Hausse des impôts : Barnier se donne du temps, Attal exige une clarification de la «ligne politique»

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Plusieurs interlocuteurs du premier ministre affirment qu’il n’écarte pas une augmentation de la fiscalité des plus hauts revenus et des sociétés. De quoi crisper une partie de la classe politique.

L’hypothèse prend corps depuis quelques heures. Deux semaines après avoir été nommé à Matignon, Michel Barnier peaufine le budget 2025. Alors que la composition du gouvernement tarde à venir, le premier ministre, qui n’a pas encore prononcé son discours de politique générale devant l’Assemblée, est à la recherche d’économies. Parmi les pistes étudiées, une hausse des impôts a été évoquée avec des interlocuteurs.

Une possibilité dont le ministre démissionnaire de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est fait l’écho mardi matin lors de la réunion du groupe Ensemble pour la République (EPR). Et qui serait justifiée, selon des propos rapportés, par la dégradation des finances publiques. De quoi crisper les députés macronistes, agacés de ne pas avoir plus de précisions sur ce scénario et la politique économique que Michel Barnier entend mener. 

Quelques heures plus tard, le chef de file des députés EPR Gabriel Attal a enfoncé le clou. En exigeant, dans un message envoyé à ses troupes, une clarification de la «ligne politique» de son successeur, tant sur «d’éventuelles hausses d’impôts» que sur «les grands équilibres gouvernementaux». «Nous ne disposons pas encore d’une visibilité claire», a-t-il affirmé, expliquant avoir sollicité un nouveau rendez-vous avec le premier ministre «pour décider de (leur) participation au gouvernement». Les deux hommes se verront mercredi matin.

Une hausse de l’impôt sur les sociétés ?

Si le locataire de Matignon «ne s’interdit pas», d’après ses proches, «d’aller dans le sens d’une plus grande justice fiscale», comme il l’avait laissé entendre dans sa première interview télévisée sur TF1, Michel Barnier n’a pour l’heure pas évoqué les contours de ces ajustements. Selon un ancien conseiller gouvernemental, il envisagerait une surtaxe sur l’impôt sur les sociétés. D’autres évoquent une pression fiscale accrue sur les plus aisés. Une manière de prendre le contre-pied des recommandations de Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l’Économie, qui a plaidé pour «ne pas revenir en arrière» sur les impôts dans son discours d’au revoir à Bercy.

L’entourage du premier ministre a beau marteler que ces rumeurs sont de «pures spéculations», et qu’«aucune option n’est aujourd’hui arrêtée», elles ont mis une partie de la classe politique en ébullition. Notamment la droite, qui, privilégiant une baisse des dépenses, a fait de la hausse des impôts une ligne rouge. Sur X, le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a pourfendu un Michel Barnier qui «se mue en digne héritier du macronisme» ayant «fait de la France le pays le plus fiscalisé de l’OCDE». Hypothèse qui serait, selon lui, «synonyme d’une opposition intransigeante et déterminée».

Son nouvel allié depuis les législatives, le Rassemblement national, souffle lui le chaud et le froid. «La France est la première puissance fiscale au monde, donc à un moment donné, il faut que ça s’arrête», a tonné sur BFMTV le député Julien Odoul, selon qui «l’augmentation des impôts est une ligne rouge». Son collègue Jean-Philippe Tanguy, chantre d’une ligne sociale en phase avec les aspirations de ses électeurs de la Somme, s’est montré plus nuancé. 

«Si c’est une mesure de justice fiscale, qu’on impose davantage les plus privilégiés et les surprofits de certaines multinationales en échange d’une baisse de la pression fiscale sur les classes moyennes et populaires, alors Monsieur Barnier aura notre soutien», a-t-il fait valoir sur BFMTV. À l’inverse, si l’augmentation n’est pas compensée par une décrue en faveur des plus modestes, les élus nationalistes «prendront, selon les annonces faites, les dispositions nécessaires.»

Outre le communiste Fabien Roussel, qui accuse l’exécutif de «faire les poches des Français», la gauche est très discrète sur ces indiscrétions. Il faut dire qu’elle avait l’esprit ailleurs après que le président de la Commission des Finances Éric Coquerel, flanqué du député Liot Charles de Courson, n’a pas obtenu ce mardi à Matignon les «lettres plafonds», qui fixent les crédits pour chaque ministère dans le cadre du budget 2025. L’Insoumis a déjà promis qu’il irait les chercher mercredi à Bercy.



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