« La violence politique aux Etats-Unis renvoie à une histoire de conquête et de prédation »

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L’attentat manqué contre Donald Trump, lors d’un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie, réactive la mémoire d’une longue histoire de violence politique aux Etats-Unis. Quatre présidents y ont été assassinés, en commençant par Abraham Lincoln à la fin de la guerre de Sécession [en 1865], mais seize autres ont été victimes de tentatives d’assassinat. Sans compter que cette violence a touché des candidats à la présidence, des juges à la Cour suprême, des élus au Congrès, des maires, des leaders politiques ou syndicaux. Ainsi, lorsque Joe Biden a déclaré, immédiatement après l’attentat, que « la violence politique n’a pas sa place aux Etats-Unis », on aimerait être d’accord avec lui, mais ce n’est pas ce que nous enseignent les faits.

L’atmosphère de cette campagne électorale hors norme, dans laquelle se présentent deux candidats âgés, impopulaires auprès d’une grande partie de leur électorat, et porteurs de visions antinomiques de la direction à donner au pays, était propice à l’irruption de violences.

Depuis l’assaut donné au Capitole, le 6 janvier 2021, la police, l’armée, le FBI se tiennent d’ailleurs en état d’alerte, craignant qu’une condamnation judiciaire de l’ancien président ou de nouveaux résultats d’élection contestés ne mettent une fois encore le feu aux poudres. C’est l’une des raisons qui a motivé la vague d’arrestations et de condamnations parfois lourdes des émeutiers du Capitole, les forces de l’ordre préférant voir, un temps au moins, les meneurs loin de leurs troupes et des réseaux sociaux qui amplifient leur rhétorique incendiaire.

Donald Trump lui-même, même s’il en a été cette fois la victime, est une figure qui attire et attise la violence. Habitué à faire huer ses opposants lors de ses meetings, il a fait campagne en 2016 sur la promesse d’expulser les migrants mexicains, désignés comme criminels et violeurs, et de faire coffrer Hillary Clinton. « Lock her up » (« enfermez-la ») est devenu l’un de ses slogans de prédilection, qu’il reprend aujourd’hui contre la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, ou d’autres femmes politiques démocrates. En 2017, lors d’affrontements à Charlottesville entre militants antifascistes et suprémacistes blancs, il avait tenu à déclarer qu’il y avait « des gens bien des deux côtés ».

En amont de l’élection présidentielle de 2020, lors des émeutes qui ont suivi le meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis, il prend parti pour les groupes d’autodéfense des quartiers blancs. Le couple d’avocats Mark et Patricia McCloskey, posant armes à la main devant leur maison, prêt à tirer sur les participants d’une marche du mouvement Black Lives Matter, devient la coqueluche de la convention républicaine à l’été 2020. Et si l’insurrection au Capitole avait l’allure d’un carnaval, elle a fait quatre morts, tandis que les émeutiers parfois lourdement armés, arborant des drapeaux confédérés, clamaient « Pendez Mike Pence ! ».

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