Lionel Jadot, maître du design durable

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Star de la récup, l’architecte d’intérieur et artiste belge Lionel Jadot est mis à l’honneur par le salon professionnel Maison & Objet, grand-messe de la décoration, qui a lieu du 5 au 9 septembre, au parc des expositions Paris-Nord Villepinte (Seine-Saint-Denis). A 55 ans, l’entrepreneur autodidacte, taillé comme une armoire à glace, incarne une façon atypique de pratiquer le design, à partir de matériaux de récupération et dans le cadre d’une communauté artistique.

En témoigne Mix, à Bruxelles, hôtel quatre-étoiles et lieu de vie de plus de 20 000 mètres carrés, qu’il a façonné dans un style brutaliste, mais avec des finitions soignées : tout a été fabriqué à moins de 50 kilomètres à la ronde, avec une cinquantaine de créateurs, dont la plupart sont hébergés dans ses ateliers de Zaventem, en banlieue de la capitale belge.

« Lionel Jadot est le symbole d’une époque en pleine mutation écologique, dont il maîtrise intuitivement les codes, souligne Mélanie Leroy, la directrice générale de Maison & Objet, qui lui a remis, à l’ouverture du salon, le prix du designer de l’année. Il pratique une hospitalité engagée, mobilisant aussi d’autres créateurs dans ses projets fédérateurs. »

Mobilier en asphalte démonté des rues avant que le revêtement ne soit broyé, pilastres en terre crue, canapé en toile de parachute, table en mycélium (des filaments de champignon)… Lionel Jadot ose tout : « Je n’ai rien appris de façon académique, je n’ai pas eu d’autre école que celle de la vie », précise ce géant portant le catogan. La fibre du recyclage lui est venue, enfant, dans la fabrique de ses parents, sixième génération de chaisiers à Bruxelles. Il crapahutait au milieu des chutes de bois et de cuir − « un terrain de jeu où j’étais autorisé à récupérer tout ce qui tombait des établis, se souvient-il. C’était comme une malle aux trésors, les pièces d’un Kapla extraordinaire pour construire des châteaux. J’ai fabriqué mon premier tabouret à 6 ans. »

Diplômé de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, il projette de s’inscrire dans une école de design à Florence, en Italie, quand sa mère décède. A 19 ans, le jeune homme reprend l’atelier familial. « J’ai appris sur le tas à piloter trente personnes. » On lui commande d’abord des chaises, puis « un canapé, une cuisine, un chantier tout entier… » En 2000, il ouvre son agence d’architecture d’intérieur, qui intègre, d’emblée, le principe de récupération des matériaux. Le succès est au rendez-vous.

Accélérateur d’idées

En 2018, pour son nouvel atelier de 6 000 mètres carrés logé dans une ancienne papeterie du XIXe siècle, le créateur caresse l’idée d’un phalanstère artisanal et artistique que n’aurait pas renié le Britannique William Morris (1834-1896), père du mouvement Arts and Crafts. Ainsi sont nés les Ateliers Zaventem, abritant une communauté de créateurs producteurs de divers horizons. « J’avais déjà vingt ans de métier, un carnet d’adresses et cette envie de hub créatif. Nous avons sélectionné des profils assez radicaux, avec le feu sacré, l’envie de changer les choses et des savoir-faire variés : l’un travaille le sel, l’autre tanne la peau d’aubergine, mais chacun reste libre artistiquement et financièrement avec sa propre clientèle », explique Lionel Jadot, soucieux de « recréer l’atmosphère olfactive, sonore et sensitive des ateliers de [son] enfance ».

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