tension peut se relâcher en partie, mais pas notre attention : nous voilà ferrés… Et le premier roman de Marion Lejeune peut entamer, dans les pas de son protagoniste, un virage splendidement contemplatif, qui prend le temps de regarder, de humer, de goûter.

Plus encore que par son intrigue ou l’épaisseur de ses personnages, L’Escale marque par les images que suscite la plume précise et sensuelle de l’autrice, nourrie par la lecture de l’Islandais Jon Kalman Stefansson : celles de paysages nordiques aux falaises battues par les vents et aux prairies peuplées de moutons, d’où observer le vol des oiseaux. Dépaysement garanti, moyennant un bilan carbone somme toute modeste. R. L.

ROMAN. « Le Temps des cerises », de Montserrat Roig

Après douze ans d’exil, Natalia Miralpeix revient à Barcelone, sa ville natale. A 36 ans, cette photographe, fille de la bourgeoisie catalane, rentre dans une Espagne qui vit les dernières heures du franquisme. Nous sommes en 1974, un an avant la mort de Franco, et, comme le dit le chauffeur de taxi, « ça a drôlement changé ici ». D’un côté, le pays s’apprête à entrer dans le Marché commun, mais, de l’autre, le régime continue à mettre à mort ses opposants.

C’est dans ce balancement, entre deux époques, deux lieux, entre progrès et régression, que se tient le roman de ­Montserrat Roig (1946-1991), étoile filante des lettres catalanes dont l’œuvre, trop courte, a durablement marqué les générations suivantes. Mettant en scène deux familles bourgeoises unies par des liens professionnels et conjugaux, les Miralpeix et les Claret, elle explore habilement la façon dont l’Espagne évolue – ou pas – depuis la guerre civile. L’intelligence du roman, qui mêle les voix des différentes protagonistes dans une sorte de flux de conscience étourdissant, tient à sa façon de décentrer en permanence les points de vue sur la situation. Un classique de la littérature catalane paru en 1977, traduit pour la première fois. Ar. S.

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