Nick Cave : « “Wild God” est un disque joyeux peuplé de morts »

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Auteur d’une des œuvres les plus inspirées et renouvelées dans la sphère du rock, Nick Cave publie Wild God, son 18album en studio avec son groupe historique, The Bad Seeds, qui n’avait plus été réuni depuis Push the Sky Away, en 2013. A 66 ans, le chanteur australien parvient encore à surprendre avec dix chansons débordant de vitalité et d’onirisme, quand Ghosteen (2019) était hanté par la mort de son fils Arthur. Rencontre dans un hôtel de Londres, la ville où il réside, avec un artiste célébrant la joie.

Avec les épreuves que vous avez traversées, on n’imaginait pas qu’un jour une de vos chansons s’intitulerait Joy (« joie »)…

J’ai pensé utiliser ce mot comme titre de l’album. Je ne l’ai pas fait, car beaucoup de gens le confondent avec la félicité. Pour moi, la joie surgit de la souffrance. Elle nous montre qu’on est en vie comme des êtres ascendants, c’est presque un sentiment religieux. La joie a été cultivée dans la mécanique du chagrin. Ce disque a été fait par quelqu’un qui a connu la perte mais qui est fondamentalement heureux dans l’existence. Je n’aurais pas pu dire cela il y a cinq ans.

Lire aussi la critique de l’album | Article réservé à nos abonnés « Wild God », de Nick Cave & The Bad Seeds

Fallait-il impérativement réunir The Bad Seeds – formés en 1983 – pour donner une forme à cette joie ?

Absolument. C’était pourtant la première fois que j’ignorais quel type d’album je voulais faire. Avec les Bad Seeds, nous avions atteint un stade où nous risquions de nous répéter. Warren [Ellis, le partenaire musical de Nick Cave depuis vingt ans] et moi avons alors collaboré avec d’autres musiciens pour emmener notre musique dans une autre direction. Je pense en fait que nous avons toujours cherché une manière différente d’articuler les mêmes éléments. Là, il a fallu aussi veiller au bien-être des Bad Seeds, qui avaient été mis de côté. Il n’y avait pas vraiment de place pour eux dans les albums Skeleton Tree [2016], qui devait rester brut, et Ghosteen, si vulnérable qu’il n’aurait pas supporté batterie et basse. Je voulais cette fois le retour des Bad Seeds. Les revoilà pleins de leur énergie sauvage, dangereuse et rebelle.

Peut-on distinguer deux périodes dans l’histoire de ce groupe ? Les années avec Mick Harvey jusqu’en 2008, celles avec Warren Ellis depuis ?

Oui. En partant, Mick a emporté sa guitare, qui colorait fortement notre son, et en a retiré l’élément le plus rock’n’roll. Nous avons pu commencer à faire une musique que je trouve plus intéressante, plus expérimentale et abstraite. Warren aime la musique sans la moindre ironie postmoderne. A l’opposé de Blixa Bargeld [musicien allemand membre du groupe bruitiste Einstürzende Neubauten, puis des Bad Seeds jusqu’en 2003] qui jouait de la guitare en détestant la guitare…

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