Melle, foyer de la résistance aux mégabassines

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Festival éphémère

Dans le Poitou, une commune résiste encore et toujours aux mégabassines. Elle s’appelle Melle et les militants écologistes connaissent tous son nom désormais. Du 16 au 21 juillet, la petite commune des Deux-Sèvres, devenue le lieu de pèlerinage annuel des antibassines, a accueilli pour la deuxième fois le « Village pour la défense de l’eau ». Ils ont été plusieurs milliers à converger vers ce festival écolo éphémère, où se sont tenus des tables rondes, des ateliers et des projections autour des enjeux liés à l’eau. Deux manifestations ont été organisées pour demander l’arrêt total des projets de mégabassines, ces immenses retenues de substitution qui servent à retenir l’eau pompée dans les nappes phréatiques l’hiver pour irriguer les cultures l’été.

Proche de Sainte-Soline

Si la commune de Melle a été choisie comme point de départ des manifestations, c’est qu’elle est devenue, depuis l’année dernière, la base arrière des actions « coup de poing » organisées par Bassines non merci et Les Soulèvements de la Terre. Sa position stratégique, à quelques kilomètres seulement du chantier de réserve d’eau artificielle de Sainte-Soline, y est pour beaucoup. Le 25 mars 2023, alors qu’une manifestation contre ce projet avait mobilisé près de trente mille personnes (entre 6 000 à 8 000, selon les autorités) et occasionné deux cents blessés, Melle avait servi de point de chute à des manifestants à bout de souffle. Un concert de punk rock, ce soir-là, avait réchauffé les cœurs.

Tradition de terre d’accueil

« Petite cité de caractère », peut-on lire à l’entrée de cette commune médiévale de six mille deux cents habitants. Et du caractère, il en faut pour accueillir ce type d’événement. En 2023, Melle a été la seule ville des environs à accepter ­d’héberger le campement des militants. Une façon de renouer avec « la tradition d’accueil de la commune », selon les mots de son maire, Sylvain Griffault, élu en 2020 sans étiquette. Melle a été un foyer du protestantisme au Moyen Age, puis une terre de Justes lors de la seconde guerre mondiale. Agrandie en 2019 pour fusionner avec quatre communes, elle s’apparente à ces villes rurales vieillissantes et pauvres, ancrées à gauche, dans une circonscription où la députée écologiste Delphine Batho a été réélue.

« Château d’eau » à sec

A Melle, on cultive l’idée que l’eau est une ressource précieuse, à l’heure où les épisodes de sécheresse imposent à ses résidents des restrictions depuis plus d’une dizaine d’années. Et où le vent, qui rend aride les terres, fragilise les cultures. La commune du sud des Deux-Sèvres fait partie de ces villes bordées de rivières – la Bérarde, la Berlande et la Légère – et longtemps considérées comme le « château d’eau » du département. Mais le manque de régulation de la ressource sur le bassin versant ainsi que l’agriculture intensive ont fini par assécher tout le territoire, cristallisant les tensions que le réchauffement climatique avait fait émerger.

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