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La Tunisie de Kas Saed est bien en avance sur les Le Pen et Bardella

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Depuis la bombe de la dissolution lâchée par un Emmanuel Macron flambeur, la scène politique française ressemble à un champ de bataille. Déconfit aux européennes avec la montée de l’extrême droite, le président français a parié gros. Au vu des sondages, c’est toujours le Rassemblement national, héritier direct du FN de Jean-Marie Le Pen, qui caracole en tête. Jamais l’extrême droite n’a été aussi proche de Matignon.

Du côté de la Tunisie, il est bien intéressant de suivre ce qui se passe en France, surtout avec les débats et les polémiques suscités par les propositions du Rassemblement national concernant notamment la migration et les binationaux.

À certains égards, la Tunisie de Kaïs Saïed est bien « en avance » sur les Le Pen et Bardella à propos de ces sujets, et ce ne sont pas les fans du processus du 25-Juillet qui viendraient démentir cette affirmation. Ils sont là à applaudir les mesures annoncées par le RN. Ils sont là à justifier les démarches entreprises par le régime actuel en nous disant : « regardez, on n’est pas les seuls, les Français aussi se réveillent et font comme nous ». Dans leur logique populiste et fascisante, ils ont trouvé dans le RN leur pendant français et ils s’en réjouissent tout en narguant ces libéraux et ces gauchistes, des deux rives de la méditerranée, traitres à leur nation.   

Dans les propositions du Rassemblement national, c’est celle d’exclure les binationaux de certains emplois publics et sensibles qui a mis le feu aux poudres. Cette idée n’est pas nouvelle. Elle était portée depuis longtemps, sous une forme plus poussée, par la figure historique du Front national, Jean-Marie Le Pen et s’est retrouvée par la suite dans le programme de sa fille, fidèle à ce leg.

Marine Le Pen, lors de son opération d’édulcoration du parti paternel, avait renoncé à interdire catégoriquement la double nationalité. Néanmoins, elle a maintenu la volonté d’empêcher les binationaux d’accéder à certains emplois. Jordan Bardella a affirmé cette semaine que la liste de ces emplois sera définie par décret. Entre-temps, des figures du RN ont évoqué dans les médias les secteurs liés à la sécurité ou à la défense et même les postes ministériels qui doivent être détenus par des franco-français.

La polémique n’a eu de cesse d’enfler à quelques jours du scrutin. On accuse le RN de stigmatiser des millions de Français binationaux, on épingle la logique excluante et raciste d’une extrême droite qui différencie les Français en fonction de leur origine et de leur lieu de naissance, on lui reproche de fabriquer des citoyens de seconde zone, des demi-Français, etc.

« Non seulement vous faites le tri entre les Français et les étrangers, mais, maintenant, vous faites le tri entre les Français », avait cinglé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure lors d’un débat, estimant qu’avec la suppression du droit du sol, l’extrême droit revient en arrière sur des siècles d’histoire de France.

Climat très tendu donc autour de cette question de double nationalité, alors que des spécialistes affirment que cette mesure est anticonstitutionnelle.

C’est à la lumière de cette polémique, qu’on peut affirmer que le pouvoir tunisien est à des longueurs d’avance de ces débats. En Tunisie, par exemple, la préférence nationale est un fait établi et inscrit dans les lois. La question de la migration est tranchée. Le président de la République l’a dit, la Tunisie ne sera pas un pays d’établissement où des migrants viendraient s’installer dans le but de « changer la composition démographique » de la population et, par conséquent, la grand-remplacer. Le racisme et la xénophobie désinhibés et décomplexés ne choquent qu’une infime catégorie de gens. Les autorités, disposant pourtant d’une loi contre la discrimination raciale, laissent passer les discours haineux et fascistes sans bouger le petit doigt.

Et puis notre régime se trouve être précurseur dans cette histoire de binationaux. En septembre 2022, le président de la République avait promulgué une nouvelle loi électorale en prévision des législatives anticipées. Une loi qui exclut les binationaux de se porter candidats aux 151 circonscriptions en Tunisie. Dans les faits, tout électeur né de père et de mère tunisiens et n’ayant pas une autre nationalité peut se porter candidat pour les circonscriptions du territoire tunisien. Les binationaux, eux, ne peuvent se présenter qu’au niveau des circonscriptions de l’étranger au nombre de dix. Nos concitoyens titulaires d’une double nationalité ont été de ce fait déchus de leurs droits civiques. Le texte, à l’époque, avait provoqué un tollé dans le cercle restreint des médias et des activistes politiques et de la société civile. Aujourd’hui, c’est un fait accompli.

Autre aspect sur lequel notre régime dépasse les souhaits les plus refoulés d’un héritier du Front national, ce sont les conditions de candidature au poste de président de la République. Ainsi, un candidat à la présidentielle doit être obligatoirement « né de père et de mère, de grands-pères paternel et maternel, demeurés tous de nationalité tunisienne sans discontinuité » (article 89 de la constitution de 2022). Un Jordan Bardella n’aurait jamais, au grand jamais, pu aspirer être président un jour si cette condition s’appliquait en France. Quand je vous disais qu’on était en avance !

La pratique du souverainisme de la méfiance à l’égard de l’étranger, du migrant, du binational est un trait commun aux mouvances d’extrême droite. Qu’elles soient française, tunisienne ou d’ailleurs, toutes ces mouvances reposent sur des marqueurs idéologiques englobant des projets autoritaires, des tendances xénophobes et une rhétorique souvent populiste et réactionnaire exacerbant un dangereux nationalisme.

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