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« L’un des plus grands écrivains de notre temps » : l’auteur albanais Ismaïl Kadaré est décédé à 88 ans

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Une vie entière « au service de la liberté », puisant dans la littérature « le courage de résister ». L’écrivain albanais Ismaïl Kadaré, 88 ans, auteur d’une œuvre monumentale sous la tyrannie communiste d’Enver Hoxha, est décédé ce lundi matin, ont annoncé son éditeur et l’hôpital de Tirana à l’AFP. Il laisse derrière lui une œuvre monumentale, usant des lettres comme d’un outil d’émancipation sous l’une des pires dictatures du XXe siècle.

L’octogénaire a succombé à une crise cardiaque, a précisé le centre hospitalier. Il y est arrivé « sans signe de vie », les médecins lui ont fait un massage cardiaque, mais il « est mort vers 6h40 GMT » (8h40 locales), a-t-il relaté.

 

« Monstre sacré des lettres albanaises et l’une des plus grandes voix de la littérature mondiale du XXe siècle, chantre de la liberté, à qui la littérature avait donné le courage de résister », a salué sur le réseau X Dritan Tola, l’ambassadeur d’Albanie en France. Les éditions Fayard ont quant à elle fait part de leur « profonde tristesse » après la disparition d’un auteur « considéré depuis quelques années comme l’un des plus grands écrivains de notre temps ». « C’est un honneur d’avoir eu le privilège de publier son œuvre », écrivent-elles.

Écrire pour résister à « l’enfer communiste »

Ethnographe sarcastique, romancier alternant grotesque et épique, Ismaïl Kadaré a exploré les mythes et l’histoire de son pays, pour disséquer les mécanismes d’un mal universel, le totalitarisme. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, des romans aux essais en passant par les nouvelles, poèmes et pièces de théâtre, traduits dans 40 langues, il a écrit en partie sous Enver Hoxha, qui, jusqu’à sa mort en 1985, a dirigé d’une main de fer son pays hermétiquement clos, l’une des dictatures les plus fermées au monde.

« L’enfer communiste, comme tout autre enfer, est étouffant », avait dit à l’AFP l’écrivain dans une de ses dernières interviews, en octobre dernier. « Mais dans la littérature, cela se transforme en une force de vie, une force qui t’aide à survivre, à vaincre tête haute la dictature ». La littérature « m’a donné tout ce que j’ai aujourd’hui, elle a été le sens de ma vie, elle m’a donné le courage de résister, le bonheur, l’espoir de tout surmonter », avait-il expliqué, déjà affaibli, depuis sa maison de Tirana, la capitale albanaise.

Né à Gjirokastër, comme le dictateur, Ismaïl Kadaré écrit depuis l’enfance et publie son premier roman en 1963, « Le Général de l’armée morte ». Au début des années 1960, il étudie à l’Institut Maxime Gorki à Moscou, mais la décision d’Enver Hoxha de couper les ponts avec l’URSS de Nikita Khrouchtchev le ramène ensuite en Albanie. De cette rupture naît « Le grand hiver » (1973), dans lequel apparaît le tyran communiste. Le livre est plutôt favorable à Tirana, mais les plus fervents adorateurs du dictateur le jugent insuffisamment laudateur et réclament la tête de l’écrivain « bourgeois ».

 

Le dirigeant, qui se pique d’être un amateur de littérature, vole à son secours. Dans ses mémoires, sa veuve, Nexhmije Hoxha, raconte comment son époux sauve plusieurs fois Ismaïl Kadaré, brièvement député au début des années 1970. Protégé par sa renommée quand d’autres sont condamnés aux travaux forcés, voire exécutés, il a été critiqué pour ce statut de « dissident officiel ».

« La littérature est mon plus grand amour »

Mais Ismaïl Kadaré a quant à lui toujours nié toute relation particulière avec la dictature. « Contre qui Enver Hoxha me protégeait-il ? Contre Enver Hoxha », expliquait-il à l’AFP en 2016. Il se considérait en réalité comme un écrivain qui « essayait de faire une littérature normale dans un pays anormal ». Les archives de l’ère Hoxha montrent qu’il a souvent frôlé l’arrestation. Sous l’épée de Damoclès de l’appareil policier, soumis à une surveillance aussi étouffante que constante, il s’exile en 1990, ce qu’il raconte dans son « Printemps albanais » (1997).

Si l’Albanie fut son décor exclusif, sa condamnation de la tyrannie était, elle, universelle, comme il l’expliquait de « La discorde » (2013) : « Si l’on se mettait à rechercher une ressemblance entre les peuples, on la trouverait avant tout dans leurs erreurs ». Dans son œuvre, il a décrit la terreur hideuse de l’opprimé, évoquant dans plusieurs ouvrages l’occupation ottomane, dans « Les tambours de la pluie » (1970) ou « La niche de la honte » (1978) par exemple. Pour lui, le joug ne pouvait être une excuse pour l’écrivain, qui a pour devoir de s’octroyer une liberté totale, d’« être au service de la liberté ».

Jusqu’à la fin, Ismaïl Kadaré écrivait « tout le temps ». « Je note des idées, j’écris des petits récits, j’ai des projets », racontait-il encore en octobre d’une voix fatiguée à l’AFP. « Car la littérature est mon plus grand amour, le seul, le plus grand incomparable avec toute autre chose dans ma vie. Et comme elle, l’écrivain n’a pas d’âge ».

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