Mes humeurs: Nos routes, nos chauffards | La Presse de Tunisie

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C’est fou, sidérant comme le Tunisien aime la voiture, particulièrement sa voiture. Une auto, c’est bien, utile, ça raccourcit les distances, c’est nécessaire pour aller à son travail, indispensable pour raccompagner ses enfants, l’auto vous donne la liberté de vous déplacer, de changer d’endroits, de découvrir des paysages, les sites de votre pays et de nouveaux territoires et à changer d’air. Dans son admirable (et classique) ouvrage « Mythologies », l’écrivain-linguiste Roland Barthes définit l’automobile et ses attributs et ses superlatifs ainsi: «C’est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques. ». C’est dire !

Mais une voiture, ça coûte beaucoup au citoyen, à la nation. Non seulement sur ses désastreux effets sur le réchauffement climatique, mais, et ce qui est plus grave, dramatique, en vies humaines. A ce propos, Barthes, qui avait aussi signalé le côté négatif de l’automobile, est mort en 1980 (ironie du sort) des suites d’un accident, il a été renversé par une camionnette, alors qu’il traversait un passage piéton à Paris.

L’événement a, légitimement, fait couler beaucoup d’encre à l’époque.

Notre pays enregistre des chiffres alarmants en matière d’accidents de la route ; depuis des décennies, les autorités ne cessent de prévenir, d’avertir, de sévir, de punir, mais cela ne semble pas s’arranger, le citoyen garde ses préjugés, parmi lesquels il est le meilleur conducteur, de toute façon meilleur que ses concitoyens. Et s’il y a faute, c’est évidemment l’autre conducteur, sinon c’est l’état des routes, les ornières, les feux, la mauvaise signalisation verticale ou horizontale, c’est l’agent de la circulation qui n’est pas à sa place (les chauffeurs de taxis sont champions en la matière). Pourtant, les chiffres montrent que le conducteur tunisien ne respecte pas les règles de conduite ; les statistiques de l’Observatoire national de sécurité routière l’attestent, elles recensent aux derniers chiffres (2023) 965 décès sur les routes, avec une  augmentation de 18,26% par rapport à la même période de l’année précédente.

C’est l’été, le nombre des voitures sur les routes va substantiellement augmenter (retour des Tunisiens résidant à l’étranger). Que faire contre les indisciplinés, contrevenants autoproclamés meilleurs au monde?

Continuer à râler contre l’état des routes, grogner contre les agents de la circulation, se plaindre contre les mauvais mécaniciens, dénoncer des marques de voitures, maugréer conte la météo…

Les contrevenants sont têtus, arrogants, toujours sûrs de leur jugement, bancal soit-il ; en dépit des chiffres, ils continueront à proclamer qu’ils sont champions de la conduite ; les accidents ? Si ce n’est pas les bougres vacanciers qui arrivent de l’étranger, ce sont les conducteurs qui ont obtenu leur permis par la corruption. Et si ce ne sont pas ces derniers et les autres, il y a toujours les Libyens, les Européens, les Américains…l’enfer, c’est toujours les autres.

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