« Le Barman du Ritz », de Philippe Collin : entrer au Ritz, frayer avec le roman

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« Le Barman du Ritz », de Philippe Collin, Albin Michel, 416 p., 21,90 €, numérique 15 €.

En écoutant Philippe Collin raconter ce qui l’a amené à écrire son premier roman, Le Barman du Ritz, on relève des expressions familières aux auditeurs de ses émissions sur France Inter et de ses podcasts au spectaculaire succès, telles les séries sur Simone de Beauvoir ou Léon Blum. Par exemple : « Ce qu’il faut bien avoir en tête, c’est que…  », cette cheville qui lui permet de ramasser les ­informations éclairant tel aspect de ses personnages. S’agissant du Barman du Ritz, s’il faut « bien avoir en tête » quelque chose, c’est notamment la proximité que l’auteur éprouve à l’égard de son modèle, Frank Meier (1884-1947), dont l’ont d’abord touché le parcours d’« ascension sociale », « l’arrachement à des racines sociales, religieuses et géographiques pour s’accomplir ».

Pour Philippe Collin, l’« arra­chement » géographique a eu lieu quand, à 23 ans, il a quitté Brest, où il est né en 1975 dans un « milieu modeste » (son père est sous-marinier) et où il a soutenu une maîtrise d’histoire, pour la capitale. La lecture de Paris est une fête, d’Ernest Hemingway (Gallimard, 1964), a fait naître en lui une « petite fascination » pour le Ritz. Il n’ose y mettre les pieds que le jour où une raison professionnelle lui en donne la « légitimité » : en 2002, alors qu’il vient d’entrer à France Inter, il doit y interviewer la chanteuse Yoko Ono.

De ce jour, il revient réguliè­rement au Bar Hemingway. Le bartender Colin Field, en poste de 1994 à 2023, lui parle de son prédécesseur, Frank Meier, fondateur du bar de l’hôtel en 1921. « Il avait créé là un monde extraordinaire d’élégance, de raffinement, de civilisation. Un endroit cosmopolite, où se retrouvaient des diplomates, des actrices, des écrivains… »

Philippe Collin commence des recherches sur Meier, né en Autriche dans une famille juive venue de Pologne, parti pour New York en 1898 où il est devenu un célèbre barman, avant de rentrer en Europe, de se faire un nom à Paris, de s’engager dans la Légion étrangère en 1914, de sortir vivant des combats puis d’être embauché par le Ritz. « Je me suis alors demandé ce qu’il avait fait entre 1940 et 1944. » Là, il découvre que l’hôtel ne fut pas contraint à la fermeture, au nom de la neutralité suisse – nationalité des propriétaires. Pendant les quatre années de l’Occupation, Frank Meier, petit-fils de rabbin, tint donc le bar où se retrouvait l’élite nazie en poste à Paris, à commencer par Hermann Göring.

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