Michel Bellin, ancien prêtre : « Après la désacralisation de l’homme au béret, l’abbé Pierre, que va-t-il se passer ? »

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L’une après l’autre, les idoles catholiques tombent. Quasiment à 100 % des hommes. Pas des obscurs ni des sans-grade, quasiment des saints. Jean Vanier, fondateur de L’Arche, Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, Georges Finet, cofondateur des Foyers de charité, etc. Et, le dernier en date, Henri Grouès, dit « l’abbé Pierre », créateur d’Emmaüs. A chaque fois, une fois révélé le crime [tous sont accusés de violences sexuelles], l’institution s’est montrée secrète, tortueuse et cauteleuse, choisissant l’inefficace sanction de l’éloignement des brebis galeuses. Certes, la hiérarchie catholique a parfois parlé, par la voix du pape François, relayée par tel ou tel évêque. C’est bien, c’est bienfaisant. Libérée, la parole circule.

A quand des actes ? Oui, que va-t-il se passer maintenant ? Surtout après la désacralisation de l’homme au béret, déjà érigé en mythe vivant par Roland Barthes dans ses Mythologies. Les responsables vont-ils enfin s’interroger sur l’ambiguïté du sacerdoce ? Sur l’assouplissement de la tardive règle d’airain du célibat ? Sur l’ouverture de la prêtrise aux femmes ? Voire la réintégration des postulants gays actuellement interdits de séminaire ! Et comment associer les laïcs à cette mise à plat ? Par quelle (neuve) instance ? Des Etats généraux sur le sacerdoce ? Un nouveau concile œcuménique ?

Il s’agirait d’élaborer une autre règle pour les prêtres, fondée sur une anthropologie plus saine et une plus grande fidélité exégétique. Pour maints croyants, qui le ressentent dans leurs tripes sans avoir les catégories, ni les mots pour le conceptualiser, leur Eglise est malade de ses prêtres. Si les pédophiles restent minoritaires, les autres – de plus en plus âgés, solitaires, surmenés parfois jusqu’au burn out, voire au suicide – apparaissent dans leur ensemble, surtout en Occident, fort à l’étroit dans leur peau et dans leur âme. Sans même évoquer la double vie de maints abbés africains ou le sort peu enviable de centaines d’enfants de prêtres acculés à la clandestinité pour être de vrais-faux orphelins.

Institution bloquée

Pourquoi le nier ? Pourquoi ne pas aller à la racine profonde, dévitalisée, voire gangrenée, même si le célibat n’est pas la cause numéro un de la crise des vocations, pas plus que le mariage en serait le remède miracle. Un diagnostic clair s’impose : en catholicisme macère sinon une impuissance congénitale, du moins une lenteur séculaire à se réformer pour rester fidèle à l’Evangile ; à s’humaniser pour faire corps avec « l’Amour fait homme » [expression désignant le Christ].

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