Leçons d’histoire sur France Culture, avec Annette Wieviorka et Emmanuel Laurentin

Partager

FRANCE CULTURE – À LA DEMANDE – PODCAST

C’est à l’occasion des derniers Rendez-vous de l’histoire, à Blois, à l’automne 2023, que fut enregistrée cette conversation entre Emmanuel Laurentin et Annette Wieviorka. Et il faut dire quel bonheur l’auditeur éprouve à les écouter dialoguer. Sans doute parce qu’ils sont animés par la même passion pour l’histoire, sans doute aussi parce qu’ils partagent le goût de la transmettre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Tombeaux » : Annette Wieviorka témoigne pour les siens

Producteur à France Culture (« La Fabrique de l’histoire », « Le Temps du débat »), Emmanuel Laurentin (tout nouvellement nommé délégué au documentaire par la chaîne) revient sur les débuts d’Annette Wieviorka, aujourd’hui directrice de recherche honoraire au CNRS et vice-présidente du Conseil supérieur des archives. Née en 1948, elle commence par une licence de lettres, mais est rattrapée par l’histoire en Mai 68. En 1974, elle part, pour deux ans, enseigner en Chine. Dans Mes années chinoises (Stock, 2021), elle explique ce « désir d’histoire » qui fut le sien et dit aussi ceci, qu’elle apprend alors : « On peut être dans un pays totalitaire, voir les signes et essayer de comprendre, mais ne pas y parvenir. »

De retour en France, Annette Wieviorka entame des recherches sur les mondes disparus du yiddish et de la Pologne dont était originaire sa famille en partie assassinée par les nazis, et, en 1991, soutient sa thèse, sitôt publiée : Déportation et génocide : entre la mémoire et l’oubli (Fayard).

« Tact des mots »

Elue directrice de recherche au CNRS, sa carrière commence. Arrivée sur le tard dans le monde universitaire, Annette Wieviorka n’a jamais pensé exclusivement à ses pairs lorsqu’elle écrit. Pour elle, « l’enseignement ce n’est que de la transmission et de la traduction en termes accessibles de ce qui est parfois complexe ». Et d’évoquer son nécessaire Auschwitz expliqué à ma fille, publié aux éditions du Seuil en 1999. Un livre écrit avec « le souci d’être claire, juste, en essayant de ne pas faire de concession sur le contenu ». Un livre aussi écrit avec ce que l’historien Marc Bloch appelait, et comme le rappelle Emmanuel Laurentin, le « tact des mots ». Annette Wieviorka parle alors et aussi d’« ascèse » : « Le métier d’historien consiste à mettre ses émotions relativement à distance, tout en les retrouvant dans l’écriture. »

Prix Femina essai 2022 pour son remarquable Tombeaux (mémorial érigé à la mémoire des siens et publié aux éditions du Seuil), Annette Wieviorka parle alors de la possibilité, par la découverte de nouveaux témoignages, « que l’histoire continue de s’écrire, qu’on peut encore apprendre des choses ». « C’est extraordinaire de penser que l’histoire, c’est aussi ça », dit-elle alors qu’est évoqué son rôle dans la mission d’étude sur la spoliation des juifs de France dite « mission Mattéoli » – du nom de l’ancien ministre et résistant Jean Mattéoli (1922-2008) –, créée après le discours de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs de France. Et de conclure sur ces mots, si beaux et si justes : « Je pense qu’il y a quelque chose qui soigne dans ce travail historique, moi et les autres. »

Entretien entre Emmanuel Laurentin et Annette Wieviorka, réalisée par Peire Legras est à retrouver dans le podcast « Les Masterclasses » sur le site de France culture et toutes les plates-formes d’écoute habituelles (Fr., 2024, 61 min).

Réutiliser ce contenu

#Leçons #dhistoire #sur #France #Culture #avec #Annette #Wieviorka #Emmanuel #Laurentin

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut