«Nous avons besoin d'une action urgente» : l'alerte des géants automobiles européens sur l’intenable calendrier des normes de CO₂

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Renault, Volkswagen, Volvo… réclament une renégociation du calendrier européen des normes de CO₂ en raison du recul des ventes de voitures électriques en Europe. Des milliards d’euros d’amendes les menacent.

Les constructeurs automobiles européens disent stop à l’Europe. Luca de Meo, le directeur général de Renault et président de l’ACEA, l’association des constructeurs automobiles européens, avait déjà préparé le terrain ces dernières semaines. Son appel à assouplir le calendrier européen de réduction des émissions de CO₂ a été largement relayé. Il déclarait craindre près de 15 milliards d’euros d’amendes à payer par les constructeurs présents en Europe si ces derniers ne parvenaient pas à respecter les futures normes plus strictes à partir de janvier prochain. La raison est simple : ils ne vendent pas suffisamment de véhicules électriques neufs pour réduire leur niveau moyen de C0₂.

Ce jeudi, l’ensemble des constructeurs membres de cette organisation de lobbying – Renault, Volkswagen, le numéro deux mondial de l’automobile, Volvo… mais pas Stellantis, sorti il y a deux ans de ce club d’industriels – joignent officiellement leurs voix à celle du patron italien de Renault : «La tendance continue à la baisse de la part de marché des voitures électriques à batterie au sein de l’UE envoie un signal extrêmement inquiétant à l’industrie et aux décideurs politiques, déclare l’ACEA dans un communiqué publié jeudi 19 septembre au matin. Les constructeurs automobiles européens, réunis au sein de l’ACEA, demandent donc aux institutions de l’UE de proposer des mesures d’urgence avant que les nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO₂ pour les voitures et les camionnettes n’entrent en vigueur en 2025»

En effet, à partir de janvier 2025, le seuil moyen d’émissions de CO₂ totalisé par chaque constructeur pour ses ventes de l’année sera abaissé de 15 % pour atteindre une moyenne de 81 g de CO₂ par véhicule et par kilomètre, contre 95 g les années précédentes. Pour le tenir, chaque groupe devra vendre un plus grand nombre de véhicules 100% électriques (BEV) pour compenser les émissions moyennes des véhicules thermiques écoulés au cours de l’année, y compris les hybrides. Or sur les sept mois de l’année 2024, la part de marché des BEV est tombée à 12,5% en Europe. Sur les vingt-sept pays de l’Union, quatorze ont une part de marché des véhicules électriques inférieure à 7%… Il faudrait atteindre une part en Europe de 22%, pour passer dans le vert.


L’érosion rapide de la compétitivité de l’UE, confirmée par le rapport Draghi, est un facteur aggravant. »

L’ACEA, association des constructeurs automobiles européens

L’ACEA précise toutefois qu’elle «soutient l’accord de Paris  et les objectifs de décarbonation des transports de l’UE à l’horizon 2050» et qu’elle «a investi des milliards dans l’électrification pour mettre des véhicules sur le marché». «Nous jouons notre rôle dans cette transition, mais malheureusement, les autres éléments nécessaires à ce changement systémique ne sont pas en place, affirme l’organisation. L’érosion rapide de la compétitivité de l’UE, confirmée par le rapport Draghi, est un facteur aggravant. Les dernières données sur les immatriculations de voitures dans l’UE, publiées aujourd’hui par l’ACEA, confirment une fois de plus que le marché des voitures électriques est désormais sur une trajectoire descendante continue.»

Depuis le début de l’année, la part de marché des véhicules électriques à batterie est passée de 13,9% l’année dernière à 12,6% cette année dans l’Union européenne.

«Nous ne réunissons pas les conditions essentielles pour stimuler la production et l’adoption de véhicules à zéro émission : des infrastructures de recharge et d’approvisionnement d’hydrogène, ainsi qu’un environnement de production compétitif, une énergie verte abordable, des incitations fiscales et à l’achat, et un approvisionnement sûr en matières premières, en hydrogène et en batteries…», énumère l’ACEA. Le lobby des constructeurs pointe le risque de pertes d’emplois liées à une réduction de la production de véhicules thermiques qui permettrait d’éviter les amendes. 


Nous avons besoin d’une action urgente et significative dès maintenant pour inverser la tendance. »

L’ACEA, association des constructeurs automobiles européens

Le calendrier européen avait bien prévu une «clause de revoyure» en 2026 pour vérifier que la trajectoire de suppression des véhicules thermiques neufs en 2025 pourrait être respectée. Trop lointaine, disent aujourd’hui les industriels.

«L’industrie ne peut pas se permettre d’attendre la révision des réglementations sur le CO₂ en 2026 et 2027. Nous avons besoin d’une action urgente et significative dès maintenant pour inverser la tendance à la baisse, restaurer la compétitivité de l’industrie de l’UE et réduire les vulnérabilités stratégiques», plaide l’ACEA. «Nous sommes prêts à discuter d’un ensemble d’allègements à court terme pour les objectifs de CO₂ de 2025 pour les voitures et les vans, ainsi que d’une révision rapide, complète et solide des règlements sur le CO₂ pour les voitures et les camions, et d’une législation secondaire ciblée, afin de mettre la transition vers l’absence d’émissions sur la bonne voie et d’assurer l’avenir industriel de l’Europe».

Tous les constructeurs ne sont pas de l’avis de l’ACEA. Avec ses marques, Fiat, Peugeot, Opel, Stellantis porte une voix discordante : pas question de revenir sur le calendrier qui a nécessité de réaliser des milliards d’euros d’investissement pour être dans les clous. Un discours que les Verts européens apprécieront.



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