Même si la Bourse de Paris navigue dans le vert au lendemain du premier tour des législatives, les incertitudes devraient continuer de peser dans les prochains jours.
La Bourse de Paris a ouvert en hausse lundi 1er juillet, au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives. Le CAC 40 affichait un bond de plus de 2% à l’ouverture par rapport à son niveau de clôture de vendredi soir. En milieu d’après-midi, l’indice phare parisien affichait une hausse de près de 1,7% à 7605 points.
«Avec un rebond de 2,6% à l’ouverture après le premier tour des élections législatives, une partie du marché semble être partiellement «rassurée»», explique Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France. D’une part parce que les résultats sont en ligne avec les sondages publiés avant le scrutin du dimanche 30 juin. «Il y a donc un effet un peu technique dans un premier temps, selon le schéma bien connu des investisseurs de «sell the rumor and buy the news » (acheter la rumeur et vendre la nouvelle, ndlr)».
«Même si la probabilité d’une majorité absolue du Rassemblement National n’est pas complètement nulle à ce stade, les premières déclarations des différentes formations politiques sur les possibles désistements et donc l’ouverture des tractations en vue du second tour vont rendre le scénario de la majorité absolue difficile, ajoute le spécialiste d’IG France. La réaction des marchés financiers de ce matin est donc un mélange d’éléments techniques (comme les rachats de positions « short ») et un peu de « soulagement » politique», analyse Alexandre Baradez. «Il serait tout de même surprenant de voir un rallye très soutenu prendre forme cette semaine. Même si une forme de détente apparaît ce matin, l’incertitude du second tour restera présente toute la semaine ce qui devrait empêcher la volatilité de se détendre trop fortement et donc limiter le rebond des marchés actions», estime Alexandre Baradez.
Incertitudes et volatilité au menu des prochains jours
«Un regain de volatilité n’est cependant pas à exclure sur les actifs français dans les jours à venir. Mais nous n’envisageons pas de panique et encore moins une crise de la dette», analyse Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.
«Malgré cette réaction positive des marchés actions, les marchés obligataires, plus « raisonnés », sont plus circonspects, explique de son côté Antoine Andreani, analyste marché senior chez XTB France. Le taux obligataire à 10 ans français est toujours situé à un plus haut non visité depuis le 13 novembre 2023, soit sept mois et demi. Le spread France-Allemagne est à 0,76%».
«Que le Rassemblement national obtienne ou non la majorité absolue, le paysage politique reste incertain, écrit l’analyste. En l’absence de majorité claire, la formation d’un gouvernement nécessitera des compromis significatifs pour assurer une gouvernance stable. Cette incertitude politique soulève aussi des questions cruciales pour l’économie française et les marchés financiers européens en général».
«Les politiques budgétaires et fiscales envisagées sont difficilement compatibles avec les trajectoires demandées par les autorités européennes», affirme Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest. «À court terme une crise financière avec un écartement sensible du spread franco-allemand sur les obligations est possible mais elle forcera la nouvelle majorité à se positionner : soit rentrer dans le rang et revenir à une politique plus orthodoxe, soit sortir de l’Europe, ce qui semble peu probable à ce stade», écrit-il. «Gardons donc en tête que le cadre européen et la réalité budgétaire permettront de limiter les aventures économiques et financières (comme on l’a vu en Italie)», note Emmanuel Auboyneau.
Même analyse du côté de Antoine Andreani de chez XTB France : «La capacité d’un gouvernement à naviguer dans ce contexte complexe dépendra de sa volonté de collaborer et de trouver des compromis, tout en respectant les contraintes imposées par ses engagements européens et internationaux. Les prochains mois seront déterminants».
Les bancaires en hausse tout comme TF1
Dans ce contexte incertain, ce sont notamment les valeurs bancaires qui affichent une hausse lundi matin. Société générale prenait près de 6%, Crédit Agricole plus de 4% et BNP Paribas plus de 3,5%. TF1, dont le cours avait chuté en raison du projet initié par le Rassemblement national, de privatiser l’audiovisuel public, prenait également 6%. Les entreprises du BTP étaient également orientées à la hausse comme Vinci et Eiffage avec des cours en hausse de 3 à 4%.
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