Les trois défis de la nouvelle Commission européenne

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Par-delà les péripéties de dernière minute, la composition de la nouvelle Commission européenne dévoilée mardi 17 septembre reflète trois tendances : l’autorité de sa présidente, Ursula von der Leyen, l’évolution des rapports de force entre Etats membres au sein de l’Europe et, parallèlement, la montée des forces politiques de droite confirmée par les élections au Parlement européen de juin.

Si elle a échoué à obtenir la parité dans ce collège, qui ne comporte finalement que onze femmes sur vingt-sept commissaires, l’ancienne ministre de la défense d’Angela Merkel n’a rien à envier aux « hommes forts » dans la manière dont elle a abordé ce deuxième mandat. L’épisode, peu glorieux pour la France, qui a abouti à l’éviction de Thierry Breton, dont elle ne voulait pas en raison de leur inimitié personnelle, et son remplacement in extremis par le plus docile Stéphane Séjourné, a illustré sa capacité à tenir tête au président d’un des deux plus importants Etats de l’Union sans gratitude particulière pour les services rendus.

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De manière générale, la présidente s’est attachée à évincer les personnalités les plus remuantes. Il est important qu’elle construise maintenant une relation efficace avec le nouveau président du Conseil européen, le Portugais Antonio Costa.

Issue elle-même d’un parti démocrate-chrétien, la CDU allemande, Mme von der Leyen a à sa main un collège de commissaires dominé par la droite – treize d’entre eux émanent du groupe de centre droit, le Parti populaire européen (PPE). Signe de temps inquiétants, elle a dû intégrer des représentants de l’extrême droite, l’Italien Raffaele Fitto, du parti Fratelli d’Italia, vice-président exécutif, et l’Autrichien Magnus Brunner, de l’ÖVP, qui gérera la question migratoire.

Une autre réalité est celle de l’influence montante des pays d’Europe centrale et orientale, dans le contexte de la guerre russe en Ukraine, comparée à l’affaiblissement relatif de celle de l’Allemagne et de la France. La Pologne en bénéficie en décrochant le poste crucial de commissaire au budget. Les pays baltes ont la haute main sur la politique extérieure et la sécurité : l’Estonienne Kaja Kallas succède à l’Espagnol Josep Borrell et le Lituanien Andrius Kubilius se voit confier le nouveau portefeuille de la défense, dont le périmètre reste à définir.

Un pari risqué

La France pour sa part perd un commissaire qui, derrière ses turbulences, affichait un excellent bilan européen. Paris fait valoir qu’il a obtenu en échange non seulement un poste de vice-président exécutif mais aussi un portefeuille capital au périmètre particulièrement étendu, la stratégie industrielle, qui reflète l’ambition de souveraineté européenne portée par Emmanuel Macron.

Sur le papier, c’est vrai. Mais, à Bruxelles, les personnalités comptent. La pratique dira si M. Séjourné, qui connaît bien la machine européenne mais découvre les domaines économique et industriel, saura s’imposer face aux commissaires aguerris qu’il est censé superviser comme Valdis Dombrovskis, chargé de l’économie, et Maros Sefcovic, chargé du commerce, et composer avec la vice-présidente espagnole, Teresa Ribera, poids lourd politique, responsable de la transition écologique et réputée antinucléaire. Il devra aussi se défaire de l’image de courroie de transmission du président Macron.

Le pari est risqué. A la lumière de l’immense défi d’investissements et la perte de compétitivité exposés par le récent rapport de Mario Draghi, il faut vivement espérer qu’il réussisse, pour l’Europe bien plus encore que pour la France.

Le Monde

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