« MaXXXine » : une immersion dans l’envers infernal de l’usine à rêve hollywoodienne

Partager

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Ti West, réalisateur américain de films d’horreur, est non seulement une nouvelle signature du cinéma de genre, mais quelqu’un soucieux de s’en faire l’historien, le mémorialiste infiltré. Ainsi toute l’originalité de la trilogie « X » entamée en 2019, et qui trouve un bel achèvement avec MaXXXine, aura-t-elle consisté à examiner les racines communes de l’horreur et de la pornographie modernes, deux élans contre-culturels nés dans le bouillonnement des années 1970 et les marges du cinéma d’exploitation.

Pensé d’emblée comme un triptyque cohérent, le cycle horrifico-sexuel conjure également une tendance du genre à se perdre dans des suites anarchiques, par une ampleur romanesque assumée. Là où l’aventure prend un tour inouï, c’est dans le partenariat au long cours entre le cinéaste et une actrice, la formidable Mia Goth, portant les trois parties sur ses épaules, et amenée à y jongler entre plusieurs rôles.

X (2022) démarrait en 1979, à l’occasion d’un tournage porno au fin fond du Texas, dont l’équipe se faisait décimer par des ruraux dégénérés tout droit sortis de Massacre à la tronçonneuse (1974). Pearl (2022), sorti en France uniquement en VoD, remontait aux origines du drame, en 1918, pour une variation traumatique sur le thème du Magicien d’Oz. MaXXXine, le dernier volet, s’installe à Los Angeles dans les années 1980, aux côtés de Maxine Minx, seule rescapée du massacre initial, dans son rêve de quitter le porno pour percer à Hollywood. Après un casting convaincant, elle décroche le premier rôle de The Puritan II, série B démoniaque, suite d’un succès de vidéoclub. Mais alors que la production se met en branle, des meurtres en série se rapprochent de la comédienne sous pression, qui de surcroît se met à recevoir des courriers compromettants, et se découvre prise en filature par un détective privé aux allures louches (Kevin Bacon).

Eclairages baroques

MaXXXine s’inscrit ainsi dans une lignée d’œuvres sur l’envers infernal de l’usine à rêves – des Ensorcelés (1952), de Vincente Minnelli, à Mulholland Drive (2001), de David Lynch – ici revisitées façon slasher aux couleurs criardes des années 1980, tirant sur la texture crépitante des anciennes VHS (format révolu de vidéocassette à bande magnétique). La bonne idée de Ti West, c’est de convoquer cet âge d’or de la série B de vidéoclub, moins par une reconstitution en règle que par son empreinte visuelle : éclairages baroques, monochromes saturés, fétichisme des matières (le tueur aux mains gantées), usage délicieusement daté du « split screen » (écran divisé), jusqu’au « hard FM » de rigueur qui vient électriser par moments la bande-son. Plus encore qu’un exercice vintage, le film tente de retrouver une certaine extase formelle associée à cette époque, plongeant son héroïne dans un bain d’images et d’artifices.

Il vous reste 51.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

#MaXXXine #une #immersion #dans #lenvers #infernal #lusine #rêve #hollywoodienne

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut