Le sarcophage de Joachim Du Bellay a été retrouvé sous le transept de Notre-Dame

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Les fouilles archéologiques menées sous la cathédrale ont permis de découvrir un corps enterré au XVIe siècle dans un cercueil de plomb. Plusieurs indices convergent vers l’identité du célèbre poète, mort en 1560 à Paris.

Ils étaient deux. Deux sarcophages en plomb mis au jour par l’équipe de l’Inrap début 2022, déterrés à quelques mètres de distance l’un de l’autre en plein cœur de Notre-Dame, à la croisée du transept. Tous deux ont été transférés à l’institut médico-légal du CHU de Toulouse pour des analyses des corps. Le mystère a été rapidement levé pour le premier, identifié grâce à l’épitaphe figurant sur son cercueil. Il s’agit de la dépouille du chanoine Antoine de La Porte, mort en 1710. En revanche, l’identité de second restait mystérieuse.

Une énigme qui pourrait avoir été résolue si on en croit les travaux d’Éric Crubézy, archéologue et médecin au laboratoire d’anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (Amis) de Toulouse. Au prix d’une véritable enquête, il pense avoir retrouvé l’identité du malheureux, qui ne serait autre que le poète de la Pléiade Joachim Du Bellay, mort en 1560 des suites d’une apoplexie. « Cet inconnu intrigue, car il repose dans une zone spécifique où, à part Antoine de La Porte, aucune autre tombe intacte n’a été découverte, raconte le scientifique. Les recherches suggèrent qu’il pourrait avoir occupé une tombe ayant accueilli deux personnes bien connues à leur époque, mais sans titres religieux un peu exceptionnels. »

Un cavalier chevronné

Comme dans toutes les enquêtes, les premiers enjeux sont de dessiner le plus rapidement possible le profil de la victime. Il s’agit d’un jeune homme d’environ 35 ans. Une information déjà essentielle, car plus de 95 % des dépouilles découvertes à Notre-Dame appartiennent à des hommes de plus de 40 ans, explique le scientifique. De plus, le crâne de l’individu (qui avait été autopsié peu de temps après sa mort), porte les stigmates d’une méningite chronique tuberculeuse et d’atteintes osseuses, notamment au cou. « La tuberculose est une maladie très bien documentée, précise Éric Crubézy. Seuls 5 % des cas s’aggravaient vers la forme osseuse de la maladie et encore moins atteignaient les vertèbres du cou et les méninges. On considère que cette pathologie osseuse, l’atteinte cervicale, n’aurait concerné que moins de 3 à 4 sujets pour 1 000 dans la tranche d’âge considérée. » La méningite chronique entraînée par une tuberculose est une maladie mortelle qui peut provoquer une surdité, des maux de tête, et qui dans certaines de ses formes à l’époque historique pouvait durer plusieurs années. Autre information essentielle, les ossements du bassin montrent que le défunt était un cavalier chevronné. Or le poète faisait notamment le trajet de Paris à Rome, où il avait suivi un temps son oncle, à cheval.

Des symptômes très particuliers

« On a rapidement pensé que ce corps pouvait être celui de Joachim Du Bellay, continue Éric Crubézy. Car, si les textes nous indiquent bien qu’il a été inhumé à Notre-Dame, sa dépouille ne figure pas près de celle de son oncle, dans la chapelle Saint-Crépin, dans le chevet de la cathédrale. » Du Bellay était donc non seulement un cavalier chevronné, décédé entre 35 et 40 ans, mais surtout les écrits indiquent qu’il souffrait de symptômes qui correspondent à ce que révèle l’étude du squelette. « Dès le début du XXe  siècle, il y a des travaux qui montrent que Joachim Du Bellay était atteint d’une tuberculose, commente Éric Crubézy. En reprenant sa biographie, on retrouve ses maux de tête, bien d’autres signes de sa maladie et son état grabataire sur sa fin. Ce sont des symptômes très particuliers qui se déclarent entre 18 et 25 ans, avec une surdité progressive, qui finit par provoquer la mort au bout d’une dizaine d’années. Il était par ailleurs en lien avec les meilleurs médecins de son époque. Il cite notamment dans un de ses poèmes les trois osselets de l’oreille qui ne seront décrits par les anatomistes que plus tardivement. »

D’un point de vue médical, le profil correspond. Mais les archéologues restent encore prudents. Il reste notamment à expliquer pourquoi le corps du célèbre poète repose à cette place dans la cathédrale. « Il y a deux hypothèses, suggère Éric Crubézy. Il pourrait s’agir d’une sépulture provisoire devenue permanente. C’est un cas que l’on connaît pour un de ses parents au Mans. La seconde, est à l’inverse d’y voir un transfert depuis Saint-Crépin, en 1569, après la publication de ses œuvres. La croisée du transept pourrait avoir été un lieu d’inhumation pour les personnages connus, mais sans titre d’importance. »



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