« Maintenir les cinq anneaux sur la tour Eiffel dit beaucoup de la façon dont la culture a été instrumentalisée durant les JO »

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Les Jeux olympiques (JO) furent enthousiasmants, historiques même, les stades furent pleins, les couacs rares. La bonne vibration se poursuit avec les Jeux paralympiques jusqu’au 8 septembre. Après avoir qualifié les grincheux de « peine-à-jouir » – ils ne l’avaient pas épargnée, il est vrai –, Anne Hidalgo entend désormais étirer sa bonne séquence le plus longtemps possible.

Comme la maire (socialiste) de Paris aura sans doute du mal à ce que sa ville ressemble éternellement au décor propret de la série Emily in Paris, elle a eu une idée : les anneaux olympiques accrochés sur la tour Eiffel vont y rester. Même si le monument métallique dépend de la municipalité, il n’est pas sûr qu’Anne Hidalgo ait le droit de décider seule sans tenir compte du code du patrimoine, donc de l’Etat, voire des héritiers, d’autant que les anneaux sont une marque et leur affichage une forme de publicité. Les critiques n’ont du reste pas attendu longtemps, sur la Toile, sous la forme d’une pétition, de la part de la ministre démissionnaire, Rachida Dati, ou venant des héritiers de Gustave Eiffel.

Cet exemple dit beaucoup de la façon dont la culture est instrumentalisée pendant ces Jeux. Des sportifs dans l’arène, le public dans les gradins, le monde entier devant son téléviseur furent épatés par la manière dont les monuments et les musées ont servi de décor et ont magnifié les compétitions. Mais à l’intérieur des sites exposant de l’art, comme le Louvre, ce n’était pas la fête.

Séduire un public qui a la tête ailleurs

La plupart des musées parisiens ont connu une baisse de fréquentation de l’ordre de 25 % à 50 % pendant les JO. Le château de Versailles a fait le plein en extérieur pour les épreuves d’équitation et de pentathlon moderne, mais a vu le nombre de visiteurs chuter de 25 % dans les salles. La raison est d’une grande banalité. Les amoureux de la culture, Français comme étrangers, ont fui Paris – il eût été masochiste de se déplacer à une période où tout est plus cher et compliqué. Inversement, les passionnés de sport et de messes collectives, venus à Paris du monde entier, n’avaient pas vraiment la tête à la culture, voire s’en contrefichaient. C’est comme ça depuis des décennies. A Londres en 2012 et à Rio en 2016, ce fut catastrophique pour les lieux culturels.

Les musées et les monuments les plus prestigieux, « instagrammés » comme jamais, ont l’espoir de se refaire dans les mois qui viennent. Rappelons tout de même que, au printemps, le Comité international olympique (CIO), la Ville de Paris et le ministère de la culture vantaient, non sans lyrisme, un mariage gagnant-gagnant du sport et des arts. Personne n’y croyait, mais il fallait feindre d’y croire. C’était même amusant ou pathétique : en public, des patrons de musée ont manié les poncifs éculés sur les liens entre art et sport ; en privé, ils avaient des mots durs sur la séquence.

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