«Les gens qui ont des idées humanitaires sont une catastrophe» : les confessions de Michel Houellebecq aux Britanniques

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L’écrivain français a donné une interview au Financial Times. Il y redit son admiration pour Donald Trump et professe son indifférence à l’égard de la guerre en Ukraine.

Une assiette d’escargots «sauvages» (cette précision sur le menu semble avoir interloqué l’écrivain) et un verre de vin, servis rue Daguerre, puis deux bises sonores sur la joue comme font les Parisiens : c’est le décor que campe en préambule la journaliste Magdalena Miecznicka, qui a rencontré Michel Houellebecq pour le Financial Times . La parole du célèbre auteur et lauréat du Goncourt n’est dispensée dans la presse qu’avec parcimonie, et Michel Houellebecq aime donner à la presse étrangère les entretiens qu’il refuse aux journaux de son pays. Son dernier roman, Anéantir, est paru ce mois-ci en traduction anglaise.

À la journaliste qui lui demande en premier lieu ce qu’il pense de la nomination de Michel Barnier (la rencontre a eu lieu le 5 septembre, quelques heures après l’annonce de sa nomination), l’écrivain répond qu’il n’était pas au courant, car il n’a pas de smartphone…

Michel Houellebecq n’est pas avare pour autant de commentaires politiques. «C’est l’immigration», dit-il sans détour, qui a conduit à la montée de l’extrême droite en France depuis vingt ans. L’immigration et le «mépris dont font preuve les élites» à l’égard du peuple : l’écrivain cite encore la façon dont le «non» au référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel a été contourné pour conduire la France à ratifier le Traité de Lisbonne. «C’était il y a vingt ans mais les gens s’en souviennent encore, ils nous ont pris pour des imbéciles !» Et d’ajouter : «C’est dangereux de se moquer des gens… Enfin, on peut s’en moquer, mais il y a des limites». L’écrivain juge également «préoccupante» la façon dont le front républicain a permis de contenir la percée du Rassemblement national à l’Assemblée.

Les aristocrates et les ploucs

Les élites, estime Michel Houellebecq, considèrent les Français «comme des ploucs» – il propose en anglais le terme américain «hillbilly», qui traduit peu ou prou la même idée. Est-ce qu’il aime les ploucs, lui ? «Oui», répond-il, tout en confessant ne pas en compter parmi ses amis : «je reste loyal à ma classe sociale !» 

Il reprend à son compte les analyses de Christopher Lasch sur les élites, estimant que l’historien américain était «en avance sur son temps». «Il est encore plus difficile de se débarrasser de ces élites que de l’ancienne noblesse, ajoute-t-il, car l’aristocratie n’avait que sa naissance à invoquer pour justifier son pouvoir, tandis que les élites contemporaines revendiquent d’être intellectuellement et moralement supérieures».

Revenant sur ses propos polémiques évoquant le risque d’une guerre civile entre musulmans et non-musulmans, Michel Houellebecq a amendé en revanche sa pensée : «il y aura beaucoup de violence, prédit-il, mais ce ne sera pas entre les musulmans et le reste de la population… Jusqu’à récemment, les migrants venaient essentiellement d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui les pays de départ sont plus nombreux, ils viennent du Pakistan, de Tchétchénie, de Somalie ou d’ailleurs… et ils apportent leurs conflits ici. Le monopole du trafic de drogue fait l’objet de conflits ethniques, qui se soldent par des rafales de fusil automatique.» Ajoutant : «Bon, ça pourrait être pire, en France ça reste relativement compliqué de se procurer un fusil automatique»

Ukraine : «Qu’est-ce que j’en ai à faire ?»

À la journaliste qui objecte qu’au Royaume-Uni beaucoup considèrent qu’ils ont une dette envers leurs anciennes colonies, Michel Houellebecq rétorque : «en France, personne ne s’y intéresse, nous n’avons aucune culpabilité». Ajoutant que beaucoup de gens ordinaires, ses grands-parents par exemple, ne savaient même pas que la France avait eu des colonies, selon lui. «La seule exception, c’est l’Algérie, qui était une colonie de peuplement. Les pieds-noirs n’ont jamais pardonné à Charles de Gaulle de l’avoir abandonnée» – Houellebecq a passé ses premières années en Algérie, avant l’indépendance. 

Viennent les questions internationales, auxquelles l’écrivain propose des réponses plus laconiques. Est-ce qu’il souhaite la réélection de Donald Trump ? «Oui, il n’a pas lancé de nouvelles guerres». Et si Trump cesse de soutenir l’Ukraine ? «Ce serait une bonne chose. Qu’est-ce que j’en ai à faire ? Quand la guerre a commencé, j’étais surpris car je pensais que l’Ukraine était déjà russe… Il faut laisser la nature suivre son cours. Les gens qui ont des idées humanitaires sont une catastrophe. Cela ne marche jamais, et leurs motivations sont douteuses»



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