Le grand défi de 2024

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Aujourd’hui, une nouvelle année commence pour nous. Plusieurs d’entre vous ont fait à eux-mêmes la promesse de devenir de meilleures personnes, d’atteindre enfin cette tant recherchée « meilleure version d’eux-mêmes ». Ce « nouvel an, nouveau moi », que les campagnes marketing leur font miroiter à coup de pubs pour les salles de sport, les crèmes-visage ou les sessions de coaching en développement personnel.

La majorité déchantera à la fin du mois de janvier et continuera ses bonnes vieilles mauvaises habitudes, rattrapée par le poids de la routine. Est-ce pour autant hypocrite de continuer à faire ces promesses et à essayer d’être une meilleure personne ?

L’on se souviendra d’une promesse inoubliable que l’on nous avait faite il y a deux ans. C’était en 2022, depuis Bruxelles, le chef de l’État avait déclaré : « Ce n’est pas à cet âge que je deviendrai un projet de dictateur ». Lui-même devait être sincère en faisant cette promesse. Et pourtant, qu’a-t-il fait concrètement pour la tenir ? Après s’être accaparé tous les pouvoirs, il a mis en prison ceux qui le critiquaient et limogé de multiples bouc-émissaires à chaque nouvelle crise ou bévue.

2024 est une année décisive pour la Tunisie. C’est l’année du grand bilan, de la remise en question et de la décision du peuple. C’est en effet l’année qui devra, en théorie, accueillir la présidentielle tant attendue qui opposera l’actuel locataire de Carthage à celui ou celle qui aura le pouvoir de se mesurer à lui sur la bataille populaire.

Après les Locales qui ont débuté en décembre pour se poursuivre en janvier, 2024 sera aussi l’année de la course à Carthage. Mais, la présidentielle de cette année ne ressemblera à aucun autre scrutin depuis 2011. Nous, pauvres Tunisiens, s’étions si rapidement habitués à la pluralité que nous avions presque oublié de faire la comparaison avec les sombres années de la dictature (proclamée et assumée) pré-2011.

Cette année, Kaïs Saïed se présentera seul à sa propre succession. Qui reste sur l’échiquier politique pour lui tenir tête ? Presque plus personne…de libre en tout cas. Le régime ayant la gâchette facile, a tendance à emprisonner tous ceux qui parlent un peu trop fort ou qui se montrent un peu trop perturbateurs. Politiques et journalistes compris.

Le plébiscite de 2019 avait permis à Kaïs Saïed de jouir d’une légitimité tellement confortable qu’il s’était cru – et se croit encore – tout permis. Les mesures exceptionnelles de 2021 n’ont, plus de deux ans après, rien d’exceptionnel, ni de provisoire. Elles sont bien parties pour rester…et elles ne sont pas les seules.

Il y a quelques mois, l’on se posait la question de savoir si la présidentielle aurait finalement eu lieu dans le contexte tendu actuel. La popularité de 2019 ne pouvait qu’être ébranlée par les incertitudes économiques et les pénuries à répétition. Mais, le vide qui règne désormais sur la scène politique a commencé à dissiper les doutes.

La question qui se pose aujourd’hui est, en revanche, celle de savoir si le scrutin sera aussi transparent qu’on tente de nous le faire croire. Si les opposants – presque tous en prison aujourd’hui – seront libérés à temps pour avoir la chance de participer à l’exercice démocratique duquel ils ont été exclus depuis des mois ? Un scrutin transparent, un score équivalant (ou du moins proche) à celui de 2019 seront l’arme du pouvoir pour « faire taire » tous les détracteurs des mesures du 25 juillet dernier. Ces voix qui se sont élevées pour dénoncer l’accaparement du pouvoir, la mauvaise gestion de l’État et les emprisonnements zélés et à la pelle. Celui de Zied El Heni en est un nouvel exemple qui s’ajoute à une longue liste de personnes emprisonnées sans réelle justification.

2024 sera-t-elle l’année des questionnements, de l’autocritique, des remises en question et des véritables corrections d’une trajectoire qui ne mène nulle part, si ce n’est nous précipiter droit dans le mur ?

Ce n’est que cet ultime exercice démocratique qui pourrait nous donner la réponse à toutes ces interrogations. Mais le doute reste permis, le Président n’étant jamais là où on l’attend.

En attendant, je ne peux que vous souhaiter une bonne et heureuse année…ou du moins une année meilleure que la précédente…

#grand

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