Les duolinguistes : « Après quelques jours d’utilisation, ils savent traduire pizza par pizza en italien »

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Le déclic se produit généralement pendant les vacances, à la faveur de quelques jours passés à l’étranger ou juste après avoir indiqué le chemin de la tour Eiffel à des touristes. A la rentrée, promis, on se remettra à l’anglais. Ou à l’espagnol ou à l’italien ou au suédois, même ! Rien de plus facile avec Duolingo. On en a entendu parler cet été quand un ami s’est éloigné cinq minutes avec son smartphone expliquant qu’il est en train de devenir quadrilingue ou quand un préado cherchait à grignoter du temps d’écran (« papa, tu me prêtes ton téléphone, je voudrais apprendre le japonais »).

L’appli d’apprentissage des langues la plus téléchargée s’appuie sur un fonctionnement de jeu vidéo (des niveaux, des badges, des trophées !) avec des exercices de deux minutes parce que ce serait la capacité d’attention maximale et qu’en plus elle décroît, expliquait Luis von Ahn, le fondateur de l’entreprise, dans une interview au New Yorker. Ce dernier ajoutait aussi que les tests proposés à l’utilisateur sont personnalisés afin qu’il obtienne un taux de bonne réponse de 80 % parce que, au-dessus, on s’ennuie et, au-dessous, on se décourage.

Les premiers jours d’utilisation de l’appli, les nouveaux convertis se sont émerveillés à l’idée que ce soit si facile de se mettre à l’ukrainien et au finlandais et se sont promis de compléter leurs efforts en regardant des séries en espagnol et le journal télévisé de la Deutsche Welle à la rentrée. Ils imaginent déjà les voyages à venir, de nouvelles carrières à embrasser, les chansons de K-pop chantées bientôt dans le texte. A peine quelque temps plus tard, tels Perrette et son pot au lait, ils disaient adieu au portugais, au coréen ou au néerlandais et, tels les adeptes d’un nouveau régime, évitaient le sujet, concluant que « le Japonais c’est quand même super dur ».

A quoi on les reconnaît

Ils savent identifier le petit « ding » de l’appli si un passager l’utilise à 10 mètres d’eux dans les transports en commun. Ils ont essayé l’esperanto et le latin parce que c’était gratuit. Ils sont passés à la version payante en se disant que ça coûte quand même moins cher que des cours particuliers de langue alors qu’ils n’ont jamais eu l’intention de suivre des cours particuliers.

Après quelques jours d’utilisation, ils savent traduire pizza par pizza en italien. Ils se demandent à quels moments ils vont pouvoir placer « à quoi pense votre cheval » en russe ou « la vache est lourde » en allemand. Après avoir été flattés par les messages de l’appli (« tu atteins un score légendaire »), ils ont commencé à les trouver aussi pénibles que ceux d’un ex un peu toxique (« tu m’évites », « tu as travaillé dur pour en arriver là ? », « tu reviens quand ? »). Ils ont peu à peu supprimé les notifications, puis l’appli elle-même et ont conclu que, avec un peu d’anglais, on peut finalement se débrouiller partout. Ils ont aussi arrêté d’aller à la salle de sport sans s’en rendre compte.

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