Madrid, capitale de son cœur, rend hommage à Pedro Almodóvar à travers une exposition

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Madrid, chica Almodóvar présente 200 photos issues des 23 films ou d’archives personnelles qui retracent l’histoire passionnée du cinéaste pour sa ville.

Cinéaste des femmes, Pedro Almodóvar a la réputation d’être fidèle à une poignée d’actrices incarnant ses héroïnes, mais sa muse d’hier et de demain reste Madrid. Jusqu’au 20 octobre, la ville rend hommage à cette relation amoureuse à travers l’exposition Madrid, chica Almodóvar. «L’histoire de Pedro Almodóvar et de Madrid est une histoire d’amour réciproque. Pedro Almodóvar est Pedro Almodóvar grâce à Madrid, ils sont indissociables», explique à l’AFP le commissaire de l’exposition, Pedro Sánchez, auteur de Todo sobre mi Madrid (Tout sur mon Madrid).

«Il a rendu à Madrid tout ce qu’elle lui avait donné, et plus encore, en tant que muse. Madrid apparaît dans tous les films d’Almodóvar. C’est elle, la vraie chica Almodóvar (la fille Almodóvar), beaucoup plus que Penelope Cruz, Carmen Maura ou Marisa Pérez», poursuit-il en déambulant dans l’exposition.

Pour l’accueillir, il ne voyait que le centre culturel Conde Duque: c’est devant sa façade que Carmen Maura demande dans La loi du désir (1987) à un employé municipal nettoyant la rue de l’asperger d’eau. La scène de nuit, inoubliable, a immortalisé l’actrice dans sa robe orange, asphyxiée par la chaleur de la ville l’été. «Beaucoup d’étrangers connaissent Madrid ou la culture espagnole à travers ses films. Comme on va à la fontaine de Trevi à Rome ou au bar d’Amélie à Paris, on a un premier contact avec Madrid avec sa cinématographie», explique M. Sánchez.

À travers 200 photos issues des 23 films ou d’archives personnelles d’Almodóvar, on découvre la relation entre l’artiste originaire de Castille-la-Manche (centre) et la capitale. Un panneau montre une étude détaillant le pourcentage d’action se déroulant à Madrid dans toute sa cinématographie: de 6% (La piel que habito, 2011) à 100% pour sept films. «Je ne me suis jamais senti comme un étranger ici», aime à dire le cinéaste, qui «partage avec sa ville fétiche une personnalité transgressive, éclectique, critique, ouverte, gaie, cosmopolite et sympathique», selon Pedro Sánchez.

Les quartiers populaires à travers sa caméra

Ce fils adoptif de Madrid, aujourd’hui cinéaste espagnol le plus international, ne venait pas d’une bonne famille, contrairement à la plupart des autres artistes espagnols de la Movida, la période de libération socio-culturelle qui suivit la mort du dictateur Francisco Franco en 1975 et l’avènement de la démocratie. «Il dit d’ailleurs qu’être cinéaste en Espagne, c’est comme être torero au Japon», s’amuse le commissaire.

Fuyant le Madrid des cartes postales, il n’hésite pas à poser sa caméra dans les quartiers plus populaires, à la beauté peu évidente, comme Vallecas ou Concepción. Tandis qu’une carte de Madrid reproduit les 272 localisations décomptées dans ses films, l’exposition relève aussi les lieux obsédant l’artiste: taxis, quincailleries, cimetières ou pharmacies qui constellent son oeuvre.

Comme Jacques Demy avait fait repeindre Rochefort pour ses Demoiselles, Almodóvar a parfois eu recours à des artifices pour embellir Madrid. «Les couleurs sont très importantes et totalement fictives. Cela vient du souvenir qu’il a de l’Espagne franquiste, en noir et blanc. Sa façon de se venger consiste, selon lui, à inonder ses films de couleurs», explique encore M. Sánchez.

Le visiteur peut ainsi voir les toiles de fond utilisées pour reproduire la terrasse de Pepa aux vues panoramiques sur tout Madrid dans Femmes au bord de la crise de nerf (1988), car elle n’aurait jamais supporté le poids du matériel de tournage.

«C’est un Madrid idyllique» qu’on voit dans Mères parallèles (2021) ou Julieta (2016), où les héroïnes ont d’immenses appartements madrilènes malgré un niveau de vie moyen. L’esthétique almodovarienne va jusqu’à récréer des chefs-d’œuvre de Magritte, Rothko, Velasquez, Dali, le Titien, Hopper dans les plans de ses films, comme le décrypte une vidéo.

Le cinéaste a mis beaucoup de lui dans ses décors: «Les maisons d’Almodóvar, on ne les a pas vues dans les magazines comme pour certains cinéastes, mais dans ses films», dit Pedro Sánchez, qui rappelle que Douleur et gloire (2019) reproduit son appartement actuel à Madrid, avec certains de ses propres fauteuils. «Voici ma vie», aurait dit le cinéaste lorsqu’il a visité l’exposition, avant le public et loin des caméras.

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